Lorsqu'il a pris le poste en 2012, Michael Brändle a déclaré:
Comment décrirait-il le poste aujourd'hui, après avoir assuré les arrières d'Alain Berset pendant douze ans?
Michael Brändle est assis à la terrasse du «Solheure» devant un espresso. Avec la démission d'Alain Berset, il a, lui aussi, terminé son «mandat» à Berne. Et même s'il décrit cette période comme incroyablement passionnante, il n'est pas mécontent de pouvoir se reposer un peu. Les années de pandémie ont été particulièrement intenses.
Toutefois, il a déjà repris du service. Depuis cette année, il est président de la fondation culturelle Pro Helvetia. En plus de ce mandat, il souhaite s'engager dans le conseil politique au cours de l'année.
Mais en quoi consistait exactement son travail? Que fait un collaborateur personnel d'un conseiller fédéral? C'est très variable, confie Michael Brändle. C'est le conseiller fédéral qui en décide. Certains collaborateurs personnels organisent les voyages, écrivent des discours, sont responsables des contacts avec le parti et les personnes extérieures. Et d'autres encore sont avant tout des conseillers politiques.
C'était le rôle de Michael Brändle. Une tâche taillée sur mesure pour ce docteur en sciences politiques et ancien conseiller municipal PS à Soleure. Il a commencé comme collaborateur scientifique à la Chancellerie fédérale avant de devenir conseiller spécialisé auprès de Micheline Calmy-Rey. Il y a entretenu des contacts avec le groupe parlementaire du PS au Parlement fédéral. En 2003, il a fait la connaissance d'Alain Berset, nouvellement élu conseiller aux Etats fribourgeois.
Le courant est manifestement passé, non seulement sur le plan humain, mais aussi sur le plan politique. Même lorsque Michael Brändle est passé à la Suva, le contact n'a jamais été rompu. Lorsque Alain Berset a finalement été élu au Conseil fédéral, le Soleurois est retourné à Berne.
Le département de l'Intérieur, dont Alain Berset a pris la tête, est composé de neuf offices fédéraux compétents pour les thèmes les plus divers et compte des milliers de collaborateurs.
Ils ont opté pour une organisation en équipe, avec des responsabilités bien définies. Michael Brändle était principalement responsable des dossiers des assurances sociales et de la culture.
Dans cette fonction, il a travaillé intensivement sur différents dossiers au fil des ans. Le plus gros morceau, sur lequel il a œuvré pendant près de six ans: le projet Prévoyance vieillesse 2020. Après des années de travail, le projet a été rejeté dans les urnes en 2017. Et ça le préoccupe encore aujourd'hui, dit-il:
Si le projet avait été adopté, de nombreux problèmes seraient aujourd'hui résolus, il en est convaincu. «Et cela nous coûterait beaucoup moins cher.»
Il fait ainsi allusion à la 13ᵉ rente AVS, qui a été récemment acceptée. Michael Brändle a également participé à la préparation de cette votation. Le Conseil fédéral avait recommandé de rejeter le projet sans contre-projet.
Qu'est-ce qui a motivé cette décision?
La prévoyance vieillesse était le cheval de bataille de Michael Brändle. Mais ce sont les années de pandémie qui ont été les plus intenses. «C'était une période très impressionnante, mais très éprouvante», dit-il. Lorsqu'il regarde en arrière aujourd'hui, il s'étonne parfois lui-même de la manière dont ils ont réussi à faire des journées de 12 heures pendant des mois. A une époque où personne ne savait combien de temps durerait la crise.
Les premiers mois l'ont particulièrement marqué. «C'était comme une avalanche qui nous tombait dessus.» En janvier 2020, on savait que le virus se propageait en Chine. Dès la mi-février, il était clair que cela devenait sérieux. Et lorsque les premières contaminations ont été détectées en Italie, ce n'était plus qu'une question de jours avant qu'il ne soit en Suisse.
En mars, le nombre de cas a augmenté et les premières personnes sont décédées en Suisse.
Le 16 mars 2020 a suivi le moment le plus décisif de la pandémie: le Conseil fédéral a tout stoppé. Même les écoles ont été fermées. Cela n'était pas vraiment prévu:
Le soir du 15 mars, une dernière réunion a eu lieu avant la décision. Pendant celle-ci, des conseillers d'Etat de différents cantons ont annoncé par SMS qu'ils allaient avoir des difficultés. Les parents refuseraient d'envoyer leurs enfants à l'école. Certaines écoles auraient même fermé d'elles-mêmes. Pratiquement au même moment, des informations arrivaient de l'étranger: L'Allemagne, l'Autriche et la France venaient de fermer leurs écoles. Tout cela s'est passé en 90 minutes.
Rétrospectivement, on peut dire que les fermetures d'écoles n'étaient pas nécessaires. C'est aussi l'avis de Michael Brändle. Mais avec le recul, on est toujours plus intelligent:
En été 2020, la pandémie est ensuite devenue politique. Les premières accusations de dictature à l'encontre d'Alain Berset ont été formulées:
Alors qu'auparavant un conseiller fédéral pouvait sans problème traverser la Suisse seul en train, Alain Berset ainsi que sa famille ont dû être placés sous protection personnelle 24 heures sur 24. Les e-mails et les lettres anonymes contenant des menaces de mort se sont multipliés. «Il y avait une agressivité extraordinaire.» A cela s'ajoutaient des attaques de plus en plus fréquentes de la part des médias.
Durant cette période, le conseiller a été particulièrement sollicité. Il aurait passé son temps au téléphone, essayant au mieux d'expliquer son propre travail, de classer les décisions.
Comment explique-t-il cette évolution?
Cette envie de vouloir tout prévoir dans les moindres détails serait peu compatible avec le sentiment d'insécurité.
Que lui reste-t-il de cette période en tant que proche collaborateur d'un conseiller fédéral? Outre la gestion de la pandémie et de projets exigeants, surtout de nombreuses rencontres et contacts passionnants: Michael Brändle se souvient de jam-sessions en Afrique, de ses rencontres avec Trump ou Macron, à Davos ou Berne. Et une constatation simple qui permet de relativiser les différences entre les hommes et les nations:
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)