L'Office fédéral de l'agriculture soutient des organisations telles que Swissmilk ou Proviande à hauteur de près de 40 millions de francs par an. Avec cette soi-disant promotion des ventes de lait ou de viande d'origine suisse, ces organisations interprofessionnelles tentent de stimuler le chiffre d'affaires des agriculteurs locaux, fortement orientés vers l'élevage.
Cette promotion est depuis longtemps une épine dans le pied des écologistes. «Les produits animaux en tant qu'aliments polluent davantage l'environnement que les aliments végétaux», écrit Greenpeace Suisse dans une pétition lancée mercredi. Dans cette pétition, l'organisation ne demande pas seulement la fin de la promotion des produits animaux, mais aussi une interdiction générale de la publicité, y compris pour l'ensemble du commerce de détail.
A l'avenir, Greenpeace veut même interdire le sponsoring des producteurs de lait et de viande «lors de manifestations publiques, dans des lieux publics, dans des magazines d'information et autres brochures». Serait également concerné le «travail de lobbying dans les écoles», notamment le matériel pédagogique comme les boîtes à goûter que les organisations sectorielles comme Swissmilk mettent à la disposition des enfants.
Greenpeace justifie sa demande ultime par le fait que la publicité pour la viande, le lait et les œufs est manipulatrice. L'organisation environnementale étaye ses reproches par une étude publiée le même jour. Pour cette dernière, 600 publicités diffusées entre 2018 et 2019 par de grands distributeurs et des organisations de producteurs ont été analysées.
L'étude commandée par l'association conclut qu'ils utilisent des images de nature intacte, d'agriculture traditionnelle et de traditions suisses. Au vu des réalités de l'élevage en Suisse, c'est trompeur, critique Greenpeace. Elle se dit particulièrement choquée par le fait que les grands distributeurs utilisent une image écologique.
Selon le communiqué, la publicité aborde directement les préoccupations écologiques ou de protection des animaux et les déforment pour en faire une affirmation: «Consommer du lait ou de la viande suisses, c'est protéger la nature». Mais Alexandra Gavilano, experte en nutrition de Greenpeace, affirme le contraire:
Des exceptions à l'interdiction de la publicité pour les produits d'origine animale ne devraient exister que pour les «producteurs pratiquant la vente directe», explique la porte-parole de Greenpeace Michelle Sandmeier à CH Media. Les fermes pourraient donc continuer à faire de la publicité pour leurs produits, tout comme le boucher du village. Uniquement les grands distributeurs seraient concernés tels que Migros, Coop, Denner, Aldi ou Lidl.
Cette demande n'est pas nouvelle. En 2021, la conseillère nationale zurichoise Meret Schneider (Verts) a par exemple déposé un postulat similaire, sur la publicité et les actions concernant les produits qui vont à l'encontre des objectifs de la stratégie alimentaire de la Confédération. Elle avait notamment en ligne de mire la publicité pour la viande d'outre-mer.
En 2019, l'association végane SwissVeg avait demandé dans une lettre adressée à la Commission de gestion du Conseil national que plus aucun fonds public ne soit alloué à la publicité pour la viande. Beat Jans, alors conseiller national PS bâlois, avait déjà porté le sujet sur le devant de la scène politique en 2015 par le biais d'une interpellation. Il y suggérait que la publicité pour la viande subventionnée par l'Etat ne devait plus concerner que la production écologiquement exemplaire. Mais sans succès.
La nouvelle pétition de Greenpeace confirme les craintes des producteurs de viande. Ils se voient de plus en plus dans le collimateur du mouvement climatique. «Certains parlent de la viande comme s'il s'agissait de cigarettes», a déclaré Mike Egger, conseiller national UDC, en réaction à une demande des Verts de prendre des mesures pour réduire la consommation de viande. Cela ne rend pas justice à l'agriculture suisse. «L'élevage de masse tel qu'il est pratiqué dans l'UE n'existe pas chez nous», a-t-il expliqué.
L'association interprofessionnelle Proviande indique en outre depuis longtemps qu'elle est favorable à une consommation modérée. «Nous soutenons nous aussi les recommandations de la pyramide alimentaire, et donc une consommation modérée de viande», a déclaré par exemple Regula Kennel, responsable du développement des entreprises chez Proviande.
Traduit et adapté de l'allemand par sia