Le coprésident du PS Cédric Wermuth est revenu à la commission des finances après huit ans d'absence, où il retrouve Damian Cottier et Philipp Bregy. Les chefs de groupe du PLR et du Centre ont également prouvé leur capacité à gérer le portefeuille du pays. Et tant mieux. Après des années d'insouciance financière, le prochain chapitre s'annonce lourd.
La situation n'est, toutefois, pas aussi dramatique que dans les années 1990. A l'époque, Otto Stich ficelait paquet d'économies sur paquet d'économies. Et son successeur, Kaspar Villiger, a de son côté passé bien des nuits blanches. En 1990, la Confédération avait à peine 40 milliards de dettes. Douze ans plus tard, elle en avait trois fois plus.
Mais grâce au frein à l'endettement, la Suisse a trouvé le moyen de sortir de la spirale de l'endettement. Lors de l'introduction de la nouvelle règle fiscale en 2003, le taux d'endettement était d'à peine 25%. Aujourd'hui, il se situe à 17,8%, malgré les énormes dépenses effectuées pendant la pandémie. Une valeur extrêmement basse en comparaison internationale.
Pourtant, tout n'est pas rose pour autant. En 2023, la Confédération a enregistré pour la deuxième fois consécutive un déficit structurel. Ce qui signifie qu'elle a dépensé plus que ce qu'autorise le frein à l'endettement. Et pour 2025, les prévisions tablent sur un déficit de plus de deux milliards de francs. A partir de 2027, il se monterait même à trois voir quatre milliards.
Comment en est-on arrivé là? La politique s'est montrée plutôt insouciante ces dernières années. Elle a voté de nouvelles dépenses sans contrepartie financière. La pandémie de Covid-19 n'a rien arrangé. Soudain, il s'agissait de milliards et non plus de millions.
Les dépenses pour l'AVS et l'armée augmenteront fortement au cours des prochaines années, grignotant ainsi la marge de manœuvre financière pour tous les autres domaines. Si l'initiative du PS sur les primes est acceptée en juin, le problème s'aggravera. C'est aussi pour cette raison que le Conseil fédéral a rapidement esquissé la manière dont il entendait mettre en œuvre la 13ᵉ rente AVS. A peine quatre semaines après la décision du peuple, il a présenté la facture de la rente complémentaire. Le message était clair: rien n'est gratuit.
La marge de manœuvre de la Confédération en matière d'AVS est moindre. La démographie détermine les dépenses. Actuellement, les baby-boomers partent à la retraite et les gens vivant plus longtemps. Résultat? Les coûts pour la Confédération augmentent. D'ici 2030, l'AVS grèvera la caisse fédérale de trois milliards de francs supplémentaires. L'un des leviers permettant de contrecarrer la croissance des dépenses est l'augmentation de l'âge de la retraite. Et cette mesure fait grincer des dents.
La situation est, toutefois, différente pour l'armée. Pendant des années, la politique a encaissé les dividendes de la paix et n'a pas investi davantage dans la sécurité. Mais la guerre en Ukraine a mis en évidence un besoin de remise à niveau.
Le Conseil fédéral et le Parlement veulent donc augmenter les dépenses de l'armée à 1% du PIB d'ici 2035. Ce qui doublerait le budget alloué: on passerait de 5,5 milliards à environ 10,5 milliards de francs. Cette augmentation a cependant pour conséquence que l'armée supplante d'autres dépenses.
Rappelons que la population ne s'est pas prononcée sur l'augmentation des dépenses de l'armée. Le Centre a, toutefois, formulé une idée: pourquoi ne pas financer l'augmentation des dépenses de l'armée par une augmentation temporaire de la TVA?
Pour cela, il faudrait impérativement un référendum. Quelle est la valeur de notre sécurité? De quoi notre armée doit-elle être capable et de combien d'argent a-t-elle besoin pour cela? Le bon objectif est-il 1% du PIB? Serait-il plus adapté d'adhérer à l'Otan? Des questions qui pourraient être abordées lors de débats démocratiques.