Quand on regarde les graphiques décrivant l'évolution de la pandémie, l'impact du certificat Covid paraît sauter aux yeux. Le 13 septembre, jour de l'entrée en vigueur du sésame, la Suisse comptait encore 2082 infections quotidiennes en moyenne sur 7 jours. Le 2 octobre, dernier jour pour lequel nous avons la moyenne, ce chiffre avait été divisé par deux, tombant à 1010 cas journaliers. Le 7 octobre, notre pays ne recensait même plus que 590 cas.
Le constat est le même en ce qui concerne les hospitalisations. Le 13 septembre, la moyenne sur 7 jours était de 45 admissions quotidiennes. Le 2 octobre, elle était tombée à 20. Le 7 octobre, on ne dénombre plus que 6 entrées de patients Covid dans notre pays.
Mais la réalité semble plus nuancée que ce que les graphiques montrent: «La baisse de la courbe des hospitalisations avait commencé avant l'entrée en vigueur du certificat», pointe l'infectiologue Laurent Kaiser. Celui qui dirige le centre des maladies virales émergentes aux HUG précise que le sésame, s'il n'est pas à l'origine de cette évolution descendante, y contribue.
«C'est un ensemble de mesures. Le certificat a certainement permis de diminuer le nombre de contaminations, mais c'est aussi l'effet de l'augmentation du taux de vaccination», appuie Philippe Eggimann, président de la société médicale de Suisse romande.
L'infectiologue déplore toutefois que le taux de circulation reste, proportionnellement, deux fois plus élevé en Suisse qu'en France. «Le nombre de cas diminue après la quatrième vague, c'est une bonne nouvelle, mais la courbe semble s'aplatir. Cela ne descend pas si vite», pointe toutefois l'expert qui invite à rester prudent.
Au-delà de contribuer à faire baisser les chiffres de la pandémie, le certificat a d'autres avantages aux yeux de nos deux spécialistes. «C'est une garantie pour éviter de recréer des pics par la suite», analyse Laurent Kaiser. L'infectiologue l'assure, le sésame amène de la sérénité en cette période compliquée.
Le directeur du Centre des maladies virales émergentes souligne que l'entrée en vigueur du certificat a aussi eu un effet pour convaincre les indécis de la vaccination. En effet, en regardant les graphiques, on observe un rebond suite aux annonces du Conseil fédéral.
Alors que 14 000 premières doses étaient administrées chaque jour début septembre, la prise de parole d'Alain Berset a fait grimper ce chiffre jusqu'à atteindre 22 263 primo-injectés le 16 septembre. Mais l'effet certificat n'a pas duré et, dès fin septembre, le nombre de nouveaux vaccinés quotidiens a dégringolé.
Philippe Eggimann nuance toutefois cette statistique. «Pour savoir s'il y a une vraie baisse, il faut prendre en compte le nombre de personnes qu'il reste à vacciner. Forcément, moins vous avez de gens à vacciner, moins vous allez en avoir chaque jour.»
«On pourra le faire un jour, c'est sûr. Idéalement, le plus vite possible. Mais on sait qu'on ne doit pas relâcher trop tôt», affirme le président de la société médicale de Suisse romande. Il invite à rester prudent en attendant de voir l'impact de l'effet saisonnier et du retour des vacances d'octobre.
«Une fois ce cap passé, si en parallèle on augmente la proportion de personnes vaccinées, on pourra relâcher progressivement les mesures», avance le spécialiste. Laurent Kaiser considère lui aussi qu'il est beaucoup trop tôt pour parler de supprimer le certificat Covid. «Les six prochains mois, nous avons besoin de calme. Il faut aussi se donner le temps d'administrer une troisième dose aux personnes âgées.»
Et l'infectiologue conclut de manière très pragmatique: «On est dans une situation favorable en ce moment. Pourquoi prendre des risques?»