Dimanche noir pour les Verts. Les écologistes, dont la section jeune a lancé une initiative demandant à respecter les «limites planétaires», une série de critères écologiques destinés à maintenir notre planète viable à long terme, ont échoué.
Toutes les parties en présence, qu'il s'agisse des milieux économiques, des partis centristes ou de droite, se mettent cependant d'accord sur un point: la transformation de notre économie et de notre société en un modèle plus écologique reste un objectif. Mais les priorités et les méthodes divergent.
L'organisation de protection de l'environnement Greenpeace, qu'on ne présente plus, a également pris acte de ce refus. Sophie Fürst, responsable de la campagne en faveur de l'initiative pour la responsabilité environnementale, réagit.
L'échec d'aujourd'hui est clair et net. Comment l'expliquer?
De nombreuses personnes ont découvert le principe des «limites planétaires» durant cette campagne, plutôt courte d'ailleurs. L'impression que la thématique était compliquée ou que les mesures claires à appliquer manquaient est aussi une raison. Mais dans les faits, les solutions à apporter sont déjà connues, comme la promotion de l'économie circulaire ou de l'énergie renouvelable. De fait, rien de nouveau.
C’est aussi un problème que nous avons observé pendant la campagne.
Les «limites planétaires» sont désormais mieux connues: c'est positif, non?
C'est un principe avec lequel nous travaillons depuis plusieurs années à Greenpeace, déjà. Ce modèle est important, car il permet de montrer à quel point le futur devient incertain si ces limites sont dépassées. Dans le même genre, des scientifiques ont développé le concept d'«économie du donut». La question du bien-être est au centre de notre démarche, plutôt que le profit des entreprises ou des super-riches.
Un changement trop radical de système, ça ne convainc pas la population, aujourd'hui en est la preuve...
Vous dites «radical», je dis «visionnaire». Il faut être visionnaire, sinon on n'avance pas.
Le moment est donc venu de dire que l'on en fait pas assez. Si l'initiative avait été acceptée, la discussion qui aurait suivi au Parlement aurait servi de base pour son application.
Comment faut-il faire pour respecter ces limites planétaires, alors?
En Suisse, où elles sont clairement dépassées, il faut renforcer les programmes de protection du climat, comme en modernisant nos méthodes de chauffage et en les rendant plus écologiques. Mais avec le programme d’allégement des finances de la Confédération mis en avant par le Conseil fédéral à chaque occasion, c'est difficile.
Je pense notamment aux suites de l'acceptation de la Loi climat par le peuple en juin 2023. Je pense à Albert Rösti qui tarde à définir les objectifs climatiques de l'administration fédérale, qui doit pourtant jouer un rôle de pionnière dans la politique climatique. Outre le climat, le fait que l'obsolescence programmée soit encore appliquée pour le matériel électronique est un énorme problème.
Sur la question des énergies décarbonées, Greenpeace n'a pas changé d'avis sur le nucléaire?
Nous sommes contre le nucléaire, qui est d'ailleurs un gouffre financier, si on regarde bien le prix en milliards d'un nouveau réacteur. Nous préférons nous engager en faveur de la promotion des énergies renouvelables et de méthodes efficaces qui permettent de résoudre les problèmes énergétiques de manière optimale.