L'Arabie saoudite vient de réussir un nouveau tour de force. Elle accueillera Novak Djokovic et Rafael Nadal lors du 6 Kings Slam, un tournoi d'exhibition réunissant les meilleurs joueurs de la planète. Carlos Alcaraz, Jannik Sinner, Daniil Medvedev et Holger Rune seront également présents; tous tenteront de décrocher les 6 millions de dollars accordés au vainqueur.
Les exhibitions au Moyen-Orient, et plus particulièrement en Arabie Saoudite, sont devenues courantes ces dernières années. Au sein du royaume, il y a d'abord eu la Diriyah Tennis Cup. Puis la Riyadh Season Tennis Cup, un tournoi que nous avions évoqué chez watson.
Jusque-là, les événements ont toujours eu lieu l'hiver, entre la fin de saison et le début du nouvel exercice. Ce ne sera pas le cas avec le 6 Kings Slam, puisque la compétition sera disputée en octobre, à une période où les tournois ATP sont pourtant nombreux. D'où ce fameux tour de force.
Novak Djokovic, déjà présent en Arabie Saoudite le 27 décembre dernier (pour y affronter Carlos Alcaraz en exhibition), retrouvera donc les courts saoudiens dans quelques mois. Ce sera en revanche une première pour Rafa, mais celui-ci est déjà impliqué de près avec le royaume, puisqu'il est devenu il y a quelques semaines l'ambassadeur de la fédération saoudienne de tennis.
Roger Federer, lui, n'a pour l'heure aucun lien avec le pays. Durant sa carrière, il a davantage été associé à Dubaï. Le Suisse avait pour habitude d'y passer ses hivers, dans le but de préparer sa saison. Il a également remporté le tournoi de la ville à huit reprises. Soit deux titres de moins qu'à Bâle, et un chiffre similaire comparé à Wimbledon, un autre de ses jardins.
«Roger» possède plusieurs biens aux Emirats arabes unis. Tout le monde se souvient aussi de ses quelques coups de raquette échangés en haut du Burj Al Arab, en compagnie d'Andre Agassi. Sans avoir été intronisé, Federer a tout de même «été un grand ambassadeur pour Dubaï», estime Colm McLoughlin, CEO du Dubai Duty Free.
Le Bâlois pourrait-il, à l'avenir, être impliqué d'une manière ou d'une autre en Arabie saoudite? Oui, si l'on en croit les dires de son agent de longue date, l'Américain Tony Godsick. Comment? Via la Laver Cup, impulsée par le joueur depuis 2017, et courtisée par les Saoudiens.
La compétition, qui oppose la «Team Europe» au reste du monde, alterne actuellement entre le Vieux continent et l'Amérique du nord pour sa tenue chaque saison. Mais dans une interview vidéo accordée au Süddeutsche Zeitung, dans laquelle Federer et Godsick ont détaillé la prochaine édition de la Laver Cup, Tony Godsick a laissé entendre que la compétition pourrait, dans un avenir plus ou moins proche, se tourner vers l'Arabie saoudite.
Le pouvoir de Riyad cherche, depuis plusieurs années, à changer son image. D'ailleurs, beaucoup estiment que l'Arabie saoudite utilise le sport pour laver le traitement fait aux femmes, aux homosexuels ou aux dissidents. Godsick, lui, balaye cette stratégie, et voit plutôt un moyen de faire évoluer les choses, comme Nadal il y a quelques semaines.
La prochaine Laver Cup se tiendra en septembre prochain, à Berlin en Allemagne. A l'heure actuelle, personne ne sait encore où aura lieu la compétition l'année suivante. Une seule certitude: ce ne sera pas en Europe.
Le choix de ce pays pourrait néanmoins offrir à la Laver Cup un certain renouveau. Car si l'événement est un succès depuis ses débuts, l'édition 2023 n'est pas restée dans les annales du tennis. Sans Federer sur les courts, elle a même paru bien terne. Ne reste de ce tournoi que la très longue interview du Suisse devant des fans acquis à sa cause. Très loin des émotions de la saison précédente, lorsqu'il tapait une dernière fois la balle en compagnie de Rafael Nadal.
Si Roger Federer et son associé font le choix de l'Arabie saoudite, comme l'ATP avec son «Masters des jeunes» l'an dernier, les deux hommes seraient alors placés sous le feu des critiques. A l'image de Rafael Nadal et Novak Djokovic avant eux.