Lorsqu'il s'agit de pizzas, les CFF ne se contentent que du plus cher. Selon les informations de CH Media (dont watson fait partie), une pizzeria et un bar sont en train de voir le jour dans l'aile sud de la gare centrale de Zurich, récemment rénovée. Le propriétaire de la pizzeria zurichoise San Gennaro est à l'origine de ce projet. Dernièrement, celle-ci a fait les gros titres en raison de ses prix. Une pizza margherita coûte 24 francs, une pizza napoli 28,50 francs.
Les CFF ne veulent pas confirmer les derniers projets de restauration. Mais il n'est pas un secret qu'une pizzeria haut de gamme s'inscrirait dans leur nouveau concept visant à revaloriser les gares à travers toute la Suisse.
La stratégie est particulièrement visible à Zurich. Dans l'aile sud de la gare, des restaurants relativement bon marché comme Burger King ou Nordsee ont dû céder leur place lors de la rénovation qui vient de s'achever.
Ils seront remplacés par un restaurant gastronomique, un restaurant de burgers, qui a fait parler de lui sur les réseaux sociaux, et un concept de poulet frit, qui vend des ailes de poulet à partir de 26,50 francs. Sans oublier la pizzeria hype.
L'objectif des CFF? Les gens ne doivent plus se rendre à la gare uniquement lorsqu'ils voyagent, mais aussi pour aller au restaurant. Les CFF parlent de la «qualité de séjour» qui doit augmenter.
Ils mentionnent rarement un autre aspect: dans leurs contrats de location, les chemins de fer demandent souvent, en plus d'un montant fixe, une partie du chiffre d'affaires. Une annonce que CH Media s'est procurée chiffre cette participation à 14% pour une surface de restauration à la gare centrale de Zurich. Plus les plats vendus sont chers, plus les CFF empochent de l'argent.
Une évolution similaire se manifeste également dans les magasins. Dans la gare centrale de Zurich, par exemple, il n'y a plus un seul «Press & Books» depuis la transformation de l'aile sud. Visilab a aussi disparu.
A la place, on trouve désormais des savons durables à partir de 24 francs les 250 millilitres. Le centre de voyage des CFF va céder sa place près des voies pour que la marque de sport américaine Nike puisse y vendre ses baskets et ses vêtements haut de gamme à partir de 2025.
La gare centrale de Zurich n'est pas un cas isolé. Dans l'aile ouest de la gare de Bâle, un restaurant gastronomique et un café doivent ouvrir leurs portes à la fin de l'année. Ils seront gérés par le groupe Caviar House Airport Premium.
Des revalorisations similaires devraient concerner les autres grandes gares des CFF. Les gares de Berne et de Lausanne sont actuellement en cours de transformation complète et seront également dotées de nouveaux espaces de restauration et de magasins. A Genève, les CFF veulent construire un nouveau passage central à partir de 2032. Dans ce contexte, il est aussi prévu «d'adapter l'offre commerciale» au bout du lac.
Alexis Leuthold, responsable de la gestion de CFF Immobilier, a récemment parlé sur son site internet de «calm offers» (offres calmes). Une offre plus importante de restauration augmente la durée de séjour des clients. Alexis Leuthold admet que cela génère également un chiffre d'affaires supplémentaire.
Le porte-parole des CFF Reto Schärli explique que l'offre de restauration avec service doit être renforcée dans les grandes gares. Pour ce faire, les chemins de fer affirment vouloir collaborer autant que possible avec des partenaires régionaux.
Comme chaque surface ne peut être louée qu'une seule fois, les offres moins chères sont souvent évincées. Reto Schärli ne voit pas cela comme un problème. Dans la gare centrale de Zurich, par exemple, il existe déjà une grande offre pour la consommation rapide, raison pour laquelle la restauration avec service est maintenant préférée.
La gare devrait devenir un point de rencontre pour les voyageurs et les locaux. Les CFF veulent ainsi «augmenter la qualité de séjour dans les gares» et «développer les gares en tant que destinations». La gastronomie y joue un rôle central.
Mais ce n'est pas une fin en soi. Avec ses recettes, la branche immobilière des CFF finance les domaines déficitaires. L'année dernière, elle a versé environ 100 millions de francs à la caisse de pension et 150 millions de francs à la division Infrastructure.
En 2022, CFF Immobilier a enregistré des revenus locatifs à hauteur de 653 millions de francs, ce qui en fait l'un des plus grands acteurs du marché immobilier suisses. Ces chiffres incluent les revenus provenant de la location d'appartements.
La revalorisation des gares est une épée à double tranchant: d'une part, les restaurants avec service offrent une plus-value et assurent des recettes plus élevées, d'autre part, les personnes au porte-monnaie plus modeste risquent de devoir faire des détours.
C'est à Zurich que l'on verra si la nouvelle stratégie des chemins de fer est payante. Car si dans la ville des banques, les restaurants à prix élevés ne fonctionnent pas dans la gare, les CFF n'ont même pas besoin d'essayer ailleurs.
Traduit et adapté par Noëline Flippe