Les fans de tennis sont nombreux à s'impatienter derrière leur TV quand Novak Djokovic fait rebondir une multitude de fois la balle avant de servir. Pareil avec Rafael Nadal, lorsque l'Espagnol réajustait son short, son t-shirt et ses cheveux (toujours dans cet ordre) avant d'engager.
Ces très longues secondes avant d'entamer un échange contribuent à tirer en longueur un match de tennis et à le rendre ennuyeux aux yeux de beaucoup. Mais c'est peut-être bientôt fini.
C'est en tout cas la volonté de l'Ultimate Tennis Showdown (UTS), le circuit parallèle créé par le Français Patrick Mouratoglou (ex-coach de Serena Williams, entre autres) pendant la pandémie de Covid-19 et qui ne cesse de se développer.
L'UTS le dit franchement: il veut révolutionner le tennis grâce à de nouvelles règles pour attirer un public jeune, car «les nouvelles générations ne veulent plus rester assises en silence pendant trois heures pour regarder un match de tennis; elles veulent des contenus plus rapides, plus intenses et prêts à consommer». Un exemple: les matchs se déroulent au chrono, en quart-temps de huit minutes, et le but est d'inscrire le maximum de points dans le temps imparti. Le joueur qui remporte trois quart-temps gagne la partie.
Une autre règle concerne justement le service, et elle a donné lieu à une scène aussi cocasse qu'inhabituelle samedi dans les arènes de Nîmes. On rembobine.
Dans le troisième quart-temps de la demi-finale, Casper Ruud vient d'égaliser à 11-11. Alors que son adversaire, Andrey Rublev, retourne tranquillement se placer pour retourner le prochain service, le Norvégien engage dans le dos du Russe et marque le point.
Car oui, à l'UTS, le serveur n'a pas besoin d'attendre que le relanceur soit prêt pour engager. Contrairement au tennis traditionnel, dont le règlement (celui de la fédération internationale) stipule:
Si cette scène avait eu lieu lors d'un match du circuit ATP ou en Grand Chelem, elle aurait abouti à un scandale: Rublev aurait sans doute été furax que Ruud n'ait pas attendu qu'il soit prêt, et le point aurait dû être rejoué.
Rien de tout ça samedi à Nîmes, où Rublev – conscient de la nouvelle règle – est allé se replacer de l'autre côté pour le prochain point, sans broncher. Le Russe sera d'autant plus vigilant lors du prochain événement UTS auquel il participera.
Casper Ruud, lui, n'a pu masquer un petit sourire après son ace plein de roublardise. Et quelques sifflets ont été entendus dans le public. Car oui, cette nouvelle règle brise les codes de gentlemen auxquels les amateurs de tennis sont si habitués. Mais c'est peut-être aussi le prix à payer pour dépoussiérer ce sport.