Les syndicats ont lancé une initiative pour des rentes de vieillesse plus élevées: une 13ᵉ rente AVS s'ajouterait chaque année aux 12 rentes mensuelles. Du point de vue des partisans, l'initiative arrive au bon moment, car les primes d'assurance maladie, les loyers et les prix de l'énergie augmentent, alors que les rentes AVS stagnent en comparaison. Selon eux, le supplément de 8,33% permettrait de compenser la perte de pouvoir d'achat.
Cela dépend du montant de la rente AVS concernée. Celui qui perçoit la rente AVS maximale obtient une augmentation de 2450 francs par an. Pour les couples mariés, la rente augmenterait de 3675 francs. La rente de vieillesse minimale serait augmentée de 1125 francs par an pour les personnes seules. Autre point important, malgré une rente AVS plus élevée, les éventuelles prestations complémentaires (PC) ne seraient pas réduites.
L'initiative est soutenue par le PS et les Verts, qui estiment que la rente AVS ne peut plus couvrir le coût de la vie de nombreuses personnes retraitées et qu'elle doit donc être augmentée. Mais les forces de gauche ont été battues par les autres groupes parlementaires, des Verts libéraux au Centre en passant par le PLR et l'UDC. Pour une nette majorité du Parlement, le projet est trop cher et peu centré sur les personnes qui ont du mal à joindre les deux bouts avec leur retraite. L'initiative veut que tous les retraités de Suisse reçoivent une 13ᵉ rente AVS, qu'ils aient ou non une bonne prévoyance professionnelle et privée.
La Confédération estime que l'introduction d'une 13e rente AVS coûterait environ 4,1 milliards de francs. Comme la population vieillit et que la génération du baby-boom vient de partir à la retraite, les dépenses liées aux rentes AVS augmentent rapidement et fortement.
C'est le grand point d'achoppement. Les syndicats argumentent que l'AVS disposera d'une fortune de 70 milliards de francs en 2030. Il est vrai que le financement de la principale caisse de prévoyance est relativement stable jusqu'à cette date. Mais elle le doit aux subventions financières et aux réformes de ces dernières années: depuis 2020, des cotisations salariales plus élevées sont versées à l'AVS, à partir de 2024 s'y ajoute une augmentation de la TVA et à partir de 2025, les femmes travailleront plus longtemps.
Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse, soutient que l'AVS dispose de 5 milliards de francs supplémentaires dans ses caisses grâce aux subventions mentionnées ci-dessus et qu'elle réalisera d'importants excédents au cours des prochaines années.
Il s'agit toutefois d'une perspective à très court terme. La Confédération prévoit de son côté d'importants déficits après 2030, sans avoir pris en compte l'éventuel financement d'une 13ᵉ rente AVS. Avec cette dépense supplémentaire, l'AVS serait dans les chiffres rouges dès 2027, selon Berne. Pour la Confédération, il est donc clair que pour pouvoir verser la 13ᵉ rente AVS, il faudrait soit un financement supplémentaire, soit que l'AVS réduise ses prestations.
Les initiateurs ne donnent pas de directives à ce sujet. Ils insistent sur le fait que l'AVS a suffisamment d'argent à disposition. Un point que la Confédération contredit. Dans la mesure où les prestations de l'AVS ne doivent pas être réduites, il existe quatre leviers pour récolter des fonds supplémentaires: les impôts, les cotisations salariales, la TVA et la hausse de l'âge de la retraite.
La Confédération contribue à hauteur d'environ un cinquième aux rentes AVS. La ministre des Finances Karin Keller-Sutter a récemment déclaré dans la NZZ que la Confédération aurait du mal à financer les futures contributions à l'AVS. «Aujourd'hui, la Confédération verse 10 milliards par an à l'AVS, d'ici 2035, ce montant passera à 16 milliards.» Selon la conseillère fédérale, les problèmes ne diminueront pas.
Non. La seule chose qui est certaine, c'est que le financement des pensions de vieillesse n'est pas assuré. Il est fort probable que la population finisse par devoir se prononcer sur la question de savoir qui devra payer au final.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)