Le transport ferroviaire restera perturbé pendant plusieurs mois au tunnel de base du Gothard. Le trafic marchandises ne reprendra que progressivement, dès mercredi prochain, tandis que les voyageurs devront prendre leur mal en patience. Les conséquences sont lourdes.
«Les dégâts résultant de l'accident survenu dans le tube ouest du tunnel du Gothard sont nettement plus importants que prévu», ont annoncé mercredi les CFF, six jours après le déraillement d'un train de marchandises près de Faido (TI). Le tunnel est bouclé depuis lors.
Pour le trafic marchandises, il le restera encore une semaine, avant de reprendre «en principe» le 23 août, partiellement seulement. Le trafic voyageurs, lui, continuera à être dévié par la ligne de faîte (panoramique), «jusqu'à nouvel avis».
L'accident est «grave» pour les CFF et pour l'économie et a «un impact international», a déclaré le CEO de l'ex-régie fédérale Vincent Ducrot. Il a présenté ses «excuses» au nom de l'entreprise.
«Nous ne connaissons toujours pas la cause exacte du déraillement», a-t-il ajouté. Une roue brisée a été retrouvée sur les lieux, mais il n'est pas clair si elle est à l'origine de l'accident.
A ce jour, aucune irrégularité n'a été constatée. Un état-major de crise a été mis en place. «Nous allons apprendre de ce qui s'est passé», a promis Ducrot. Les médias n'ont pour l'heure pas accès au lieu de l'accident.
«Le système (de transport) est très sûr. Le fait qu'un tel accident se soit malgré tout produit nous affecte fortement», a encore dit M. Ducrot.
Pas moins de 8 km de voies et 20 000 traverses en béton doivent être remplacés. La remise en état durera jusqu'à fin 2023. Les perturbations vont se prolonger.
Seize wagons ont déraillé. Certains, gravement endommagés, se trouvent toujours dans le tunnel. Le déblaiement est difficile. Les travaux sont rudes en raison de l'obscurité et de la forte chaleur (autour de 40 degrés) dans le tube.
La priorité est de permettre que le tube est, qui n’a pas subi de dégâts, «puisse être utilisé le plus rapidement possible pour le trafic marchandises». Pour ce faire, une porte fixe de la diagonale endommagée doit être remplacée provisoirement par une porte mobile afin d'assurer la protection contre les incendies et la séparation de la circulation d’air entre les deux tubes.
En attendant, la porte provisoire permettra d’utiliser le tube pour les marchandises dès mercredi prochain, «a priori». Mais, prévient le transporteur, «il y aura toujours des déviations de trains de marchandises par la ligne de faîte du Saint-Gothard et par l’axe Lötschberg-Simplon, afin de permettre le transport de toutes les marchandises».
Actuellement, CFF Cargo assure une grande partie du trafic marchandises intérieur via la ligne de faîte. Entre 23 heures et 5 heures, la capacité totale de la ligne de faîte est disponible pour le trafic marchandises. En journée, de 05h00 à 23h00, un sillon est disponible par heure et par direction.
L’approvisionnement et l’élimination des déchets au Tessin, de même que l’approvisionnement national, «sont garantis», assure le transporteur.
Pour le transit et l'import/export en revanche, seuls quelques transports peuvent emprunter la ligne de faîte. Le matériel roulant du trafic de transit combiné n’est pas adapté à cette ligne.
Pour le trafic de transit combiné, SBB Cargo International utilise actuellement la ligne d’évitement du Lötschberg pour environ 30% de son volume de marchandises.
Pour les liaisons voyageurs, les trains circulent depuis le bouclement du tunnel sur la ligne de faîte. Le temps de voyage est prolongé d'une heure ou deux, selon les cas. Les CFF étudient la possibilité de faire circuler une partie des trains de voyageurs dans le tube est, en voie unique.
Les trains duplex ne peuvent pas circuler sur la ligne de faîte. Le week-end, le nombre de places assises peut parfois se révéler insuffisant. En trafic voyageurs international, il est nécessaire de changer de train à Chiasso.
Le canton du Tessin subit déjà les conséquences de la fermeture du tunnel. Son ministre des transports Christian Vitta a déclaré à Keystone-ATS que le secteur du tourisme était déjà touché, notamment par la diminution du nombre de séjours de courte durée ou d'un seul jour.
L'enquête sur les circonstances de l'accident est menée par le Service suisse d’enquête de sécurité (SESE) et le Ministère public du canton du Tessin.
Le train accidenté était composé de 30 wagons de marchandises provenant de cinq points de départ en Italie. Ces wagons ont été contrôlés à leur arrivée à Chiasso. Aucune irrégularité n’a alors été constatée. (ats/jah/svp)