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Voici les revendications des agriculteurs suisses en colère

Voici les revendications des agriculteurs suisses en colère
Manifestation paysanne, Genève, 4 février 2023. Médaillon: Arnaud Rochat, porte-parole de la Révolte agricole suisse. image: keystone

Voici les revendications des agriculteurs suisses en colère

Huit revendications ont été déposées lundi à Berne auprès de l'Office fédéral de l'agriculture par une délégation de la Révolte agricole suisse. Explications.
13.03.2024, 12:4814.03.2024, 13:11
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La pression des agriculteurs suisses sur les autorités reste forte. Lundi, une délégation de la Révolte agricole suisse a rencontré le directeur de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), Christian Hofer, ainsi qu’un groupe de quinze parlementaires. Seize agriculteurs de la jeune génération, quatorze Romands, deux Suisses alémaniques composaient la délégation paysanne.

La réunion s’est tenue dans une salle du Palais fédéral «entre 11h30 et 14h30, avec une pause lunch», raconte Francis Egger, le vice-président de l’Union suisse des paysans (USP), à l’initiative de cette rencontre, à laquelle il assistait.

«Moi, j’ai 63 ans, je suis ingénieur agronome de formation, c’est important que les jeunes puissent faire entendre leurs doléances»
Francis Egger, vice-président de l’USP

Emmenée par son porte-parole Arnaud Rochat, 23 ans, agriculteur à Bavois, dans le Nord-Vaudois, la délégation a fait part de huit revendications au directeur de l’OFAG. Certaines ont une portée générale, d’autres sont plus précises. Les voici:

  1. Plus de stabilité pour la politique agricole.
  2. Diminuer les charges administratives et simplifier les contrôles.
  3. Abandonner les 3,5 % supplémentaires de surface de promotion de la biodiversité.
  4. Renoncer à l’introduction de DIGIFLUX (réd: une plateforme numérique qui, dès 2025, obligera les agriculteurs à déclarer l’utilisation de produits phytosanitaires, d’éléments fertilisants et d'aliments pour animaux, tels des compléments protéinés destinés aux vaches).
  5. Promouvoir la production de denrées alimentaires et renoncer à de nouvelles mesures d’extensification de la production (réd: refus de l'augmentation des surfaces dédiées à la biodiversité).
  6. Augmenter les prix de 5 à 10% pour un travail rémunérateur (réd: les prix en magasin).
  7. Adapter l’application des mesures liées aux pendillards (réd: le pendillard est un nouvel outil permettant de limiter les projections de lisier lors des épandages, or tous les terrains ne conviennent pas à son utilisation).
  8. Conserver des moyens de lutte efficaces contre les maladies et ravageurs dans un contexte climatique en pleine évolution et garantir des médicaments vétérinaires adaptés et innovants garantissant le bien-être animal.

La délégation de la Révolte agricole suisse exige une réponse de l’OFAG dans un délai d’un mois. Elle demande par ailleurs aux «parlementaires soutenant l’agriculture, quel que soit leur parti» de porter ces revendications. Elle souhaite voir émerger des mesures allant dans son sens à la rentrée politique de septembre. Les jeunes agriculteurs n'excluent pas de se faire entendre plus bruyamment qu'ils ne l'ont fait jusqu'à présent s'ils n'obtiennent pas satisfaction. Ces deux derniers mois, ils ont mené des actions spectaculaires sous forme, entre autres, de rassemblements de plusieurs centaines de tracteurs.

La Révolte agricole suisse est à l’origine un groupe Facebook comptant aujourd'hui 8800 participants. Il a été créé fin janvier dans le sillage de la colère des agriculteurs européens, français en particulier. Arnaud Rochat en est le concepteur.

«Nous, les jeunes agriculteurs, ne voulons plus vivre dans le système actuel. Nous sommes confrontés à trop de contraintes dans notre métier, qui ne nous permet pas de dégager un revenu digne. Nous voulons pouvoir vivre du produit de notre travail et ne pas être à ce point dépendants des paiements directs.»
Arnaud Rochat.

Les 5 à 10% d'augmentation des prix des produits alimentaires en magasin doivent être compris comme une proposition de compromis. «Dans l'idéal, nous souhaiterions que cette augmentation aille progressivement jusqu'à 20%, sans que cela pèse en priorité sur le porte-monnaie des consommateurs, mais plutôt sur les marges des distributeurs.»

Les revendications déposées lundi à Berne sont-elles toutes réalistes? Commentaire d'un observateur averti du monde agricole suisse:

«Il y a sans doute un peu de naïveté dans la jeune génération paysanne, mais la naïveté n'est pas un défaut»
Attaque contre le grenier à blé: «Les Russes brûlent notre pain».
Video: watson
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