Suisse
Commentaire

Mettre le paquet sur notre armée? Un référendum pourrait voir le jour

Commentaire

L'armée a besoin de milliards et la 13ᵉ rente AVS montre la voie à suivre

Les finances de la Confédération sont à la dérive, le Parlement et le Conseil fédéral se ferment et la situation semble réellement bloquée. Pourtant, une votation populaire pourrait tout résoudre. Explications.
05.04.2024, 16:5505.04.2024, 16:55
Doris Kleck / ch media
Plus de «Suisse»

Le coprésident du PS Cédric Wermuth est revenu à la commission des finances après huit ans d'absence, où il retrouve Damian Cottier et Philipp Bregy. Les chefs de groupe du PLR et du Centre ont également prouvé leur capacité à gérer le portefeuille du pays. Et tant mieux. Après des années d'insouciance financière, le prochain chapitre s'annonce lourd.

La situation n'est, toutefois, pas aussi dramatique que dans les années 1990. A l'époque, Otto Stich ficelait paquet d'économies sur paquet d'économies. Et son successeur, Kaspar Villiger, a de son côté passé bien des nuits blanches. En 1990, la Confédération avait à peine 40 milliards de dettes. Douze ans plus tard, elle en avait trois fois plus.

Mais grâce au frein à l'endettement, la Suisse a trouvé le moyen de sortir de la spirale de l'endettement. Lors de l'introduction de la nouvelle règle fiscale en 2003, le taux d'endettement était d'à peine 25%. Aujourd'hui, il se situe à 17,8%, malgré les énormes dépenses effectuées pendant la pandémie. Une valeur extrêmement basse en comparaison internationale.

Deux milliards de déficits en 2025

Pourtant, tout n'est pas rose pour autant. En 2023, la Confédération a enregistré pour la deuxième fois consécutive un déficit structurel. Ce qui signifie qu'elle a dépensé plus que ce qu'autorise le frein à l'endettement. Et pour 2025, les prévisions tablent sur un déficit de plus de deux milliards de francs. A partir de 2027, il se monterait même à trois voir quatre milliards.

Comment en est-on arrivé là? La politique s'est montrée plutôt insouciante ces dernières années. Elle a voté de nouvelles dépenses sans contrepartie financière. La pandémie de Covid-19 n'a rien arrangé. Soudain, il s'agissait de milliards et non plus de millions.

Les dépenses vont augmenter

Les dépenses pour l'AVS et l'armée augmenteront fortement au cours des prochaines années, grignotant ainsi la marge de manœuvre financière pour tous les autres domaines. Si l'initiative du PS sur les primes est acceptée en juin, le problème s'aggravera. C'est aussi pour cette raison que le Conseil fédéral a rapidement esquissé la manière dont il entendait mettre en œuvre la 13ᵉ rente AVS. A peine quatre semaines après la décision du peuple, il a présenté la facture de la rente complémentaire. Le message était clair: rien n'est gratuit.

La marge de manœuvre de la Confédération en matière d'AVS est moindre. La démographie détermine les dépenses. Actuellement, les baby-boomers partent à la retraite et les gens vivant plus longtemps. Résultat? Les coûts pour la Confédération augmentent. D'ici 2030, l'AVS grèvera la caisse fédérale de trois milliards de francs supplémentaires. L'un des leviers permettant de contrecarrer la croissance des dépenses est l'augmentation de l'âge de la retraite. Et cette mesure fait grincer des dents.

L'armée a besoin d'une remise à niveau

La situation est, toutefois, différente pour l'armée. Pendant des années, la politique a encaissé les dividendes de la paix et n'a pas investi davantage dans la sécurité. Mais la guerre en Ukraine a mis en évidence un besoin de remise à niveau.

Le Conseil fédéral et le Parlement veulent donc augmenter les dépenses de l'armée à 1% du PIB d'ici 2035. Ce qui doublerait le budget alloué: on passerait de 5,5 milliards à environ 10,5 milliards de francs. Cette augmentation a cependant pour conséquence que l'armée supplante d'autres dépenses.

Rappelons que la population ne s'est pas prononcée sur l'augmentation des dépenses de l'armée. Le Centre a, toutefois, formulé une idée: pourquoi ne pas financer l'augmentation des dépenses de l'armée par une augmentation temporaire de la TVA?

Pour cela, il faudrait impérativement un référendum. Quelle est la valeur de notre sécurité? De quoi notre armée doit-elle être capable et de combien d'argent a-t-elle besoin pour cela? Le bon objectif est-il 1% du PIB? Serait-il plus adapté d'adhérer à l'Otan? Des questions qui pourraient être abordées lors de débats démocratiques.

Des jets de combats suisse atterrissent sur l'autoroute
1 / 8
Des jets de combats suisse atterrissent sur l'autoroute
Du 4 - 6 juin 2024, les Forces aériennes suisses testeront leur dispositif de défense sur l’autoroute A1 dans le canton de Vaud. L’objectif de l’armée est de tester sa capacité à décentraliser ses moyens de défense aérienne. Du coup, on a ressorti les images d'archives...
source: keystone / str
partager sur Facebookpartager sur X
Ceci pourrait également vous intéresser:
5 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
5
Voici les «parachutes dorés» versés aux hauts cadres de la Confédération
La loi sur la transparence permet désormais de mettre en lumière les indemnités perçues par les hauts fonctionnaires «congédiés» par le gouvernement.

A Berne, le terme de «parachute doré» revient comme un refrain dès qu’il est question des indemnités de départ des hauts fonctionnaires. Et pour cause: l’an dernier, les 340 000 francs versés à Nicoletta della Valle après son départ de la tête de Fedpol avaient fait grincer des dents.

L’article