Marco Odermatt dispute ce lundi sa cinquième course en cinq jours. Un géant, encore un, du côté d'Alta Badia, après les épreuves de vitesse organisées la semaine dernière à Val Gardena. Pour lui, et son corps, ce marathon du ski représente le plus grand défi de sa carrière. Et il le fait savoir.
Ces derniers temps, «Odi» s'est exprimé à plusieurs reprises sur les choix de la Fédération internationale de ski (FIS). Celle-ci a ajouté une descente supplémentaire au programme de Val Gardena, pour compenser les nombreuses annulations du début de saison.
Pour le Nidwaldien, l'un des rares polyvalents du cirque blanc, le programme est forcément corsé. Lui-même le considère comme brutal. Et lorsque Michel Vion, secrétaire général de la FIS, a entendu les critiques du vainqueur du gros globe, il lui a recommandé de faire des impasses, comme le font les joueurs de tennis.
Ce conseil était la dernière chose qu'Odermatt voulait entendre. Sa réponse, en marge du géant de Val d'Isère, a été sans équivoque: les dirigeants du ski mondial sont des «clowns», qui depuis leur bureau, n'ont aucune idée de ce que ressentent les athlètes. Plus tard, il ajoutait qu'il ne savait pas ce que Vion avait fait auparavant. Et que si ce dernier avait couru pour le globe de cristal, il saurait qu'on ne peut pas se permettre de laisser passer une épreuve.
A Val Gardena, Michel Vion se tenait dans la raquette d'arrivée, réagissant aux critiques du Suisse. Le Français, champion du monde du combiné à Schladming en 1982 et vainqueur du combiné de Wengen en 1985, a commencé par rappeler qu'Odermatt est le meilleur skieur du monde, et qu'il faut évidemment l'écouter. Il a ensuite reconnu que les courses reprogrammées à Val Gardena et plus tard à Wengen ont rendu les choses compliquées pour les polyvalents comme Marco Odermatt, qui disputent trois, voire quatre disciplines.
Mais ces problèmes ne concernent qu'une poignée de skieurs, précise Michel Vion. Ils ne sont que trois à participer à autant de courses (réd: Odermatt, Kilde et Schwarz), «et malheureusement, nous ne pouvons pas prendre pour eux, des décisions qui pénalisent les autres». Tous les spécialistes de vitesse s'attendaient à ce que les courses annulées soient rattrapées.
Le secrétaire général de la FIS comprend les reproches de Marco Odermatt. Il sait que cinq courses d'affilée, c'est beaucoup trop. «La meilleure solution est qu'il en laisse tomber une ou deux», ajoute Vion, renouvelant ainsi le conseil qu'Odermatt ne voulait pas entendre.
Le champion suisse avait également critiqué le fait que la FIS ne prévoit pas de week-ends «libres» au sein de son calendrier. «D'accord», a répondu Michel Vion, «faisons deux week-ends libres, celui d'Adelboden et celui de Wengen». De par cette réponse ironique, le Français explique que tout le monde souhaite des congés, mais que personne ne veut céder son créneau. Il va jusqu'à évoquer une «guerre entre les fédérations nationales» - tout n'est pas à mettre sur le dos de la FIS.
Interrogé sur le fait qu'Odermatt voyait les dirigeants de la FIS, et donc Vion, comme des «clowns», le secrétaire de la fédération a d'abord botté en touche. Il a néanmoins tenu à se défendre: «Nous sommes des gens sérieux, nous connaissons notre métier». Il rappelle qu'il a présidé la Fédération française de ski pendant plusieurs années et qu'il a également travaillé pour diverses entreprises du monde du ski. Cela fait 45 ans qu'il est dans le milieu. Donc non, «ce ne sont pas des clowns» qui décident à la FIS, affirme l'homme de 64 ans.
Michel Vion le répète, en toute fin d'interview, Odermatt est un champion. «Parfois, il faut simplement réfléchir un peu avant de dire quelque chose, c'est tout», conclut-il.
Adaptation en français: Romuald Cachod.