Deux mois avant Noël, les pulsions consuméristes sont déjà hors de contrôle. Il s'agit d'anticiper les envies du petit Corentin, d'optimiser la ruée vers le Black Friday et d'éviter les embouteillages du 24 décembre. Bien souvent, la meilleure manière de s'envoyer un premier shoot de dopamine à moindres frais se résume à arpenter les rayons virtuels, sans quitter son canapé.
Objectif: se faire plaisir sans esquinter son budget pour les vingt prochaines années. Si bien que les produits de seconde main sont à la mode, dès qu'il faut penser à habiller le pied de son sapin (et nos creux affectifs). Jeudi matin, tout malin qu'il est, le site Ricardo a adressé ses hightlights à la presse. De quoi faire parler de lui, mais aussi de zoomer sur les nouvelles obsessions mercantiles des Suisses. Autrement dit: qu'est-ce que les Suisses ont cherché (et acheté) aux enchères ces deux derniers mois?
Et bien, soyez prêts, parce que c'est à la fois fidèle à notre ADN et absolument terrifiant.
Comment vous dire... parler d'un «grand écart» n'est pas une métaphore assez forte pour décrire le gap qu'il y a entre le «chocolat de Dubaï» et une «fraise à neige». Oui, vous avez bien lu. Ce banal snack fourré à la pistache croustillante, fabriqué par une confiserie des Emirats et popularisé sur les réseaux sociaux il y a plus d'un an, est désormais le produit le plus recherché sur le site Ricardo. Il faut dire qu'on en fait un tel foin depuis des semaines, qu'il faudrait être une personne sacrément saine et équilibrée pour ne pas craquer avec la meute.
Résultat, on tape «chocolat de Dubaï» dans l'espoir que ce produit peu ragoutant et en rupture de stock depuis sa création soit miraculeusement disponible sur un site d'occasion où l'on cherche des canapés (3ᵉ recherche sur Ricardo ces deux derniers mois) et... des Rolex. Est-ce l'effet «condamnation de Sarkozy» qui affole les compteurs autour de ce bracelet clinquant? Mystère.
Allez, voici le top 5 des recherches Ricardo qui, mine de rien, est très suisse compatible:
Le deuxième classement proposé par le site Ricardo prouve qu'une fois la carte de crédit dégainée, la plupart des Suisses redeviennent très raisonnables et... prévisibles. Plus l'ombre d'un chocolat un peu débile ou d'une montre surestimée. On enfile les Moon Boot et on calme le jeu. Cherchez l'intrus:
Si vous pensiez que les Suisses (ne) se ruaient sur Ricardo (que) pour s'offrir un lave-linge abordable ou une table basse usée, ravalez vos préjugés. Dans notre pays, on est manifestement prêts à dépenser une fortune en deux clics. Surtout lorsque l'on parle d'horlogerie genevoise. Dans le top 5 des articles les plus chers achetés sur le site d'enchères, trois Patek Philippe et surtout un starter-pack pour influenceur mâââââle en immo-crypto.
Jugez plutôt:
On ignore si les Suisses manquent d'originalité, mais on suppute qu'ils ressentent un gros manque de reconnaissance et d'attention, avec tous ces biens purement positionnels.
Allez, joyeux Noël Félix.
(fv)