Les dirigeants d'un petit club vaudois de tennis ont fait la grimace un matin de juillet dernier en ouvrant leur boîte mail. La faute à un message de Swiss Tennis les invitant à s'acquitter d'une amende de 1000 francs.
La raison? L'une de ses équipes masculines ne s'est pas présentée à une rencontre d'Interclubs de 2ème ligue (5ème division) en juin à l'extérieur – un match de barrage contre la relégation – faute d'un nombre de joueurs suffisants (réd: une rencontre comporte six simples et trois doubles, il faut donc au minimum quatre joueurs pour espérer la remporter). Le capitaine avait pourtant suivi à la lettre le règlement de Swiss Tennis, qui oblige l'équipe forfait à avertir son adversaire au moins 36 heures à l'avance.
«Avant de déclarer forfait et de prévenir l'adversaire et Swiss Tennis, on a bien lu avec mes coéquipiers le règlement, histoire d'être sûrs de ne pas recevoir d'amende», rembobine le capitaine. Problème: ils ne saisissent pas une subtilité de l'article en question, qui explique qu'une amende sera de toute façon distribuée même si les délais pour déclarer forfait sont respectés:
Même si le capitaine de l'équipe vaudoise reconnaît après coup une erreur de compréhension de sa part, il reste un problème, qui va au-delà du simple cas de ce petit club d'environ 300 membres et quatre terrains. «Ce règlement de Swiss Tennis incite à tricher», déplore en chœur les responsables du club.
Autrement dit: l'honnêteté n'est pas récompensée. Au contraire.
Et il y a fort à parier qu'en cas de triche, l'organisation faîtière n'y aurait vu que du feu: elle n'envoie pas ses employés pour contrôler que les matchs d'Interclubs amateurs se déroulent comme prévu. «Il nous est impossible d’aller contrôler plus de 2000 rencontres d’Interclubs par week-end», reconnaît-elle. Alors elle «fait confiance à [ses] membres tout en comptant sur leur honnêteté». Mais Swiss Tennis ne fait pas pour autant preuve de naïveté:
Ces sanctions ne sont pas précisées dans le règlement. Quant à savoir si celui-ci sera modifié pour éviter la tentation de tricher, la réponse de Swiss Tennis reste floue: «Chaque année, nous remettons en question certains règlements et évaluons la nécessité d’adapter ou de réviser certains de leurs articles. Il nous est important que les règlements vivent dans leur ère et qu’ils soient à jour.»
Pas de quoi, sans doute, apaiser les responsables de ce club vaudois, toujours en discussion avec Swiss Tennis. Même avec deux mois de recul, ils estiment cette amende «très sévère».
Un argument balayé par Swiss Tennis, qui pointe les désavantages d'un forfait – quelle qu'en soit la cause – pour l'adversaire:
Et quid du montant de l'amende (1000 francs), jugé «disproportionné» par le club vaudois? «Il y a quelques années, lorsque cette amende était encore plus basse, nous avons souvent vécu la situation où les équipes préféraient payer une amende (en la répartissant sur les joueurs), plutôt que de tout essayer de mettre en œuvre pour trouver assez d’adversaires au sein du club pour jouer la rencontre», rétorque Swiss Tennis.
A travers la position de la fédération, on peut deviner qu'elle n'a aucune intention de retirer l'amende. On ne peut que conseiller à ce club épinglé de ne pas engager les fantasques (et parfois très vulgaires) Benoît Paire, Fabio Fognini ou Nick Kyrgios la saison prochaine en Interclubs, s'il veut éviter de nouvelles prunes...