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La Suisse doit se préparer à affronter Trump et Poutine

La Suisse doit se préparer à affronter Trump et Poutine
Face aux totalitarismes du 21e siècle, la Suisse doit changer d'état d'esprit.getty/watson
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La Suisse doit se préparer à affronter Trump et Poutine

Augmenter le budget de la défense et les effectifs de l'armée, c'est bien, mais cela ne suffit pas. Un autre changement s'impose.
05.03.2024, 17:0006.03.2024, 08:33
Remo Hess, bruxelles / ch media
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Sur le plan militaire et politique, les nouvelles de la semaine passée – et des semaines précédentes – ne sont pas bonnes. En Ukraine, l'armée est à court de munitions dans sa lutte contre l'envahisseur russe. Les Etats-Unis ne parviennent pas à surmonter leurs blocages internes et à débloquer les livraisons d'armes dont leurs alliés ont urgemment besoin. Quant à l'Allemagne, elle est également retombée dans de longues tergiversations et refuse de fournir à Kiev les importants missiles d'attaque Taurus.

Pendant ce temps, le président Vladimir Poutine menace ouvertement d'utiliser son arsenal nucléaire.

Le monde est devenu incontrôlable. La tentation de détourner le regard et d'espérer que tout finira par s'arranger est grande. Toutefois, il est peu probable que cela se produise.

La défense commence dans la tête

En Suisse et en Europe occidentale, même après deux ans de guerre, nous n'avons pas encore pris conscience de ce qu'il se passe sous nos yeux. Si l'Ukraine devait perdre cette guerre, cela ne signifierait pas seulement la fin de l'Etat ukrainien. Ce serait aussi la victoire de l'impérialisme russe sur toutes les sociétés libres et démocratiques. En ce sens, Poutine a raison: l'enjeu de la guerre en Ukraine est la suprématie occidentale et l'avenir de l'ordre mondial global.

Dans les pays un peu plus proches de cette actualité, on l'a compris. Après des décennies de neutralité, la Suède et la Finlande viennent de rejoindre l'Otan. Pour eux, il s'agit d'un pas capital. Dans les pays baltes et en Pologne également, on sait que c'est maintenant tout, ou rien.

Il serait faux de dire que la Suisse est restée inactive. Dans notre pays aussi, le budget de la défense sera augmenté et le nombre de soldats sera même revu à la hausse, comme l'a annoncé le chef de l'armée Thomas Süssli dans une interview. L'effort est louable, mais l'argent ne suffira pas. Un changement d'état d'esprit s'impose. Il est nécessaire de se tourner vers un nouvel esprit de défense nationale. Un concept social global, similaire à celui avec lequel la Suisse a fait face à la montée du nazisme et du communisme soviétique, il y a bientôt 100 ans.

Les totalitarismes du 21e siècle

Qu'il n'y ait pas de malentendu. Il ne s'agit pas de creuser une tranchée dans son jardin le dimanche matin ou de distribuer des munitions de poche à tous les ménages suisses la semaine prochaine. Cette nouvelle culture de la défense nationale implique avant tout une chose: une attitude intérieure. Il s'agit de reconnaître les menaces de notre temps et de leur opposer les valeurs suisses ancestrales telles que la diversité, la démocratie et la dignité de l'être humain.

Outre le poutinisme en Russie, qui mène l'Europe à sa perte, le trumpisme aux Etats-Unis fait partie de ces menaces. Il s'agit des totalitarismes du 21ᵉ siècle qui, chacun à leur manière, s'attaquent aux fondements des démocraties occidentales.

En Suisse, il est étrange que ce soient justement les représentants du parti qui a inscrit la «liberté» sur sa bannière qui se posent comme les plus complaisants vis-à-vis de Donald Trump et de Vladimir Poutine. Pourtant tous deux, avec leur mépris affiché pour la démocratie, ne pourraient pas être moins suisses. Il était tout aussi déconcertant d'entendre le président de la Confédération de l'époque, Alain Berset, parler d'une «frénésie guerrière» occidentale à propos de l'Ukraine.

La guerre en Ukraine devrait durer encore longtemps. Il est donc d'autant plus important de ne pas s'en détourner, même en dépit des nombreuses mauvaises nouvelles. La Suisse est peut-être neutre. Mais se lever pour la démocratie est un devoir civique.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

Alexeï Navalny (1976-2024)
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Alexeï Navalny (1976-2024)
Navalny assiste à une audience au tribunal de la ville de Moscou, à Moscou, Russie, le 30 mars 2017.
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