La diversité de la flore suisse fait la fierté de notre pays – Ricola et les autres ne vous diront pas le contraire. Mais une herbe en particulier fait débat depuis de longues années: le cannabis. La plante est interdite depuis 1951 et la loi actuelle sur les stupéfiants est entrée en vigueur en 1975.
Mais cela devrait bientôt changer. Après l'échec de nombreuses interventions politiques par le passé, les commissions de la santé du Conseil national et du Conseil des Etats ont donné leur feu vert, lors de la dernière législature, à une initiative parlementaire du conseiller national du Centre Heinz Siegenthaler (BE).
Le texte demande une régulation du marché – pour une meilleure protection de la jeunesse et des consommateurs –ainsi qu'une levée de la prohibition.
Manuela Weichelt (ZG), conseillère nationale verte et membre de la commission de la santé, est cosignataire de l'initiative parlementaire. Elle l'affirme:
Les Verts tentent de dépénaliser la consommation depuis 1993 déjà. Le parti a adopté vendredi dernier un papier de position dans lequel il exige des mesures strictes sur la manière dont la légalisation du cannabis devrait se dérouler en Suisse.
Le parti écologiste met l'accent sur les mineurs, la santé ainsi que sur la fin du marché noir.
Ainsi, la formation écologiste se dit en faveur de «points de vente gérés par l'Etat». Et Manuel Weichelt d'ajouter:
Par ailleurs, la légalisation doit rimer avec «des emballages neutres sans logos de marques», estiment les Verts. A la place, on devrait trouver des informations sur comment consommer sans risque et des conseils en matière de dépendance. Une «interdiction totale de la publicité et du parrainage» est aussi souhaitée. La vente ne doit pas ailleurs être autorisée qu'aux personnes majeures. Enfin, afin de protéger la santé des consommateurs, le parti est favorable à «des indications strictes lors de la culture, comme la réglementation des additifs».
L'objectif de la légalisation n'est pas lucratif. «Notre but n'est pas de stimuler la consommation par la légalisation, mais de maintenir un marché contrôlé avec le moins de risques possible», argumente l'élue verte. A ses yeux, il est donc essentiel d'instaurer une taxe dite de prévention, qui permettrait de financer les offres de conseil et de thérapie ainsi que la recherche sur les addictions.
La conseillère nationale ne croit pas non plus que toutes ces mesures impacteront le prix, ouvrant ainsi la porte au marché noir. «Le cannabis légal sera compétitif. Mais son plus grand avantage réside dans la maîtrise de la production, en laquelle on pourra avoir confiance», explique-t-elle.
Avec leurs propositions, les Verts espèrent enfin atteindre un objectif qu'ils poursuivent depuis 30 ans. Mais le calendrier reste encore flou dans ce dossier. Les deux chambres doivent d'abord s'occuper de la loi. Et si l'UDC devait lancer un référendum, le peuple devrait à nouveau se prononcer sur la légalisation du cannabis. Le projet a déjà échoué deux fois par le passé.
(Adaptation française: Valentine Zenker)