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Le sol du potager de la Suisse «se dissout dans l'air»

Le sol du potager de la Suisse «se dissout littéralement dans l'air»

La nature devrait bénéficier de plus de place en Suisse, sans que la production agricole ne diminue pour autant. C'est l'objectif du projet lancé par cinq organisations environnementales, «Vision 2050».
26.08.2023, 11:2826.08.2023, 11:52
Maja Briner / ch media
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Plus d'un quart des légumes cultivés en Suisse proviennent du Grand Marais dans le Seeland, volontiers appelé le «potager de la Suisse». Cette région autrefois marécageuse autour des lacs de Neuchâtel, de Bienne et de Morat est devenue une zone de champs fertiles grâce aux corrections des eaux du Jura.

Mais cela a laissé des traces. «Le sol du Pays des Trois-Lacs se dissout littéralement dans l'air», peut-on lire dans un rapport publié jeudi par cinq organisations environnementales. Le sol tourbeux s'affaisse. Et ce n'est qu'un problème parmi d'autres: eau potable polluée, cours d'eau aménagés et recul de la biodiversité et de la monoculture.

En bref, l'exploitation actuelle mène à une impasse, affirment Pro Natura, BirdLife Suisse, la Fédération suisse de pêche, la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage et le WWF.

Ces cinq organisations ont donc élaboré la «Vision 3-Seen-Land 2050». Celle-ci doit donner des pistes pour l'avenir de la région et montrer en même temps la voie à suivre au niveau national. David Bittner, directeur de la fédération de pêche, a résumé la vision très simplement: il faut plus de vert et plus de bleu - donc plus de place pour la nature et les cours d'eau.

Vision 3-Seen-Land 2050
Le projet «Vision 3-Seen-Land 2050».Image: aargauerzeitung

L'image trompeuse du «potager de la Suisse»

Concrètement, cela signifie que les ruisseaux et les rivières doivent être revitalisés et que les anciens marais doivent être restaurés. Il y a suffisamment de surface pour cela, affirment les cinq organisations environnementales. En effet, l'image du «potager de la Suisse» est selon elles erronée: seuls 6% de la surface agricole sont consacrés aux cultures maraîchères, la culture du maïs et d'autres plantes fourragères étant beaucoup plus présente.

«Nous utilisons les sols les plus précieux pour cultiver des fourrages pour animaux»
Marcel Liner de Pro Natura.

«Ce n'est plus dans l’air du temps», ajoute-t-il. Si la consommation et la production de viande diminuaient, beaucoup de terres arables seraient libérées. La tendance sociale va dans ce sens.

Le rapport de synthèse de «Vision 3-Seen-Land 2050» mentionne un objectif concret: le nombre d'animaux de rente doit être réduit d'environ 80%, une exigence ambitieuse. Une deuxième tendance, la lutte contre le gaspillage alimentaire, doit permettre de libérer encore plus de terres arables. Il s'agit ainsi de créer plus d'espace pour la nature, sans que la production n'en souffre.

«Vision 3-Seen-Land 2050»
Vue sur les plaines de la Broye à Avenches.Image: aargauerzeitung

Il ne s'agit pas de se mettre les paysans à dos, soulignent les organisations environnementales lors de la présentation de leur vision, qui souhaitent davantage collaborer avec le monde agricole. Toutefois, l'Union suisse des paysans ne voit pas tout cela d'un bon œil. Selon elle, les approches des organisations environnementales sont «extrêmes».

«Elles affaiblissent la sécurité de l'approvisionnement et continuent de déplacer notre empreinte écologique à l'étranger»

«Les organisations environnementales doivent garder à l'esprit le fait que les exploitations agricoles cultivent plus que des légumes dans le Seeland», explique Sandra Helfenstein, porte-parole de l'Union suisse des paysans. Elle poursuit:

«Les exploitations agricoles ont tout intérêt à ce que les sols restent fertiles»
Sandra Helfenstein, porte-parole de l'Union suisse des paysans.

Pour cela, les agriculteurs améliorent continuellement leurs méthodes et techniques de culture. De plus, une rotation diversifiée des cultures est indispensable pour préserver les sols et prévenir les maladies et les parasites.

Traduit de l'allemand par Anne Castella

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