Le programme de modernisation et numérisation DaziT de l'Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF) a été adopté en 2017 par le Parlement, sous la direction du conseiller fédéral Ueli Maurer et du directeur des douanes Christian Bock. A l'époque, 393 millions avaient été débloqués, le coût total prévisible s'élevant déjà à 465,3 millions en 2021. Mais ces coûts restent flous à l'heure actuelle.
La numérisation de l'administration douanière ne profite pas à tout le monde. Avant ça, SAP, le système de saisie des temps de travail via un badge, a été utilisé par les employés des douanes jusqu'en 2021. Au sein de la Confédération, la pratique est courante. «Cela a très bien fonctionné», déclare une personne directement impliquée.
Puis est survenue la restructuration, la fusion des douanes et des gardes-frontières, poussée par Ueli Maurer et Christian Bock. Depuis, la majorité du personnel doit enregistrer ses heures de travail à l'aide d'un nouvel outil: Rumaca PEP, jusqu'ici utilisé par des gardes-frontières. PEP signifie «planification du déploiement du personnel».
Mais lors de la restructuration, tout ne semble pas avoir été anticipé. Le PEP, qui repose sur Excel, est conçu pour les heures de travail des gardes-frontières sept jours sur sept et n'est pas capable de gérer les horaires de bureau. Le syndicat Transfair écrivait récemment:
«Les personnes qui font des horaires de bureau doivent également s'inscrire dans le PEP, et depuis, rien n'a fonctionné pour elles, raconte un employé concerné. L'outil génère également une rémunération là où elle n'est pas due». Il ne compte pas correctement les heures et «arnaque» le personnel pendant les vacances. Apparemment, il n'est pas capable de reconnaître quand les jours fériés tombent pendant les vacances.
Le personnel a récemment reçu des instructions sur la manière de corriger manuellement les erreurs. Les employés doivent saisir de «fausses» heures de travail afin que l’outil d’enregistrement des temps PEP produise le résultat escompté. Etant donné que certaines durées de travail génèrent automatiquement une rémunération qui n'est pas due, les collaborateurs doivent saisir des durées légèrement différentes.
On sent qu'on vous perd donc voici un exemple concret: un service au guichet de 6h à 12h et de 12h30 à 17h30 génère automatiquement une compensation dans le système. Afin d'éviter le paiement d'une rémunération, les salariés concernés doivent corriger manuellement les horaires de travail de 6h01 à 12h01 et de 12h31 à 17h31 (voir le tableau ci-dessous 👇).
Dans une circulaire, l'Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières énumère d'autres exemples pour contourner le système du PEP.
Ce document soulève de nouveaux problèmes. Une personne concernée déclare:
Le fait de noter des heures de travail incorrectes représente un délit.
L'Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières confirme le problème du système.
«Si un temps de travail sans interruption est inscrit lors de la planification des présences (appelé décalage), les salariés ont droit à une indemnité. Si une pause déjeuner n'est pas prise pendant l'horaire habituel entre 12h et 14h, le PEP ne la reconnaît pas et une correction manuelle est nécessaire, écrit le porte-parole Simon Erny. Cependant, les heures de travail réelles ne seront pas modifiées.»
Lorsqu'on lui demande pourquoi l'Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières, qui s'oriente vers la numérisation, ne met pas à disposition de son personnel un outil fonctionnel de saisie des temps de travail, le porte-parole répond:
Cela prendra un certain temps. Certains employés envisagent de faire appel à un conseiller juridique pour obtenir justice.
Le 1er janvier 2024, l'ancien commandant de la police neuchâteloise Pascal Lüthi prendra ses fonctions de chef des douanes.