Vous voulez retirer de l'argent au bancomat Raiffeisen de la Chaux-de-Fonds avant de prendre votre train? Il faudra trouver un autre distributeur. Un lecteur attentif de watson nous a fait remarquer que celui du hall de la gare a été recouvert d'un message:
Une inscription plutôt ironique, puisque la feuille est elle-même signée par les CFF. Les employés chaux-de-fonniers auraient-ils reçu des ordres de Berne pour fermer le distributeur?
Contacté, le service de presse de Raiffeisen indique ne pas être disposé à nous en dire beaucoup plus, mais nous confirme que la décision de bloquer le bancomat a été prise par les CFF, qui exploitent l'appareil. Du côté de l'ex-régie fédérale, on nous répond laconiquement:
La sécurité? En quoi la présence d'un bancomat pourrait-elle mettre en danger la sécurité des collaborateurs? Pour mieux l'expliquer, il faut faire un bond de quelques mois en arrière. Souvenez-vous: une série de braquages à l'explosif avait laissé la Suisse romande sous le choc.
Les attaques s'étaient d'abord multipliées sur l'arc jurassien: à la Brévine, au Locle, à Noirmont et Alle, aux mois de mai et juin. La Raiffeisen et les banques cantonales neuchâteloise et jurassienne avait alors décidé de mettre un terme à l'exploitation de plus de dix distributeurs, dont certains à La Chaux-de-Fonds.
En juillet, c'était le canton de Vaud qui en faisait les frais: à Savigny, à quelques kilomètres de Lausanne, à Sainte-Croix ainsi qu'à Montagny-près-Yverdon.
Sur ce point, contactés par watson, les CFF sont formels: la fermeture du bancomat Raiffeisen de la gare de La Chaux-de-Fonds est bel et bien liée à ces braquages à l'explosif.
Il est vrai qu'on imagine la panique que pourrait créer l'explosion d'un bancomat en plein cœur d'une gare, sans parler des pendulaires qui pourraient être blessés, voire tués.
Contactée, la police cantonale neuchâteloise nous indique pourtant que la situation est calme sur le front des braquages à l'explosif. «Il n'y a plus eu de cas depuis plusieurs mois», nous confirme son porte-parole Georges-André Lozouet, qui parle d'une «accalmie». Mais le policier précise:
Lacunaire, l'ex-régie fédérale explique ne pas vouloir préciser, «pour des raisons de sécurité», si d'autres retraits sont prévus en Suisse romande. La direction a-t-elle juste pris son temps pour évaluer la situation ou dispose-t-elle d'informations inconnues de la police cantonale? Début octobre, l'Office fédéral de la police donnait quelques indications sur son site quant à ces méthodes de braquage. Notamment:
En Suisse alémanique, Raiffeisen explique en outre qu'un autre retrait similaire a eu lieu dans la gare de Thoune, sans pouvoir préciser si la raison est également sécuritaire. Il faut dire qu'en juillet dernier, une attaque à l'explosif a eu lieu à quelques kilomètres à peine de la ville, à Wattenwil.
Cette petite localité paisible de campagne n'est pas la seule à avoir été touchée: au total, une vingtaine de villages ont été la cible d'attaques à l'explosif en 2024. Après les attaques sur l'arc jurassien, la méthode avait été utilisée sur plusieurs appareils de la région bernoise et même schwytzoise. Pour Fedpol, il s'agit de bandes criminelles roumaines, serbes et néerlandaises. Plusieurs arrestations ont eu lieu en France au mois de septembre.
Collaboration: Jason Huther