L'auteur d'une tentative de féminicide et un de ses complices sont jugés lundi et mardi par le Tribunal criminel de Neuchâtel. Ils ont mis le feu en octobre 2022 à Areuse à l'ex-compagne de l'accusé principal dans l'intention de la brûler vive.
Ne supportant pas que son ex-compagne ait mis fin à leur relation et qu'elle entretienne de nouvelles relations intimes, l'accusé l'a surveillée à de nombreuses reprises dès fin 2020 pour connaître ses habitudes, son emploi du temps et ses fréquentations, peut-on lire dans l'acte d'accusation.
Le quinquagénaire portugais a voulu convaincre – sans succès – deux complices de s'en prendre à elle en lui tirant dans les jambes avec une arme à feu. Il est revenu à la charge en proposant à d'autres personnes d'asperger d'essence la victime et de lui mettre le feu. Il a insisté à plusieurs reprises, promettant notamment 4000 francs à une personne en échange de ce «service».
Dès août 2022, le principal accusé relance de manière insistante un de ses compatriotes, lui promettant de l'argent et lui faisant miroiter un emploi. Dès octobre 2022, un deuxième protagoniste entre dans le projet d'agression. Le prévenu principal fait en sorte que les faits se déroulent un soir où il travaille, pour se forger un alibi.
Pour que la victime sorte de chez elle, l'un des deux complices a sonné à son domicile en prétextant avoir endommagé sa voiture sur le parking de l'immeuble. Une fois sortie, la quadragénaire a été immobilisée. Les agresseurs lui ont placé un chiffon imbibé d'essence sur la bouche et ont versé le contenu de la bouteille sur sa tête et lui ont mis le feu, alors que ses enfants mineurs étaient présents au domicile.
Le fils, qui a vu sa mère brûler vive, a entendu ses cris et a appelé les secours. La victime a eu son pronostic vital engagé et a été placée en coma artificiel et intubée pendant 15 jours. Elle a été brûlée sur au moins 25% de la surface corporelle. Elle souffre de nombreuses séquelles physiques et psychiques. Elle doit porter des vêtements de compression et un masque en plastique pour comprimer le cou et le visage.
Les deux complices ont fui le territoire suisse pour le Portugal après leur méfait accompli. Ils ont retrouvé en France, près de la frontière franco-suisse, le principal accusé qui leur a remis de l'argent. Ce dernier a fait l'aller-retour en Suisse pour leur amener du carburant afin que ceux-ci puissent poursuivre leur fuite, ajoute l'acte d'accusation.
L'accusé principal est aussi jugé pour une escroquerie en lien avec des prêts Covid en tant qu'administrateur d'un restaurant qu'il avait ouvert en novembre 2019 et dont les activités ont cessé en juin 2020. Il a causé un dommage de près de 20 000 francs au Cautionnement romand.
Le prévenu a aussi induit volontairement en erreur le Service de l'économie du canton, qui lui a aussi versé en 2021 10'000 francs au titre des «cas de rigueur» Covid, alors que le restaurant avait cessé son activité et que le fonds de commerce avait été vendu. (jzs/ats)