Suisse
Armée

Les officiers suisses veulent trouver plus d'argent pour l'armée

Les officiers suisses ont une astuce pour trouver de l'argent pour l'armée

Après les récentes annonces d'économies dans le Défense, la Société suisse des officiers veut alimenter un fonds qui permettrait malgré tout des investissements anticipés. L'idée a un soutien de poids au Parlement.
20.02.2023, 06:09
Benjamin Rosch / ch media
Plus de «Suisse»

Il n'est pas facile ces jours-ci d'établir une planification sur les acquisitions de l'armée suisse. Le chef de l'armée, Thomas Süssli, a décrit le contexte comme «dynamique» la semaine dernière. «Confus» serait également approprié.

Quelques jours seulement après l'invasion de l'Ukraine par Poutine, des voix se sont élevées en Suisse pour demander une augmentation du budget de la défense nationale. Le président du Parti Libéral Radical (PLR) Thierry Burkart faisait partie des forces motrices qui voulaient lier les dépenses de l'armée au produit intérieur brut: la Suisse devrait payer 1% du PIB pour la défense à partir de 2030, contre 0,7% aujourd'hui. Ce qui ne semble pas grand-chose, creuse pourtant un trou immense dans la caisse fédérale suisse. Selon les estimations, le budget de l'armée pourrait passer de 5,5 à 9,4 milliards avec les prévisions actuelles du PIB.

Dès l'automne, les inquiétudes de l'ancien ministre des Finances Ueli Maurer se sont multipliées: celui-ci avait, en effet, prédit de sombres perspectives pour le budget de l'Etat à un Parlement enclin aux dépenses. En septembre, la ministre de la Défense Viola Amherd était pourtant confiante quant à la capacité de l'armée à dépenser plus d'argent. Elle a présenté un plan d'investissement pour les années 2023 à 2035 qui, lu aujourd'hui, apparaît comme une liste de souhaits non réalisés.

La Suisse est à la traîne

Lors de la présentation du message de l'armée, Viola Amherd a certes annoncé que les dépenses prévues pour l'année en cours ne seraient pas modifiées. Il s'agit, par exemple, de véhicules supplémentaires pour les sapeurs de chars ou de munition de mortier. Mais les investissements prévus pour les années à venir seraient gravement menacés.

Bundesraetin Viola Amherd spricht neben Thomas Suessli, Chef der Armee, waehrend einer Medienkonferenz zum Zusatzbericht zum Sicherheitspolitischen Bericht 2021 ueber die Folgen des Krieges in der Ukr ...
La ministre de la Défense Viola Amherd.Image: sda

Amherd a parlé de «périodes de vaches maigres» au cours desquelles «tout le monde doit apporter sa contribution». L'objectif de dépenses de l'armée à hauteur de 1% du PIB s'éloigne à l'horizon 2035. Concrètement, cela signifie que l'armée peut enterrer tout espoir d'acquisitions anticipées.

Selon le chef de l'armée Thomas Süssli, des armes guidées supplémentaires pour le système Patriot, d'un montant de 450 millions de francs, seraient prêtes à être achetées. De manière générale, les munitions sont un poste budgétaire qui permet non seulement une certaine flexibilité dans le délai d'acquisition, mais pour lequel la Suisse est à la traîne.

«C'est un secret de polichinelle que la Suisse ne respecte actuellement pas la recommandation de l'Otan d'un stock de munitions pour 30 jours»
Thomas Süssli
Korpskommandant Thomas Suessli, Chef der Armee, spricht an einer Medienkonferenz zur Armeebotschaft 2023, am Mittwoch, 15. Februar 2023, im Medienzentrum Bundeshaus in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Thomas Süssli.Image: sda

D'abord encouragée, puis freinée: devant les médias, la ministre de la Défense s'est efforcée de ne pas paraître trop contrariée. «Notre croissance est plus lente, mais l'objectif final reste le même», a-t-elle déclaré.

L'Allemagne comme exemple

La réaction de la Société suisse des officiers (SSO) est un peu plus franche. Interrogé à ce sujet, son président Dominik Knill s'est dit déçu. «La planification des acquisitions, conçue pour un budget de défense plus élevé, est à nouveau suivie d'une planification de renoncement par manque de moyens financiers.» Pour éviter cela, les officiers soumettent maintenant leur propre proposition. Knill développe:

«La SSO propose de constituer un fonds de transition pour les budgets d'acquisition manquants des années à venir, sous la forme d'un emprunt ou d'un prêt, portant intérêt à partir du moment où le Département de la défense aura atteint 1% du PIB».

Pour le président de la SSO, le contexte est clair: la guerre en Ukraine a modifié la situation de la menace, des investissements sont donc nécessaires maintenant. L'armée dépenserait donc l'argent de manière anticipée et ne le rembourserait que dans 12 ans. Cette proposition s'inspire du modèle de l'Allemagne: le chancelier Olaf Scholz veut y remettre l'armée fédérale en état avec un fonds spécial de 100 milliards.

Der Berner Nationalrat Werner Salzmann anlaesslich der Delegiertenversammlung der SVP Schweiz vom Samstag, 22. Oktober 2022 im Schulhaus Staffeln in Luzern. (KEYSTONE/Urs Flueeler).
Werner Salzmann.Image: sda

Le chef de l'armée Thomas Süssli connaît cette idée. Il dit: «C'est en fin de compte une décision politique.» Au Parlement, Dominik Knill a cependant un soutien de poids: il s'agit de Werner Salzmann (UDC), président de la Commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats.

«Cette idée est une possibilité», répond Salzmann, interrogé sur la question. Lui-même cherche déjà des solutions pour sauver l'augmentation du budget tout en respectant le frein à l'endettement. «L'important est simplement que l'armée puisse agir maintenant.»

La bataille fait rage à Bakhmout
1 / 12
La bataille fait rage à Bakhmout
partager sur Facebookpartager sur X
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
La SSR accusée d'antisémitisme et d'être pro-israélienne
Les événements s'enchaînent et les plaintes pleuvent sur la SSR qui est accusée de parti pris de tous côtés: tantôt antisémite ou pro-israélienne.

Une pluie de réclamations en lien avec le traitement de la guerre au Proche-Orient a atterri sur le bureau des services de l'ombudsman de la SSR pour la Suisse alémanique. En deux mois, 80 plaintes lui sont parvenues, plus que durant le Covid durant une période comparable.

L’article