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Russie: la Suisse ne doit plus se cacher derrière sa neutralité

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Si nous n'en faisons pas assez, la terreur russe finira tôt ou tard par arriver jusqu'à nous.Image: imago-images.de
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La Suisse doit arrêter de croire que Nemo est plus dangereux que Poutine

Les services secrets de Poutine se montrent de plus en plus agressifs dans la guerre hybride qu'ils mènent contre l'Europe libérale et démocratique. Dans la Suisse neutre, nous devrions cesser de nous mentir à nous-mêmes.
26.10.2024, 15:5326.10.2024, 16:19
Daniel Schurter
Daniel Schurter
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Les «impacts» se rapprochent. Ils se rapprochent de la Suisse, supposée sûre. Un pays qui se dit neutre et qui veut mener ses affaires sans être dérangé. Un pays où le gouvernement et le parlement atténuent les sanctions économiques européennes contre l'Etat de non-droit qu'est la Russie.

Nemo plus dangereux que Poutine, vraiment?

Un pays dans lequel les conservateurs de droite minimisent les crimes de guerre du chef suprême russe Vladimir Poutine et perdent leur temps en bavardages sur la culture occidentale qui serait en danger à cause de Nemo et de point médian dans l'écriture inclusive. Un pays où, selon son programme officiel, la Parti socialiste souhaite toujours la suppression de sa propre armée.

Parallèlement, les activités de sabotage et d'espionnage russes continuent d'augmenter en Europe. Les services secrets occidentaux et les experts en sécurité mettent en garde contre une Russie de plus en plus agressive.

Poutine veut détruire l'ordre européen d'après-guerre, qui a également apporté sécurité et prospérité à la Suisse. Et nous, que faisons-nous?

Ces derniers mois, les informations selon lesquelles les services secrets russes recrutent des criminels sur le service de messagerie Telegram pour commettre des incendies criminels et d'autres actes de sabotage se sont multipliées. Parallèlement, des projets visant à tuer d'importants acteurs économiques ont été rendus publics. Nos voisins directs sont également concernés.

Le président du service fédéral de renseignement allemand (BND) a publiquement mis en garde cette semaine contre une nouvelle aggravation de la situation. Les services secrets russes agissent «sans le moindre scrupule». Et le chef des services secrets britanniques, le MI5, parle d'«actions dangereuses menées avec une insouciance croissante».

Poutine accroît donc la guerre hybride qu'il mène depuis de nombreuses années contre l'Occident libéral et démocratique. Pourtant, nombre de nos hommes et femmes politiques ne semblent toujours pas avoir conscience du problème. D'autres espèrent sans doute tirer profit également d'une situation de plus en plus difficile.

La Russie cherche à nous déstabiliser

Nous, les Suisses, avons longtemps fait l'autruche, en ignorant le danger croissant pour notre sécurité. Mis à part l'Autriche, également neutre, nous sommes entourés de pays de l'Otan. A partir de là, que peut-il se passer?

Il semble logique que, dans un avenir prévisible, aucune armée ennemie ne se déploie à nos frontières nationales. Du point de vue des ennemis de la démocratie, ce n'est d'ailleurs pas nécessaire: ils travaillent sans relâche à déstabiliser notre système social.

Alors que dans les pays d'Europe de l'Est, directement menacés par Poutine, les responsables ont compris que les despotes sanguinaires ne comprennent que le langage de la force, ici, on continue à miser sur l'«apaisement». La politique nationale se tient prudemment à l'écart des périls et notre économie profite des contournements de sanctions et des transactions triangulaires.

Les décisions favorables à la Russie du Conseil des Etats sont par exemple inquiétantes. De même que l'atténuation des sanctions économiques européennes par le Conseil fédéral, dominé par la droite.

Il faut un changement de mentalité

C'est très dangereux. Nous ne devrions pas nous cacher derrière la neutralité, mais agir résolument contre les opérations hybrides de Poutine en association avec nos partenaires européens. Pour y parvenir, la Suisse a toutefois besoin de son propre «changement d'époque».

Un changement d'ère militaire, tel que l'Allemagne l'a annoncé sous le chancelier Olaf Scholz, mais qui n'a pas été réalisé de manière crédible jusqu'à présent, ne suffit pas. Il faut plutôt un changement de mentalité au sein de la société.

Pourquoi tolérons-nous l'intolérable

Il est humainement compréhensible que les Suisses préfèrent rester en mode refoulement et continuer de vivre le plus tranquillement possible.

Mais nous devons sortir de notre zone de confort et nous poser les questions qui dérangent:

  • Comment la Suisse réagira-t-elle si Poutine poursuit ses opérations hybrides de manière toujours plus agressive et s’attaque encore plus à nos voisins européens et à nos principaux partenaires économiques?
  • Allons-nous vraiment continuer à accepter les campagnes de désinformation et les calomnies financées par le Kremlin et diffusées par RT et consorts, en espérant que le bombardement continu de propagande russe n'ait aucun effet?
  • Pourquoi tolérons-nous que la plateforme de médias sociaux chinoise TikTok alimente un populisme extrême et empoisonne en particulier nos jeunes avec des mensonges antidémocratiques?
  • Si nous refusons effectivement de soutenir militairement l'Ukraine dans sa lutte pour la survie, pourquoi ne pas au moins tout faire pour renforcer les sanctions économiques européennes contre l'unique agresseur qu'est la Russie?
  • Quel plan avons-nous en Suisse si la guerre en Ukraine se poursuit pendant des années et si notre société est de plus en plus divisée?
  • Comment la Suisse est-elle préparée au scénario du pire (qui n'est malheureusement pas irréaliste), à savoir que l'Ukraine s'enfonce par manque d'aide militaire et qu'il en résulte une déstabilisation massive de l'Europe?

Le comportement des responsables de la Berne fédérale montre que l'urgence de la situation est loin d'avoir «imprimé» dans toutes les têtes et parcouru tous les bureaux officiels.

La plus grande menace pour notre sécurité et notre prospérité ne provient pas d'une imposition plus forte et plus juste des multimillionnaires et des milliardaires de notre pays. Mais de la Russie. Et nous avons un sérieux problème pour en prendre conscience.

Voilà comment cette légende du surf apprend la glisse à ses élèves
Video: watson
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