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Le pollen et la pollution vont gâcher votre printemps

Le pollen et la pollution vont gâcher votre printemps

Les personnes souffrant du rhume des foins s'apprêtent à vivre une période pénible avec l'arrivée des beaux jours. Car en raison du changement climatique, la saison pollinique dure désormais plus longtemps.
05.05.2023, 18:5206.05.2023, 18:08
Bruno Knellwolf / ch media
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Les personnes allergiques sont en état de crise: cette semaine, le pollen de graminées fait rage. Aujourd'hui, les fleurs d'un seul brin d'herbe contiennent environ quatre millions de grains de pollen. Environ 70% des personnes allergiques au pollen sont allergiques aux graminées, ce qui représente 1,2 million de personnes en Suisse.

«MétéoSuisse a établi ces prévisions peu favorables aux personnes allergiques à l'aide de données polliniques en temps réel, de l'évolution de la végétation et de la situation météorologique actuelle.»
Noemi Beuret, experte au Centre d'allergie Suisse (aha!)

Au Tessin, les pollens de graminées flottent déjà depuis la mi-avril. Sur le Plateau suisse, les premiers pollens de graminées ont maintenant été mesurés. Comme les graminées fleurissent environ trois à quatre semaines plus tard à 1500 mètres d'altitude, la situation est encore calme en altitude.

6 types de pollen causent toutes les allergies

Six types de pollen sont responsables d'environ 95% des allergies au pollen. Il s'agit des pollens de graminées, qui débutent actuellement, ainsi que des pollens de bouleau, de frêne, de noisetier, d'aune et d'armoise.

Toutes les personnes ne sont cependant pas sensibles aux mêmes pollens. Certaines ne réagissent qu'à un seul type de pollen, d'autres à plusieurs. Les bouleaux et les noisetiers possèdent des allergènes similaires, c'est pourquoi les personnes concernées présentent des réactions croisées. Les personnes allergiques au pollen de graminées vont quant à elles éternuer jusqu'à la fin de l'été.

«Jusqu'à présent, la saison pollinique n'est pas exceptionnellement forte»
Noemi Beuret

Heureusement pour les personnes allergiques, le mauvais temps et l'humidité ont retenu le pollen des autres plantes et des arbres. «Quand il fait trop froid ou qu'il pleut, les plantes ne libèrent pas de pollen. En outre, une demi-heure de pluie élimine tous les pollens de l'air. Pour les personnes souffrant du rhume des foins, ces phases de mauvais temps apportent une atténuation des symptômes», explique Noemi Beuret.

Moins de pollen de bouleau ce printemps

La météo maussade est l'une des raisons pour lesquelles le bouleau, qui a fleuri dès la fin mars, a libéré moins de pollen durant ce printemps que l'année dernière. «D'autre part, le bouleau suit un rythme bisannuel et a connu en 2022 ce que l'on appelle les "années du mât", durant lesquelles ils produisent une quantité relativement importante de fruits. Du coup, l'année suivante, les arbres fleurissent moins», explique l'experte au Centre d'allergie Suisse (aha!).

Et pourtant, les personnes souffrant d'allergies affirment depuis longtemps avoir été touchées tôt par le rhume des foins en 2023. Noemi Beuret le confirme:

«Il est vrai que cette année, le pollen a été particulièrement précoce dans l'air. Dès le 2 janvier, on a enregistré des taux modérés de pollen de noisetier en plaine.»

Le noisetier a donc fleuri environ 20 à 30 jours plus tôt par rapport à la moyenne des 30 dernières années.

Le pollen est de plus en plus agressif

Ce qui pose problème aux personnes souffrant d'allergies, c'est la tendance à la croissance de l'agressivité du pollen. «Certaines études montrent que les plantes produisent davantage d'allergènes dans les zones touchées par la pollution atmosphérique», poursuit Noemi Beuret.

Les polluants atmosphériques rendent donc les pollens plus agressifs. Ils sont modifiés par les oxydes d'azote et l'ozone, ce qui les rend plus allergènes. Les polluants atmosphériques irritent encore plus les voies respiratoires, ce qui aggrave encore les symptômes. Le pollen des arbres urbains stressés, qui sont davantage exposés aux agents pathogènes et aux polluants atmosphériques, est également plus agressif.

«Par ailleurs, le changement climatique prolonge la saison pollinique»
Noemi Beuret, experte au Centre d'allergie Suisse (aha!)

En raison du réchauffement de la planète, la saison pollinique du noisetier, du bouleau et du frêne commence environ deux à trois semaines plus tôt qu'il y a 30 ans. Les graminées sont en fleurs une dizaine de jours plus tôt en mai, et certaines plantes fleurissent plus longtemps en automne.

20% de la population est allergique au pollen

En même temps, la végétation change en Suisse. «Le bouleau, par exemple, peut se répandre dans les régions en altitude – ce qui peut entraîner une augmentation du pollen dans les montagnes». De plus, de nouvelles plantes allergènes provenant de la région méditerranéenne peuvent s'installer chez nous, comme l'olivier que l'on trouve dans tous les Landi.

De manière générale, les études montrent que les plantes produisent plus de pollen lorsque la concentration en CO2 augmente. Par conséquent, la fréquence des allergies au pollen augmente. Aujourd'hui, environ 20% de la population est allergique au pollen, contre moins de 1% au début du 20e siècle et 14,1% en 1991 selon le centre d'allergie.

Les personnes allergiques se défendent à l'aide de différentes thérapies médicales. Par ailleurs, une aide est également apportée par la nouvelle application pollinique en temps réel du Centre d'allergie, développée par Météo Suisse. Une fois par heure, les concentrations mesurées à différents endroits de Suisse sont automatiquement transmises à l'application pour smartphone. Les concentrations de pollen sont relevées à l'aide de pièges à pollen spéciaux de haute technologie - avec des lasers qui détectent et comptent les différents types de pollen.

«Les données polliniques en temps réel sont une première mondiale», dit Noemi Beuret. Jusqu'à présent, il n'existait que des pièges à pollen qui nécessitaient un comptage manuel des pollens sous le microscope, ce qui prenait beaucoup plus de temps. Grâce à cette information rapide, les personnes souffrant du rhume des foins peuvent mieux éviter les facteurs déclencheurs, adapter leurs activités en conséquence et également mieux planifier le moment où elles doivent prendre leurs médicaments.

Les différents traitements et médicaments

Le risque de pollen a tendance à augmenter. Tout le monde espère alors un nouveau traitement, comme par exemple un vaccin contre le rhume des foins. Noemi Beuret explique:

«Des recherches très intensives sont actuellement menées sur le sujet; mais il n'existe malheureusement pas encore de remède miracle»

Il existe cependant des contre-mesures. Il est important de traiter correctement le rhume des foins. «Sinon, il peut se transformer en asthme», poursuit-elle. Les médecins et les allergologues prescrivent généralement des antihistaminiques ou des préparations à base de cortisone. Les antihistaminiques sont des substances actives qui inhibent l'hormone tissulaire histamine.

Une autre possibilité de traitement est la désensibilisation, une immunothérapie spécifique aux allergènes qui, selon les études, cela permet de soulager les symptômes de 75 à 80% et de réduire considérablement la consommation de médicaments.

Attention à la fatigue

Les personnes allergiques se plaignent souvent que les médicaments connus contre le rhume des foins, c'est-à-dire les antihistaminiques, les rendent fatigués.

On distingue trois générations de principes actifs. La première génération comprend les principes actifs clémastine, dimétindène et hydroxyzine. La deuxième génération comprend la cétirizine et la loratadine, et la troisième génération la bilastine, la lévocétirizine, la desloratadine et la fexofénadine.

«Les différences entre les principes actifs se situent au niveau de la puissance de l'effet, de sa vitesse d'apparition et surtout de l'effet modérateur qu'ont les médicaments de la première génération.»
Noemi Beuret, experte au Centre d'allergie Suisse (aha!).

Les antihistaminiques bloquent les récepteurs d'histamine H1, qui sont responsables des symptômes allergiques typiques déclenchés par l'histamine, tels que les démangeaisons, les gonflements ou les rougeurs. Ils interrompent ainsi la réaction allergique. «Ces récepteurs d'histamine H1 sont également présents dans le cerveau et sont entre autres responsables de la somnolence», précise-t-elle. Si l'antihistaminique s'y fixe, cela peut provoquer de la fatigue. C'est le cas des antihistaminiques de première génération.

En général, ils ne sont plus recommandés. Si un tel médicament contre le rhume des foins est tout de même prescrit, l'heure de prise doit être discutée avec le médecin ou le pharmacien. Si l'on prend malgré tout un médicament de la première génération pendant la journée, il faut, par mesure de sécurité, renoncer à conduire et à travailler avec des machines. Les antihistaminiques de première génération ne sont pas non plus recommandés parce qu'ils diminuent la qualité du sommeil.

Les antihistaminiques de nouvelle génération, tels que la bilastine, la cétirizine, la loratadine, la fexofénadine et la desloratadine, ont été développés de manière à agir plus sélectivement sur les récepteurs H1 de l'histamine. «Ils ne pénètrent plus aussi bien dans le système nerveux central, ce qui fait qu'ils ne fatiguent presque plus tout en ayant un bon effet», explique Noemi Beuret.

Elle conseille aux personnes concernées qui n'ont que des troubles locaux de recourir en général plutôt d'abord à des antihistaminiques à action locale comme des gouttes pour les yeux ou des sprays nasaux. Le médicament approprié devrait être prescrit par le médecin de famille ou par un allergologue. (aargauerzeitung.ch)

(Traduit et adapté par Pauline Langel)

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