Toutes les villes, communes et administrations de Suisse doivent faire preuve de vigilance et signaler à la police les éventuelles festivités de la diaspora érythréenne. Voici la missive adressée par la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP) aux administrations du pays.
La lettre, datée du 17 avril 2024, avait pour toile de fond un nouvel appel à la violence contre des personnes critiques à l'égard du régime érythréen et réfugiées en Suisse, qui voulaient s'opposer à la glorification de la dictature dans leur pays.
La semaine passée, l'ambassadeur d'Erythrée s'est fendu d'une réponse courroucée. Il se dit consterné par le contenu provocateur de la lettre des autorités cantonales de sécurité. Pour lui, il s'agit d'une profanation pure et simple du jour férié:
«L'ambassade d'Erythrée demande le retrait immédiat de cette lettre», peut-on également lire dans le document officiel de l'ambassade à Genève.
La Conférence des directeurs cantonaux de police a pris connaissance de la lettre de l'ambassade d'Erythrée. Interrogé, le secrétaire général de la CCDJP, Florian Düblin, ne souhaite toutefois pas commenter la critique de l'avertissement public.
Ces dernières semaines, les affrontements entre les partisans du régime et les opposants érythréens ont même interpellé le Conseil fédéral. Beat Jans a lancé un appel aux personnes originaires d'Erythrée en Suisse:
Ceci après que de graves affrontements aient eu lieu à plusieurs reprises ces derniers mois lors de fêtes organisées par la diaspora, au cours desquels des policiers ont également été blessés.
Si l'ambassade condamne les affrontements de ces derniers mois, elle rejette la faute sur les opposants au régime:
L'ambassade écrit toutefois qu'il n'est en aucun cas justifiable d'empêcher les Erythréens respectueux de la loi helvétique de célébrer pacifiquement leur fête nationale à cause du comportement illégal de certains opposants. Le courrier de réponse ne précise cependant pas que des personnes en uniforme militaire et armées de fusils d'assaut AK-47 ont récemment été repérées lors des fêtes «pacifiques» en Suisse.
Les experts craignent que la fête nationale de l'Erythrée fin mai ne donne lieu à de graves affrontements entre membres de la diaspora. Des vidéos d'appels à la violence sont postées et partagées chaque semaine sur les réseaux sociaux.
Un mouvement de résistance contre le régime dictatorial érythréen, qui se forme depuis la Suisse, pourrait être à l'origine de cette situation. De plus en plus de personnes en fuite veulent se débarrasser de l'influence du dictateur en Suisse. L'ambassade d'Erythrée n'a pas pu être jointe pour une prise de position.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)