Il est plus petit qu'une pièce de cinq centimes, a des ailes brunes et un front vert métallique. Il a des touffes de poils blancs sur les côtés et l'abdomen, et s'il est embêté, il écarte ses pattes arrière comme pour faire un grand écart. Mais le scarabée du Japon est surtout un grand danger pour les cultures et les espaces verts en Suisse.
Mardi 25 juillet, devant les médias, Giselher Grabenweger, collaborateur scientifique du centre de recherche Agroscope à Zurich a donné davantage de précisions. Il s'agissait d'une conférence de presse destinée à exprimer une certaine urgence. Et non sans raison: le scarabée du Japon a été détecté à Kloten (ZH), C'est une première au nord des Alpes.
La situation est toute aussi préoccupante pour les pays voisins:
La Suisse doit faire preuve d'une responsabilité particulière. L'objectif principal des services impliqués – la Confédération, le canton de Zurich et la ville de Kloten – est désormais d'éradiquer l'insecte invasif le plus rapidement possible.
«Ce qui compte avant tout, c'est la participation de la population», explique Ursina Wiedmer, cheffe adjointe de l'Office cantonal du paysage et de la nature. Et ces mesures devraient être radicales. Il serait entre autres interdit d'arroser les pelouses et les espaces verts jusqu'à la fin du mois de septembre, bien qu'il soit toujours possible d'arroser les plantes dans les plates-bandes et les pots.
De plus, tant les déchets verts, que le compost, et certaines plantes et la terre ne peuvent plus être transportés en dehors de Kloten. Des exceptions sont, cependant, prévues pour les plantes ayant été recouvertes d'une protection contre les insectes et broyées, ainsi que pour le compost provenant d'installations de compostage professionnelles. Les véhicules et les outils utilisés pour le travail du sol devraient par ailleurs être nettoyés avant de quitter Kloten.
Des restrictions s'appliquent également à 24 communes environnantes, dont la ville de Zurich. Là aussi, aucun matériel végétal issu de l'entretien des espaces verts ne devrait pouvoir quitter la zone tampon définie dans un rayon de cinq kilomètres jusqu'au 30 septembre.
De plus amples informations sont disponibles sur le site web du canton. Une permanence téléphonique est également à la disposition de la population de Kloten.
De leur côté, les autorités ont délimité une zone infestée de deux kilomètres et une zone tampon de cinq kilomètres de rayon. La première englobe à peu près la ville de Kloten. Dans la zone infestée, des pièges à insectes seront probablement installés entre mercredi 27 juillet et vendredi 29 juillet. Il s'agit de constructions à trois pieds, semblables à des tentes, avec un filet. A l'intérieur se trouve un attractif qui attire les coléoptères, et sur le filet un insecticide qui les tue.
Dans les régions où l'on a trouvé le plus de coléoptères, les plantes hôtes comme les rosiers et les arbres fruitiers sont en outre traitées une fois avec l'insecticide acétamipride. Ceci aussi bien dans les espaces verts publics que dans les jardins privés.
Selon un expert sur place, l'insecticide est déjà autorisé pour diverses cultures agricoles. Les plantes peuvent à nouveau être récoltées après environ trois semaines.
Les premiers insectes ont été découverts le 12 juillet 2023. Ceci grâce à un vaste réseau de pièges dont la Suisse dispose depuis plusieurs années déjà. L'origine exacte des insectes fait maintenant l'objet d'une enquête.
Une centaine d'individus ont été identifiés jusqu'à présent. «On peut partir du principe qu'il s'agit d'environ 10% de la population réelle», a déclaré Peter Kupferschmied, responsable du secteur phytosanitaire à l'Office fédéral de l'agriculture. Selon ses déclarations, ils ont probablement été importés du Tessin ou d'Italie, soit par voie aérienne, soit par voie routière ou ferroviaire.
Ces dernières années, il y a souvent eu des découvertes isolées, par exemple à Soleure (SO) ou à Bâle (BL). Mais il ne s'agissait jusqu'à présent que d'individus isolés, sans possibilité de se reproduire, a expliqué Peter Kupferschmied. Or, à Kloten, il s'agit déjà d'une population.
Le scarabée du Japon représente un grand danger pour les plantes cultivées et les espaces verts de notre pays. En effet, cet insecte d'à peine un centimètre est un vrai glouton: selon les connaissances actuelles, plus de 300 plantes au total figurent sur sa liste d'alimentation, dont la vigne, le soja, les baies et le maïs, ainsi que les feuilles, les fleurs et les fruits. Les larves, quant à elles, endommagent les prairies et les pelouses en mangeant les racines de l'herbe.
Là où il passe, le scarabée du Japon fait des ravages. Giseler Grabenweger, de l'Agroscope, a montré lors de la conférence de presse une photo d'un domaine viticole dans la région italienne du Piémont où de nombreuses vignes n'avaient plus de feuilles. Un piège installé dans ce vignoble pendant environ quatre heures a capturé quelque 50 000 scarabées du Japon.
Pour la Confédération, il est primordial que le scarabée japonais soit mis en quarantaine. «La lutte contre cette espèce et sa surveillance doivent être particulièrement intensives», explique Peter Kupferschmied.
La Confédération prévoit trois scénarios: le plus ambitieux prévoit l'éradication totale du coléoptère. Si cela n'est plus possible, les autorités passeront à une stratégie d'endiguement, comme c'est déjà le cas dans le canton du Tessin. Le troisième scénario consisterait à ne prendre aucune mesure.
Devant les médias, les autorités se sont montrées optimistes quant à une éradication. «Grâce à la barrière alpine, nous avons grand espoir de pouvoir poursuivre la stratégie d'éradication au nord des Alpes», déclare Peter Kupferschmied.
Comme son nom l'indique, ce coléoptère est originaire du Japon. Au début du 20e siècle, il a été transporté en Amérique du Nord. En 2014, il est apparu en Italie et, en 2017, pour la première fois en Suisse, dans le canton du Tessin, à la frontière avec l'Italie. Il s'y est propagé dans une réserve naturelle, raison pour laquelle son éradication a été difficile dès le début, selon Peter Kupferschmied.
Dans quelques semaines déjà, les insectes pondront des œufs dans le sol. Si le ravageur continue toutefois de se propager, il reste à miser sur les prédateurs tels que les huppes, les merles et les corneilles afin qu'eux endiguent la propagation et qu'un équilibre naturel s'établisse enfin, comme au Japon.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder