Les arguments des Amis de la Constitution et de certaines personnalités UDC portant sur le caractère à leurs yeux liberticide de la loi Covid n'auront pas fait mouche auprès de la majorité des Suisses. La loi fédérale urgente portée par le Conseil fédéral a été acceptée à 60,2% en ce dimanche de votations, ce qui équivaut à un «oui» assez net. Mais aussi, notons-le d'emblée, à un nombre de refus plus important qu'attendu.
L'une des particularités de la loi Covid est que nous avons voté sur sa version du 25 septembre et que des modifications ont été effectuées le 19 mars. Modifications qui précisément contiennent les éléments qui faisaient le plus débat: le certificat sanitaire, le traçage des contacts et la suppression de la quarantaine pour les personnes vaccinées.
Sur quoi alors portait le débat? Pas vraiment sur le texte lui-même, aux yeux du politologue de l'UNIL René Knüsel, contacté par watson:
Celui pour qui «être un citoyen, c’est un métier pour lequel on n'est pas formé» estime également que si les sondages n’avaient pas été aussi clairement et rapidement en faveur de la loi Covid, il est probable que certains citoyens auraient plus longuement hésité avant de voter «oui». Le résultat est donc à relativiser et surtout à replacer dans un contexte plus global de contestations du pouvoir bernois.
Les jeunes UDC ont d'ores et déjà annoncé ce dimanche 13 juin un nouveau référendum contre les modifications de la loi Covid datant du 19 mars. «Les partisans ne pourront plus se cacher derrière les aides financières», a déclaré à l'ATS leur président David Trachsel. Les Amis de la Constitution soutiennent ce nouveau référendum.
Tirer des leçons définitives de ce 13 juin serait donc malvenu. Comme pour la question de l'environnement, les déçus du jour ne comptent pas s'arrêter là et la discussion ne fait que commencer. Outre l'annonce de ce nouveau référendum ayant trait au droit d'urgence spécial Covid, rappelons que les Amis de la Constitution couvent d'autres projets, dont une initiative populaire dont nous ignorons encore la teneur et une opposition à la Loi sur le soutien aux médias.
Le vrai test pour la confiance de la population envers son gouvernement et, de manière plus générale, ce qu'on appelle «le système», l'establishment politico-médiatique, se fera avec ce nouveau référendum, au cas – probable – où il aboutit. Même si la Suisse venait à s'exprimer sur des dispositions qui ne seront même plus en vigueur, il s'agira au fond d'exprimer ou non sa confiance dans la capacité du Conseil fédéral à ne pas user de son pouvoir. La question financière très présente dans les débats autour du 13 juin n'étant plus d'actualité.
Nous pourrons alors estimer avec un peu plus d'assurance à quel point la tendance anti-gouvernementale actuelle est représentative d'une part significative de la population. Cette question est l'une des plus centrales du moment. Espérons qu'elle se résolve le plus sereinement possible, sans que nous ayons à constater ici et là de l'excès de confiance... envers ses propres idées. La démocratie, c'est aussi et peut-être surtout l'art de revoir ses positions.