Il y a la vie et il y a la mort. Et parfois, il y a l'entre-deux, des tunnels qui relient notre bas monde et l'autre. Les humains ne sont pas les seuls à l'emprunter: les animaux aussi doivent mourir et partir. Si Halloween et la Toussaint sont les fêtes des morts humains, pourquoi ne seraient-elles pas aussi celles des âmes animales décédées?
Marie-Paule Roduit raconte pratiquer la «communication animale». Un nom qui pourrait laisser penser à une méthode de dressage, un genre de thérapie animalière ou de trucs et astuces pour comprendre si son chat miaule, car il a faim ou désir sortir. Mais ce n'est rien de tout ça: la Valaisanne affirme entrer en contact avec la psyché des animaux, pour leur faire passer des messages ou transmettre des messages aux humains. Parfois, par-delà la mort.
Ce don ne s'est pas manifesté lors d'un épisode en particulier. Il est là depuis le début:
Le terme «ressenti» est important ici. Car il ne s'agit pas à proprement parler de conversation télépathique ou de compréhension humaine du hennissement d'un cheval ou de l'aboiement d'un chien, comme on pourrait le voir dans les films.
Selon elle, elle utilise d'abord son don pour se mettre en phase avec les animaux qui l'entourent et parfois, avec ceux des autres. Avec le temps, elle a choisi de l'utiliser pour aider des animaux en détresse et leurs maîtres.
Comment ça fonctionne? Marie-Paule n'a pas besoin d'être en présence de l'animal. Telle une chamane, elle s'assied confortablement, ferme les yeux et saisit les subtilités de son environnement. Parfois, voir une photo de l'animal l'aide et à d'autres moments, il lui suffit de penser à celui-ci pour «entrer en contact» et «ouvrir un canal». Que se passe-t-il alors?
«J'entre dans un état de conscience un peu différent. Parfois, je vois des mots ou des images dans ma tête, comme dans un film ou un flashback», détaille-t-elle. «Ce sont des genres de mises en situation. Des fois je suis spectatrice et des fois, actrice. D'autres fois, oui, j'entends vraiment les voix des animaux qui me parlent.»
«Quand je rentre en contact avec l'animal à l'aveugle, j'ai l'habitude de me présenter. Je lui dis pourquoi je viens à lui et j'attends sa réponse. Comme on le fait dans un appel téléphonique. Parfois, l'animal est occupé et je reprends contact avec lui plus tard.» Et de quoi parle-t-elle avec ces animaux? «Ils ont des préoccupations très terriennes: boire, manger, faire leur toilette. Parfois, ils ont leur jardin secret et ont des secrets qu'ils ne veulent pas que leurs maîtres découvrent. Je ne le mettrai pas au courant. Mon client, c'est l'animal.»
Dans la pratique, il est parfois difficile de faire comprendre la thématique au commun des mortels. Marie-Paule parle d'énergies, de chakras, de canaux. Un vocabulaire qui ne serait pas étranger à celui des guérisseurs, très nombreux en Suisse.
Les demandes que reçoit Marie-Paule sont diverses et variées. Parfois, c'est au sujet du comportement d'un animal qui a subitement changé. D'autres fois, c'est pour retrouver des animaux perdus. Dans certains cas, la bête est malade et la question se pose de savoir si elle désire être «endormie» (réd: euthanasié) ou non, m'explique-t-elle. Leurs maîtres sont attentionnés et désirent, d'une certaine manière, avoir le consentement de l'animal avant d'achever ses souffrances.
Il arrive d'ailleurs que le «contact» survive au-delà de la session. Marie-Paule donne l'exemple d'un animal avec qui elle était entrée en contact. Le dimanche, il part pour être «endormi». «J'étais en voiture et je l'ai senti partir. J'ai ressenti une vraie délivrance. En rentrant, j'avais reçu un message de sa propriétaire qui m'a informé qu'on venait de le piquer.»
Ce genre d'histoires, Marie-Paule en a à revendre. Une autre fois par exemple, elle raconte avoir pris contact avec un chat perdu et a immédiatement ressenti une violente douleur dans le bas-ventre. Grâce à ces indications, j'ai compris qu'il s'était fait rouler dessus par une voiture. Il n'avait pas survécu et ses propriétaires l'ont retrouvé mort le long d'une route. «C'était une fin tragique, mais ses propriétaires ont été soulagés de pouvoir retrouver le corps.»
«Ce genre de contacts m'épuisent beaucoup, car le niveau énergétique est très haut», explique Marie-Paule. Au début, elle ne maîtrisait pas ces échanges de la même façon qu'aujourd'hui: «Un des premiers animaux en fin de vie que j'ai dû traiter était un chien. J'avais du mal à respirer et le cœur qui battait à tout rompre. J'ai ressenti ce que l'animal ressentait à ce moment-là.»
Avec le temps, elle a appris à se «protéger», à maintenir une distance critique et à affiner sa méthode. Mais certaines choses n'ont pas changé: à la fin de ses sessions, elle fait toujours le ménage. Elle explique: «Il faut fermer le canal, faire le tri dans ses émotions et se nettoyer spirituellement.»
Parfois, Marie-Paule combat aussi la mort. «Un chat était tombé gravement malade. On soupçonnait un empoisonnement, mais on ne savait pas ce qui s'était passé.
«Je me suis connectée à cet animal et j'avais des sensations très particulières dans certaines parties du corps. J'ai décrit ces symptômes au vétérinaire qui a reconnu le type d'empoisonnement, causé par une plante.»
Les maîtres vont donc aller regarder dans la zone aux alentours de leur domicile et trouvent la plante en question, qu'ils montrent au praticien. «Le chat l'avait mangée par mégarde. Le vétérinaire a soigné l'animal avec le bon produit et il a été sauvé.»
Justement, la mort: comment communiquer avec des animaux qui ont quitté notre monde? «Je sais immédiatement quand l'animal est décédé. Je le sais de manière physique. C'est comme un petit frissonnement», explique Marie-Paule. «Ils ne sont pas dans le même pan de notre réalité. Ils sont dans le "rien", ils flottent. Parfois, ils sont entre deux vies.»
Le contact est toutefois toujours possible. «Leurs réflexions sont plus profondes que les préoccupations habituelles des animaux en vie.» Mais contrairement aux humains, devenus matérialistes et qui ont «coupé leur lien» naturel, nous explique Marie-Paule, les animaux sont en contact avec la nature, où la prédation est loi. De ce fait, ils savent qu'ils vont soit manger d'autres animaux, soit être tués pour être mangés. Donc:
Mais ce n'est pas le cas de tous. «Pour certains, dont une partie qui part pour la boucherie, les choses sont différentes.» La jeune femme habite justement à proximité d'un abattoir. Ironie ou destin? Quoiqu'il en soit, elle n'hésite pas à éviter l'endroit, quitte à faire un détour, pour ne pas se connecter aux animaux qui y meurent.
D'ailleurs, est-elle végétarienne? La réponse fuse, signe d'une question qu'on a souvent dû lui poser:
Comment faire cohabiter ce lien fort avec certains animaux, tout en consommant de la viande? «Je ne vais plus acheter de viande au supermarché. Avant, j'allais la chercher chez un éleveur que j'avais choisi, qui respectait ses bête. Mais ce n'était pas non plus optimal.»
Et désormais? «C'est mon compagnon, qui s'adonne à la chasse, qui ramène la viande que je mange. C'est contraignant, j'en consomme moins, mais ces animaux ont vécu une belle vie en forêt.»
Que pense Marie-Paule des sceptiques qui estimeraient que son activité est une charlatanerie?
La Valaisanne se décrit d'ailleurs comme cartésienne sur de nombreux sujets. «Mais quand ces choses-là viennent à soi, on ne peut pas les repousser.»
Si on souhaite faire appel à Marie-Paule, elle demande tout de même une dizaine de francs, par principe. «Tout travail mérite salaire», explique simplement celle qui dédie une partie conséquente de son temps à la communication animale.
Marie-Paule ne se considère pas comme une médium ou une guérisseuse. Elle utilise son don de la manière qu'elle juge utile, pour aider les autres et être en phase avec son chemin de vie. «Si on reste dans le matériel et centré sur soi-même, sans ouverture aux autres, on ne peut pas toucher à ce niveau d'ouverture ou de perception qui permet le "contact".» Mais elle en est persuadée:
Note: contrairement à ce qui avait été écrit en premier lieu, le chat qui a été percuté par une voiture n'a pas survécu. Cet élément a été corrigé.