On a encore de la peine à y croire. Mercredi, Alain Berset et Ignazio Cassis sont venus annoncer une bonne nouvelle aux Suisses: il est temps de lever les restrictions. Le télétravail et la quarantaine contact, c'est fini en Suisse. Et les autres mesures vont suivre dès le 16 février, après consultation des cantons. Reste à définir à quel rythme. Dans les prochaines semaines, nous allons donc pouvoir dire au revoir au certificat Covid et au masque à l'intérieur.
Des décisions réjouissantes forcément accueillies avec plaisir par la population et les milieux économiques. Avec un espoir: que la crise Covid soit derrière nous dès le printemps. Mais ce virus nous a appris à être méfiants depuis deux ans, comme le rappelait la psychologue Patricia Failletaz, dans une interview ce mardi.
Une petite voix dans notre tête ne peut donc s'empêcher de se demander: qu'est-ce qui va encore nous tomber sur la tête? Interrogés sur la fin de la pandémie mardi, vous étiez d'ailleurs 54% à nous répondre: «Vous croyez vraiment qu'on va s'en sortir aussi facilement? J'attends le prochain variant...».
Alors, sans remettre en cause le soulagement actuel, voici trois scénarios qui pourraient venir gâcher notre bonheur ces prochains mois.
La première possibilité n'est pas directement liée au coronavirus. «Après deux ans de protection contre le Covid, forcément, notre immunité naturelle contre les autres virus a chuté. Quand on va relâcher les mesures, la grippe va faire son retour», pose Didier Trono, virologue à l'EPFL. Ainsi, davantage de gens seront malades l'hiver prochain et ceux qui sont à risque finiront à l'hôpital.
Infectiologue et président de la société de médecine de Suisse romande, Philippe Eggimann approuve: «Les spécialistes de la grippe tirent la sonnette d'alarme depuis six mois.» Sa crainte? Une pandémie de grippe face à laquelle le vaccin proposé ne serait pas efficace.
En effet, la formule du sérum est adaptée chaque année à partir de quatre souches de virus, sélectionnées en analysant la circulation de l'hiver précédent. «Le problème, c'est que le prochain vaccin sera forcément moins précis que d'habitude parce que la grippe a très peu circulé depuis deux ans», analyse l'infectiologue.
Et Philippe Eggimann d'esquisser l'improbable scénario du pire, une double pandémie l'hiver prochain:
Autre éventualité qui pourrait venir gâcher la fête, une forte baisse de l'immunité offerte par l'infection à Omicron. «Ce variant n'est apparu que fin novembre, on ne sait pas du tout quelle immunité il va donner», pointe Didier Trono. Le nouveau variant étant «exotique», son immunité a de bonnes chances d'être peu efficace contre des variants qui ressemblent davantage à la souche originale, selon le virologue. Il explique:
A ses yeux, il est donc important de monitorer l'immunité de la population pour s'assurer que nous soyons toujours suffisamment protégés. «Et nous devons garder en tête que nous avons une arme efficace, en tout cas contre les formes graves: le vaccin.»
«Le scénario catastrophe, ce serait forcément l'apparition d'un nouveau variant qui aurait la capacité d'échapper à l'immunité conférée par le vaccin ou l'infection. D'autant plus s'il induit des maladies graves», rappelle Didier Trono. Selon lui, en se basant sur la fréquence d'apparition des anciens variants préoccupants, il existe des chances non négligeables qu'une nouvelle version du Covid surgisse.
Si on observe les évolutions précédentes, un aspect peut toutefois s'avérer rassurant. «C'est un peu toujours les mêmes mutations qui reviennent, ce qui peut laisser espérer qu'il n'a plus beaucoup de tours dans son sac.» A l'inverse, le virologue se méfie d'un scénario bien particulier: «Si le virus retourne dans la population animale et qu'il mute, il se pourrait qu'il revienne chez l'homme sous une forme tellement modifiée que notre immunité ne le reconnaîtrait plus.»
Philippe Eggimann s'inquiète lui aussi de l'apparition d'un nouveau variant. «On a vu avec Omicron que cela pouvait arriver extrêmement rapidement. On peut se retrouver avec un rebond de la pandémie à l'automne prochain.» Il ajoute: