L'attentat de Morges aurait pu être évité si le Ministère public de la Confédération n'avait pas manqué à ses devoirs, estime Joana, la compagne de Joao, tué sous ses yeux.
La RTS rappelle, ce mercredi, que l'auteur de l'attaque djihadiste en 2020 était sorti de prison depuis peu et devait se présenter une fois par semaine au poste de police, sous peine d'être remis en cellule. Une règle à laquelle l'individu dérogeait.
Malgré ces manquements récurrents, la procureure en charge n'avait pas ordonné sa réincarcération. Pour Joana, la magistrate a donc fauté.
La petite-amie du défunt réclamait dès lors 25 000 francs pour tort moral. Mais selon la RTS, le Département fédéral des finances a rejeté sa demande la semaine dernière.
Dans sa décision, le Département explique que Joana ne peut pas être «qualifiée de proche de Joao» au sens de la Loi fédérale sur la responsabilité de la Confédération, des membres de ses autorités et de ses fonctionnaires.
L'autorité relève que la jeune femme est arrivée en Suisse en février 2020 et qu'elle a d'abord cohabité avec trois personnes, dont Joao. Les deux se sont ensuite mis en couple trois mois plus tard avant de s'installer ensemble en août 2020, soit seulement quelques semaines avant le drame.
Joana et Joao ont donc vécu en concubinage pendant un mois et demi au maximum, une durée qui «ne permet pas de retenir une relation de concubinage stable et durable», indique le Département.
Il souligne en outre un «risque de surindemnisation» puisque Joana avait déjà sollicité l'autorité d'indemnisation vaudoise LAVI (Loi fédérale sur l'aide aux victimes d’infractions), qui lui avait octroyé 7000 francs de dédommagement.
Déplorant cette décision, l'avocat de la jeune femme a annoncé qu'il allait faire recours devant le Tribunal administratif fédéral.
Pour rappel, l'auteur de l'attentat de Morges, un double national turco-suisse, a été condamné début 2023 à 20 ans de prison par le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone. Le 12 septembre 2020, il avait poignardé mortellement Joao dans un kebab à Morges. Durant son procès, il avait expliqué ses actes par sa fascination pour l'Etat islamique (EI).
Il s'agit du premier homicide à caractère djihadiste de Suisse (jzs).