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Les raffineries d'or lancent une offensive de transparence

Les raffineurs suisses exigent des lois strictes sur l'or et ça coince

Un employe fond de l'or a la fonderie de Metalor Technologies International SA en mars 2005, a Neuchatel.L'entreprise Metalor Technologies International SA a realise un chiffre d
La suisse est une importante plaque tournante pour l'or.Image: KEYSTONE
Il est rare qu'un secteur économique souhaite des lois plus sévères. C'est exactement ce qui se passe actuellement dans le secteur de l'or.
26.05.2024, 18:53
Pascal Michel / ch media
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Les raffineurs suisses ne veulent pas être constamment accusées de s'immiscer dans le commerce de l'or provenant de sources «douteuses». C'est pourquoi Christoph Wild, président de l'Association suisse des fabricants et commerçants de métaux précieux, a organisé, mardi, à l'hôtel Schweizerhof de Berne un séminaire sur la question.

Il a expliqué comment l'or des mines se transforme en des bijoux ou des lingots et a présenté une multitude de chiffres et de graphiques. Christoph Wild a profité de l'occasion pour corriger un chiffre, qui circule depuis des années, stipulant que la Suisse traite environ deux tiers de l'or extrait chaque année dans le monde. C'est faux, a déclaré Christoph Wild, le chiffre correct se monte à un tiers. Concrètement, ce sont environ 1600 tonnes de métaux précieux qui arrivent chaque année en Suisse pour y être raffinées.

Ça reste beaucoup, a souligné Christoph Wild. L'importance de la plaque tournante de l'or qu'est la Suisse apparaît clairement à la lecture d'autres données. Les quatre grandes raffineries du Tessin et de Suisse romande fournissent au total des impôts à hauteur de 40 millions de francs, emploient 2000 personnes et ont importé l'an dernier de l'or pour une valeur de 91 milliards de francs.

Mais cette industrie est sous pression, notamment en raison des gros titres négatifs qui ne cessent de tomber. L'association souhaite désormais y remédier en faisant du lobbying pour des sanctions plus sévères et une plus grande transparence. Concrètement, l'association demande que l'autorité de surveillance ait plus de compétences. Elle devrait par exemple publier chaque année les résultats de son activité de contrôle.

On saurait ainsi pour la première fois à quelle fréquence les raffineries sont amendées par les plus hautes instances en cas de comportement fautif. La branche souhaite également inscrire dans la loi des sanctions plus élevées en cas d'infraction et le respect des normes de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Un «compromis bien suisse»

Le conseiller aux Etats tessinois Fabio Regazzi (Centre) s'engage en faveur de règles plus strictes, comme le souhaitent les raffineries elles-mêmes. Il a déposé les propositions correspondantes au sein de la commission économique compétente. Ces interventions avaient encore échoué au Conseil des Etats. C'est maintenant au Conseil national de se pencher sur le dossier. La commission consultative en discutera, cet été, et l'affaire sera vraisemblablement soumise au Conseil lors de la session d'automne. Christoph Wild s'est montré confiant quant à la réception de son message. Après tout, il s'agit d'un «compromis bien suisse».

L'ancien chef de la raffinerie tessinoise Argor-Heraeus ne peut toutefois pas en être sûr. Christoph Wild avait déjà reçu des réactions bienveillantes lors de ses entretiens avec des conseillers nationaux. Pourtant, ses propositions se sont effondrées en séance plénière. La droite bourgeoise a fait bloc pour rejeter les durcissements. Ces derniers étaient réclamés par la conseillère nationale Prisca Birrer-Heimo (PS/LU).

Si cela ne suffit pas, l'association souhaite travailler elle-même à améliorer la transparence de la branche. Elle prévoit de mettre en place une plate-forme numérique afin d'apporter plus de lumière dans les affaires traditionnellement cachées. Mais ce n'est que le plan B. La modification de la loi est au premier plan. Il s'agit de maintenir l'attractivité de la Suisse, a déclaré Christoph Wild. Dans la lutte concurrentielle mondiale, une réglementation crédible est décisive. «Si nous n'y parvenons pas, le danger latent est que les raffineries quittent la Suisse», a alerté Christoph Wild.

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