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La campagne électorale profite à l'UDC

Un bandeau "Tous pourris!" cole sur une affiche du candidat fribourgeois UDC Pierre-Andre Page, candidat pour le Conseil national et le Conseil des Etats lors des prochaines elections federa ...
Une affiche (ou ce qu'il en reste) du candidat fribourgeois UDC Pierre-Andre Page, candidat pour le Conseil national et le Conseil des Etats.Image: KEYSTONE
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La campagne électorale est méga-molle et ça profite à un parti

Les primes d'assurance maladie sont le sujet de préoccupation numéro un. Or, l'électorat ne fait pas confiance aux partis pour trouver une solution. C'est l'une des raisons pour lesquelles l'UDC devrait remporter les élections.
12.10.2023, 17:0512.10.2023, 17:55
Peter Blunschi
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Après la Covid, la guerre en Ukraine, l'inflation, les crises énergétique, migratoire et climatique, un sujet brûlant, presque oublié, a fait son retour sur la scène internationale: le conflit au Proche-Orient. L'escalade de la violence entre Israël et le Hamas pourrait se transformer en embrasement général. Il semble que le monde soit incapable de sortir de l'état de crise.

Dans certains pays, cela entraîne des perturbations politiques, comme la progression de l'AfD (réd: parti politique de droite radicale) en Allemagne. Et en Suisse? Les élections nationales ont lieu dans dix jours, mais il ne faut pas s'attendre à de grands bouleversements dans notre système basé sur la stabilité. C'est ce que montre le dernier baromètre électoral de la SSR, le dernier grand sondage avant les élections.

L'enquête de l'institut Sotomo du géographe politique Michael Hermann a certes été réalisée avant l'attaque terroriste du Hamas. Mais l'expérience montre que les événements qui ne touchent pas directement le quotidien en Suisse ont peu d'influence sur le comportement des électeurs.

Faible glissement vers la droite

Il est frappant de constater que le baromètre électoral actuel n'a guère changé par rapport à celui de septembre. L'UDC progresse nettement, mais ne compensera guère toutes les pertes de 2019. Les pertes des Verts de 3,5% sont encore plus marquées, mais ils ne perdent, eux aussi, qu'une partie des gains réalisés lors des «élections climatiques» de 2019.

Au final, il en résulte un glissement vers la droite, qui ne sera probablement pas aussi net qu'en 2015, indique le rapport Sotomo. A l'époque, l'UDC et le PLR avaient atteint ensemble 45,8% de l'électorat. Selon le sondage actuel, ce chiffre est de 42,2%. Cela n'est guère surprenant au vu de la campagne électorale, qui a été plutôt molle.

Démobilisation

L'historien Urs Altermatt a également remarqué la mollesse de la campagne électorale, comme il l'explique dans une interview accordée à CH Media. Pour lui, les partis appliquent une stratégie de démobilisation «qui a permis à Angela Merkel de devenir quatre fois chancelière allemande». Concrètement, cela signifie qu'il ne faut surtout pas attaquer la concurrence, car cela pourrait effrayer ses membres.

Même l'UDC, qui joue à fond la carte des étrangers et de l'immigration et qui, comme à son habitude, mène une campagne émotionnelle et populiste, se garde bien, cette fois-ci, d'attaquer les «gauchistes et les tout gentils». Contrairement aux dernières élections, le parti semble par ailleurs à nouveau réussir à mobiliser ses propres partisans.

Le danger d'une campagne électorale si «plate» est, en effet, que sa propre base ne soit pas suffisamment motivée. La palme revient aux Vert'libéraux, dont le slogan «Le courage d’agir pour la protection du climat, l’Europe et notre société» occupe la première place du podium de l'ennui. Sans surprise, le baromètre électoral prévoit donc des pertes pour le parti.

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THEMENBILD ZU DEN KRANKENKASSENPRAEMIEN --- [Symbolic Image] Different Swiss health insurance cards, photographed in Zurich, Switzerland, on September 9, 2019. (KEYSTONE/Christian Beutler)..[Symbolbil ...
Les primes d'assurance maladie sont le sujet de préoccupation numéro un.Image: keystone

Fin septembre, le ministre de la Santé sortant Alain Berset a annoncé la mauvaise nouvelle: les primes d'assurance maladie n'ont jamais autant augmenté que durant son mandat. Cela se répercute sur le baromètre électoral: sur la liste des principaux défis politiques, les primes arrivent désormais largement en tête.

Mais cela ne semble guère avoir d'effet sur le comportement électoral. Le PS et le Centre, qui gèrent activement le sujet, sont les plus susceptibles d'en profiter, mais ils ne font pas non plus de grands bonds dans le sondage. En effet, seule la moitié des personnes interrogées qui considèrent les primes d'assurance-maladie comme un défi majeur les prennent en compte dans leur décision de vote.

Cela laisse supposer une certaine résignation. L'électorat ne semble pas faire confiance aux partis pour maîtriser le problème. Ce qui n'est pas étonnant au vu des débats stériles sur les réformes au Parlement. En revanche, la migration influence les trois quarts des personnes qui la considèrent comme un thème prioritaire. Il n'est donc pas étonnant que l'UDC progresse.

Centre ou PLR?

Une tendance semble se confirmer: le Centre dispute la troisième place au PLR, avec un pronostic de 14,3% des voix (contre 14,1% pour le FDP). Tout reste ouvert, la marge d'erreur statistique étant de +/- 1,2 point de pourcentage. Et avant les deux dernières élections, l'écart des sondages Sotomo était en moyenne de 0,69 point de pourcentage par parti.

La bourse électorale de watson voit également le Centre et les Libéraux-Radicaux pratiquement à égalité. La tendance des dernières semaines plaide toutefois en faveur du produit de la fusion du PDC et du PBD. La question de la formule magique du Conseil fédéral se pose donc, mais le président du Centre, Gerhard Pfister, exclut toute attaque contre un siège du PLR. La situation pourrait changer lors de la prochaine vacance.

Conseil fédéral

Le système suisse se caractérise par le fait que les élections parlementaires n'ont pas d'influence directe sur la formation du gouvernement. C'est l'une des raisons pour lesquelles les discussions sur une revendication du Centre sont inutiles. Mais concrètement, l'enjeu de l'élection générale du Conseil fédéral en décembre est la succession d'Alain Berset pour le deuxième siège du PS.

Une possible attaque des Verts est évoquée, mais le PS peut dormir tranquille. En effet, avec un pronostic de seulement 9,7%, les Verts risquent de tomber sous la barre psychologiquement importante des 10%. Ils seraient encore environ deux fois moins nombreux que le PS et pourraient enterrer leurs prétentions – même si l'Union suisse des paysans flirte avec l'idée de les aider à attaquer le PS.

Mais le «number one» incontesté reste l'UDC. Le parti pourrait même atteindre les 30%, ce qu'il avait manqué de peu en 2015 et qu'aucun parti n'avait réussi à faire depuis l'introduction du scrutin proportionnel en 1919. L'UDC semble, en effet, avoir un potentiel de mobilisation. C'est possible, car on prête en quelque sorte à l'UDC un potentiel de mobilisation naturel. De ce point de vue aussi, le parti bénéficie de la mollesse générale de la campagne électorale.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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