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Elections fédérales: il y a une bonne raison de ne pas s'allier à l'UDC

Thierry Burkart, Gerhard Pfister, Marco Chiesa: respectivement présidents du PLR, du Centre et de l'UDC.
Thierry Burkart, Gerhard Pfister, Marco Chiesa: respectivement présidents du PLR, du Centre et de l'UDC.Image: watson
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Il y a une bonne raison de ne pas s'allier à l'UDC: vous avez deviné?

Le PLR et Le Centre nouent des alliances avec l'UDC avant les élections fédérales d'octobre. Ça ne plaît pas à la gauche, qui s'insurge contre les positions du parti populiste sur l'immigration. Il y aurait bien une raison de ne pas monter dans le même train que l'Union démocratique du centre: c'est son attitude face à la guerre en Ukraine.
23.06.2023, 18:4225.06.2023, 10:46
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A Genève, à Zurich, dans le canton de Vaud, dans le Jura, le PLR, parfois Le Centre avec lui, s’allient à l'UDC en vue des élections fédérales d’octobre. Un PACS qui ne survivra peut-être pas au-delà du scrutin. Présentées comme des accords de circonstance, ces unions doivent profiter aux parties contractantes.

L’UDC pense y gagner là où elle n’est pas la plus forte, à Genève et Lausanne par exemple. Le PLR et Le Centre veulent éviter de perdre des sièges en profitant de la dynamique UDC sur des questions qu'ils estiment ne plus pouvoir ignorer en regardant ailleurs: l’immigration et l’asile, en bonne place dans les préoccupations des Suisses. Et puis, les alliances électorales passées ces dernières années entre ces partis au niveau cantonal ont montré qu’elles permettaient de battre la gauche rose-verte.

Pour le PLR et Le Centre, il en va de leurs représentations respectives aux Chambres à Berne, partant, de leur présence au Conseil fédéral.

Prévenir l'hémorragie

Alors oui, comme le note un confrère romand, les «digues morales» sautent, en particulier sur la question migratoire, quand le PLR, le «grand vieux parti» du pays, donnait il n’y a pas si longtemps encore des leçons de maintien à l’UDC, s’offrant le luxe de partir seul au front. Mais les craintes liées à l’immigration ne peuvent pas non plus être traitées avec dédain. Chez certains centristes, singulièrement à Genève, le revirement est de ce point de vue spectaculaire. Question de survie. Avec, sans doute, l'argument ou l'excuse que la collégialité comme système de gouvernance permet des échanges de bons procédés garantissant à chacun la possibilité d'affirmer ses principes et, au besoin, de «sauver son âme».

Il ne serait pas étonnant que le sérieux recul de la droite républicaine en France, au profit du Rassemblement national (ici l’équivalent de l’UDC) et d’un parti présidentiel grandement conjoncturel, ait fini de convaincre le PLR et Le Centre de l’inefficacité des mises en garde répétées contre la rupture des digues morales. Les questions sociétales portées par la gauche étant un autre aspect de l'équation électorale, les sondages indiquant une lassitude des Suisses à leur égard.

Arguments devenus inopérants

Et c'est bien sur l'immigration et le genre que cette alliance décomplexée à droite suscite une forte réprobation à gauche. Comme ci-après dans le tweet du président des Jeunes socialistes suisses, Nicola Sigriest:

«Le PLR zurichois dit oui à une liste d'union avec l'UDC. Le parti dit ainsi oui à une alliance avec un parti qui milite contre les migrants, mène des campagnes de mensonges, attaque les homosexuels et entretient les meilleures relations avec les extrémistes de droite. Le PLR banalise davantage encore les ennemis de la démocratie.»

Les arguments de la Jeunesse socialiste suisse sont connus. Ils n'impressionnent plus grand monde, en France comme en Suisse.

La ligne qu'il ne fallait pas franchir

Il y aurait pourtant une raison, évidente, de ne pas s’allier à l’UDC à l'approche des élections fédérales d’octobre. Cette raison, c’est la position ambiguë, le mot est faible, du parti de Marco Chiesa sur la guerre en Ukraine.

En boycottant le discours du président ukrainien Wolodymyr Zelensky, tenu le 15 juin devant les Chambres fédérales, les parlementaires UDC ont franchi une ligne qui les place dans le camp, non pas des vainqueurs ou des vaincus, mais de ceux qui se croient plus malins que les autres. Un camp où il convient de ne pas aller quand rugissent les armes comme jamais en Europe depuis 1945. La seule attitude digne est de se mettre du côté du peuple agressé en lui témoignant son soutien, quoi qu’on puisse penser des circonstances qui ont produit la guerre. S’il fallait trouver une raison de ne pas faire alliance avec l’UDC, ce serait celle-ci. Pourquoi n'y pense-t-on pas?

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