Il est venu à l'heure, empli de stature et de présence, sa voix n'a pas tremblé — du tout. Alain Berset s'est montré plus qu'à l'aise pour sa première intervention face à un panel de journalistes venus le questionner sur l'affaire des Covid-leaks.
L'échange n'a pas duré long. Le ministre est avant tout venu pour parler de l'initiative sur les soins hospitaliers, mais devant les attentes, s'est résolu à partir de l'affaire qui le concernait en premier lieu. Il s'est tenu à ses arguments, expliquant qu'il restait à disposition de l'enquête des commissions de gestions et faisait confiance aux institutions. Au niveau du fond, tout est sous contrôle.
Mais c'est dans la forme, qu'on a pu voir Berset prendre un plaisir certain. Communication maîtrisée, regards joueurs et sourires de séducteur en coin pour éluder les questions délicates avec panache: c'est du grand Berset auquel on a assisté ce mercredi.
Son langage verbal comme non-verbal était impeccable, presque suave. D'autres diraient que le Fribourgeois s'est montré suffisant et intouchable. On savait le conseiller fédéral maître de son image, mais là, au milieu de la tempête médiatique, il faut avouer que son aisance et son savoir-faire communicationnels se sont révélés impressionnants.
Les multiples questions des journalistes n'y ont rien changé, que le Fribourgeois soit secondé par le porte-parole du Conseil fédéral, André Simonazzi, ou qu'il réponde seul. Alain Berset, sans peur et sans reproches, n'a rien laissé ni passer, ni paraître.
En clé de voûte, la petite pique lancée aux journalistes alors qu'il s'extirpait du bourbier médiatique sans aucune tâche sur son costume:
Il faut dire que le ministre n'a, pour l'heure, rien à craindre. L'enquête qui doit avoir lieu, menée par une poignée de parlementaires des commissions de gestion, ne portera pas sur les preuves saisies sur les appareils de Peter Lauener, sous le coup d'une enquête pénale.
En effet, le procureur extraordinaire de la Confédération, Peter Marti, est lui-même poursuivi par l'ex-chef de communication de Berset pour «abus de pouvoir», ce qui bloque la diffusion des preuves collectées. C'est l'issue de cette deuxième enquête pénale, qui pourrait servir de véritable détonateur dans toute cette affaire.
Autrement dit: l'enquête de la commission de gestion est bordée par des limites définitives qui échappent à son contrôle. Alain Berset, qu'il ait quelque chose à se reprocher ou pas, peut se permettre d'affronter les médias sans trembler.
Que se passerait-il si les preuves sous scellés étaient libérées? Si le vent venait à tourner, ce serait un tout autre genre de conférence de presse auquel nous pourrions assister.