Ce dimanche, l'initiative des Jeunes Verts sur la responsabilité environnementale, considérée comme trop imprécise et radicale, était destinée à échouer dans les urnes. Ça n'a pas manqué: quasiment 70% de refus.
Nous autres journalistes aimons bien utiliser des termes comme «claque», mais là, on peut dire que c'est un uppercut. Un terrible constat nous apparaît ce dimanche:
L'heure de l'introspection devrait avoir sonné chez les Jeunes verts, mais il n'en est rien. Sur la RTS, sa coprésidente Margot Chauderna a dénoncé une «campagne de la peur et des puissants» face à des jeunes — forcément écologistes, donc? — qui seraient «méprisés par certains milieux».
Mais cette défense ne tient pas. Ce que l'année 2024 a prouvé en termes de votations, c'est qu'avec des arguments bien choisis sur une thématique concernante auprès du peuple — l'AVS ou la LPP —, celui-ci peut parfaitement voter à gauche et contre les intérêts des milieux économiques.
Contrairement à la gauche syndicale, les jeunes progressistes urbains et les milieux universitaires peinent à faire entendre leurs voix au-delà des frontières de leur monde. Ce qui est dommage, car un boulevard leur était ouvert dans les sillages des Grèves du climat et de la vague verte de 2019.
Les Jeunes verts, c'est justement ceux qui ont fait grandir leur conscience écologique dans les rues, à la fin des années 2010. Ce dimanche, leurs bonnes intentions s'écrasent face à la loi démocratique du nombre. Nous assistons à l'enterrement dans les urnes de l'idée d'une stratégie radicale pour le climat, celle qui devait triompher face à l'«urgence climatique».
«C'est compliqué, ces limites planétaires», ont répété les initiants. Plus que le fonctionnement de l'AVS ou de la LPP, vraiment? Ce refus s'explique avant tout par le manque d'aspect pratique de la proposition. Un point que les Jeunes verts ont «délégué» avec peu de courage au Parlement, qui aurait dû mettre le paquet pour l'adapter en dix ans.
Un consensus a, par ailleurs, émergé durant cette campagne: la droite a rabâché qu'elle aussi voulait améliorer la situation écologique, mais pas aussi radicalement. C'est sûr, il est beaucoup plus facile de donner des bons points à ses opposants lorsqu'on voit leur bateau prendre l'eau. Ces déclarations ont valeur de promesse: ce sera aux écologistes de le rappeler à Berne.
Face à cet échec des Verts, difficile de ne pas se tourner vers la stratégie des «petits pas» préconisée par les Vert'libéraux. Sa vice-présidente Céline Weber a joué les équilibristes sur les plateaux de la RTS depuis plusieurs jours, tentant de jeter des ponts entre les différentes parties.
Quelle est la prochaine étape? Vivre avec les conséquences du changement climatique et continuer la méthode des petits pas, quitte à augmenter la foulée. Mais les grandes enjambées, ça ne fonctionne pas. En espérant que les conséquences que brandissent les rapports du GIEC soient moins dramatiques que prévu.