Une chienne enlevée en Suisse qui disparaît trois semaines en France et revient sans sa puce d'identification dans un autre canton? C'est 24 heures qui nous conte cette histoire surprenante d'amitié trahie, de tristesse et de vengeance autour d'une chienne golden retriever.
Tout commence en 2020. Loraine*, habite un village de la Riviera vaudoise avec sa chienne Sandy*, âgée de trois ans. La quadragénaire, animatrice socioculturelle, est liée à une autre habitante du village, Josette*. La retraitée promène parfois la jeune golden retriever. Mais Josette estime que Loraine s'occupe mal de Sandy. Elle finit par dénoncer un «manque de soins» à l'animal directement aux services vétérinaires, qui abondent dans son sens.
En décembre 2020, Sandy se volatilise du jour au lendemain — presque en même temps que Josette.
Loraine est désemparée. La jeune femme cherche sa jeune chienne partout durant des mois, mais sans la retrouver. Elle le vit très mal, fait des insomnies.
Ce qu'elle ne sait pas, c'est que Josette est déjà revenue depuis longtemps en Suisse. Elle s'est installée en Valais. Avec elle, une jeune chienne golden retriever nommée... Luna.*
Loraine finit par l'apprendre. Elle appelle la police, qui débarque chez Josette pour l'arrêter. Ils retrouvent la jeune chienne. Son profil est comparé avec celui de Sandy et la ressemblance physique est totale, jusqu'à un signe distinctif très particulier sur le museau.
Mais les choses ne sont pas si simples. Josette présente des documents officiels établis en France. Selon ces papiers, la bête a été adoptée en Ardèche. Si tout laisse à penser que Luna est Sandy, Josette nie fermement devant la police et la justice.
Deuxième preuve au dossier, ou plutôt absence de preuve: une puce électronique de reconnaissance. Sandy en avait une placée dans son épaule gauche. Luna n'en a pas, mais arbore à la place une cicatrice. Mais ce qui serait une preuve immédiate pour tout lecteur de polar doit d'abord être pesée et soupesée par les tribunaux.
Devant ce cas très particulier, la justice décide de placer la jeune chienne à la SPA. Dans la foulée de ces montagnes russes d'émotions, Josette tombe gravement malade.
La procédure s'étale en longueur. Elle dure quatre ans et requiert l'intervention des cantons et de la Confédération. Cinq classeurs de documents s'entassent.
Durant cette période, Loraine «pète un plomb», comme le reconnaîtra plus tard la juge: elle taggue l'entrée de l'immeuble de Josette et endommage la porte de son appartement. Jusqu'au jour où, sous effet de l'alcool, elle l'intimide depuis son véhicule.
Le jugement est tombé cette semaine, au terme de deux jours de procès, à Vevey. Grâce à «des indices confinant à la certitude», la justice estime que Sandy et Luna sont bel et bien le même animal. Elle condamne Josette, qui a «ourdi un plan rocambolesque» pour l'enlever, à 150 jours-amende avec sursis et 1200 francs d’amende.
Loraine, de son côté, n'est pas en reste. Elle est condamnée pour ses excès envers Josette à 15 jours-amende avec sursis. Mais elle a pu récupérer son animal.
*prénoms d'emprunts
(acu)