Depuis des semaines et des mois, elles constituent une part importante de la stratégie de guerre russe dans les attaques contre le pays voisin, l'Ukraine: les attaques aériennes. Les Russes visent les cibles les plus diverses: aérodromes, centrales et lignes électriques, mais aussi maisons d'habitation et même hôpitaux.
Depuis des semaines et des mois également, les dirigeants ukrainiens autour de Volodymyr Zelensky insistent sans relâche pour obtenir davantage d'armes de conception occidentale pour améliorer la défense aérienne du pays. Plusieurs Etats comme l'Allemagne ou le Royaume-Uni ont d'ailleurs répondu à cette demande par la suite.
Théoriquement, la Suisse pourrait également livrer des systèmes de défense aérienne à l'Ukraine. Par exemple 60 pièces de type Rapier, qui ont été mises hors service fin 2022, comme l'écrit la NZZ am Sonntag. Les systèmes mis hors service sont soumis à d'autres règles que les autres armes suisses, d'autant plus que ceux de type Rapier ont été fabriqués par le Royaume-Uni.
En effet, selon une décision du Conseil fédéral datant de 2006, les systèmes d'armes étrangers peuvent être revendus sans condition au pays de fabrication s'ils ont été mis hors service.
«Ces missiles sont vieux, mais pas complètement dépassés», déclare Peter Schneider, ex-rédacteur en chef de la revue militaire ASMZ, à la NZZ am Sonntag. Selon Schneider, ils pourraient «très bien» être utilisés contre des cibles volant à basse altitude comme les drones.
Toutefois, il n'est pas prévu de livrer les systèmes en question au Royaume-Uni. Au contraire: l'armée suisse est actuellement en train de mettre à la ferraille les 60 systèmes Rapier en trois tranches, comme le confirme le porte-parole d'Armasuisse Kaj-Gunnar Sievert au média zurichois.
Pour le conseiller national vert’libéral François Pointet, favorable à un transfert des systèmes de défense aérienne à Kiev via Londres, c'est incompréhensible:
Le fait que cela n'ait pas été envisagé n'est toutefois pas uniquement de la responsabilité de la Suisse. Le Royaume-Uni aurait pu déposer une demande dans ce sens afin de mettre en route le rachat des missiles. Mais cela n'a pas été fait, comme l'explique le porte-parole d'Armasuisse. De plus, il n'est pas habituel que la Suisse propose de racheter de son propre chef des systèmes militaires mis hors service.
Le fait que la Suisse ait renoncé à informer Londres suscite toutefois l'étonnement de certaines politiciennes. Ainsi, la conseillère nationale PLR Maja Riniker déclare à la NZZ qu'«une information du fabricant aurait été appropriée dans un souci de transparence». Comment le Royaume-Uni pourrait-il savoir que la Suisse retire ses systèmes du marché, demande-t-elle de manière rhétorique.
La question actuelle concernant le retrait du service du matériel de guerre suisse est également importante pour l'avenir: dans les prochaines années, de nombreux systèmes d'armes seront mis hors service, y compris ceux qui ont été fabriqués dans d'autres pays, comme les Etats-Unis, et qui sont actuellement utilisés en Ukraine. (con)