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Réchauffement climatique: La Suisse veut enfin agir

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Comment la Suisse veut (enfin) agir contre le réchauffement climatique

FILE --Parts of the ice of the Corvatsch glacier are covered with a tarpaulin, near Samedan, Switzerland, Monday, Sept. 5, 2022. Glaciologists have stopped their program to measure the glacier. The de ...
Le glacier Corvatsch, le 5 septembre 2022. Les glaciologues ont arrêté leur programme de mesure du glacier.Image: sda
Les conséquences du réchauffement climatique n'ont jamais été aussi visibles que l'année dernière. Désormais, l'urgence d'agir s'impose aussi dans l'agenda politique suisse.
03.01.2023, 16:46
Stephanie Schnydrig, Chiara Stäheli / ch media
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L'été dernier, la Suisse a souffert de la chaleur comme jamais auparavant. 2022 a été le deuxième été le plus chaud depuis le début des observations en 1864. L'été a été marqué par des vagues de chaleur et un manque massif de pluie sur une longue période. Les glaciers ont fondu de manière inédite.

En automne, le mercure a continué à afficher des températures bien supérieures à la moyenne. Selon les calculs actuels, la température à l'échelle nationale sur toute l'année devrait atteindre 7,4 degrés, soit de loin la valeur la plus élevée depuis le début des observations. La forte tendance au réchauffement de ces dernières années s'est donc poursuivie en 2022.

Des conséquences dramatiques

Les conséquences du réchauffement climatique sont de plus en plus perceptibles, et pas seulement en Suisse.

Dans toute l'Europe, la chaleur record de l'été a entraîné plus de 24 000 décès liés à la chaleur et la saison des incendies la plus grave jamais enregistrée. Certaines parties de la Chine et de l'Amérique du Nord ont également connu de violentes vagues de chaleur et des sécheresses.

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Au Pakistan, des inondations dévastatrices ont submergé un tiers de la surface totale du pays.Image: sda

Nombre de ces événements extrêmes n'auraient pas été aussi violents sans le réchauffement climatique. Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), ces phénomènes météorologiques extrêmes seront de plus en plus fréquents et intenses à l'avenir.

Des milliards de dollars de dommages

Le réchauffement climatique coûte cher. Quelques exemples sont parlants. Les inondations au Pakistan ont causé à elles seules 40 milliards de dollars de dommages. Les vagues de chaleur en Europe ont coûté plus de 10 milliards et l'ouragan Ian, qui a dévasté la Floride et la Caroline du Sud, a entraîné des pertes de 100 milliards de dollars, selon les calculs des spécialistes en modélisation de risques de la société RMS.

Les scientifiques avertissent depuis un certain temps que ne rien faire contre le changement climatique sera de toute façon plus coûteux que de prendre des mesures coûteuses dès maintenant.

Aucun changement de trajectoire en vue

Même si l'impact environnemental fait désormais partie des préoccupations majeures des Suisses, comme l'a révélé le Baromètre des préoccupations 2022 du Credit Suisse, rien à voir encore avec la pandémie de Covid-19 qui est devenue «un problème quotidien».

Aujourd'hui, plus personne ne conteste qu'une réduction du réchauffement climatique à 1,5 degré permettrait d'éviter de nombreuses souffrances à l'avenir. Malgré cela, les émissions de CO2 continuent d'augmenter. Pas de changement à l'horizon. Il faudrait pourtant que les émissions diminuent de moitié d'ici 2030 pour que l'objectif de 1,5 degré fixé à Paris reste d'actualité. Actuellement, le monde se dirige vers un réchauffement d'environ 2,5 degrés d'ici la fin du siècle.

Au vu des événements et des développements, la conférence mondiale sur le climat qui s'est tenue à Charm el-Cheikh en Egypte en novembre dernier s'est achevée sur une note décourageante et extrêmement décevante.

La communauté internationale a certes décidé de créer un nouveau fonds destiné à aider les pays les plus vulnérables à faire face aux dommages et aux pertes liés au changement climatique. Cependant, le document final de la conférence ne mentionne pas du tout la fin du pétrole et du gaz, pourtant indispensable pour atteindre les objectifs climatiques.

Un résultat loin de satisfaire la Suisse, et notamment le chef de la délégation, Franz Perrez: «Nous aurions clairement souhaité des objectifs plus ambitieux pour la protection du climat», a-t-il affirmé dans une interview accordée à CH Media

Et la Suisse, dans tout ça?

Si elle veut contribuer à l'atténuation du réchauffement climatique, la Suisse doit apporter des améliorations urgentes de son côté. Les scientifiques du projet Climate Action Tracker attribuent le label «insuffisant» aux objectifs, à la politique et au financement climatiques actuels de la Suisse.

Tous les espoirs reposent désormais dans un nouvel élan de la politique climatique de la Suisse. En 2023, elle ne devrait pas rester inactive en la matière.

Plusieurs projets sont en cours

Après le rejet par le peuple de la loi révisée sur le CO2 en juin 2021, le Conseil fédéral a dû à nouveau se pencher sur la principale loi relative à la protection du climat. L'automne dernier, il a adopté un message dans lequel il montre comment la Suisse peut réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à 1990. Dès la mi-janvier, la commission de l'environnement du Conseil des Etats se penchera une première fois sur la proposition du Conseil fédéral.

Le projet entend renoncer à de nouvelles taxes ou à des taxes plus élevées. En lieu et place, le Conseil fédéral mise sur des incitations: entre 2025 et 2030, plus de 4 milliards de francs devraient être consacrés, entre autres:

  • Au remplacement des chauffages fossiles.
  • A l'extension des réseaux de chauffage urbain.
  • A l'achat de bus électriques dans les transports publics.
  • A la promotion du trafic ferroviaire international.

En complément des mesures prévues par la loi révisée sur le CO2, le Parlement a adopté l'automne dernier un contre-projet indirect à l'initiative pour les glaciers. L'UDC ayant lancé un référendum contre ce projet, celui-ci sera soumis au peuple. Il est prévu que la population se prononce à ce sujet le 18 juin 2023.

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Image: sda

Le contre-projet s'oriente vers un objectif «net-zéro». Cela signifie qu'à partir de 2050, la Suisse ne devra plus produire que les émissions qui peuvent être éliminées de l'atmosphère par des sources naturelles ou techniques.

Outre des objectifs pour certains secteurs, le Parlement a également défini que la Confédération et les cantons doivent veiller ensemble à ce que la Suisse s'adapte aux «effets négatifs du changement climatique» et s'en protège. La Confédération doit par ailleurs jouer un rôle de modèle: l'administration fédérale doit atteindre l'objectif net-zéro dès 2040.

Pendant ce temps, la collecte de signatures pour l'initiative dite pour un fonds climat, menée par le PS et les Verts, se poursuit. L'initiative demande qu'entre 0,5 et 1% du produit intérieur brut soit versé chaque année dans un fonds climatique. Cet argent, entre 3,5 et 7 milliards de francs par an, doit être investi dans la «transformation écologique de la Suisse» - par exemple, les énergies renouvelables, le développement des transports publics ou l'assainissement des bâtiments.

Rendez-vous est pris en novembre

La Suisse devra rendre compte de sa politique climatique sur la scène internationale lors de la prochaine conférence mondiale sur le climat qui se tiendra à Abu Dhabi en novembre 2023. A l'ordte du jour? Le bilan intermédiaire du «Global Stocktake».

Et pour les experts de la fondation à but non lucratif UN Foundation, pas question que ce bilan se contente «de dire ce que nous savons déjà. Nous sommes loin des objectifs». (aargauerzeitung.ch)

Traduit de l'allemand par Nicolas Varin

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