Le Conseil fédéral souhaitait accorder aux employés de l'administration fédérale une compensation du renchérissement de 2,5% pour cette année. A l'origine, il avait prévu 2% dans le budget, mais comme l'inflation a été plus élevée que prévu, il a dû procéder à une autre hausse. C'est ce qu'avait convenu le ministre des Finances de l'époque, Ueli Maurer, avec les associations du personnel. Et ça n'a pas plu aux élus.
Au Conseil des Etats, la procédure a été critiquée. En décembre, le Parlement a approuvé le budget, a souligné Peter Hegglin (centre/ZG) qui précise:
Eva Herzog (PS/BS) a rétorqué qu'il n'était pas inhabituel que le Conseil fédéral présente des crédits supplémentaires. La compensation du renchérissement de 2,5% lui convenait bien:
Mais la majorité n'a pas été convaincue. Le Conseil des Etats a rejeté le crédit supplémentaire par 27 voix contre 12.
Malgré tout, les fonctionnaires fédéraux ne devront pas sacrifier leur salaire. Le Conseil fédéral accorde déjà, depuis le début de l'année, ce renchérissement de 2,5%. Il devra toutefois compenser les coûts supplémentaires en interne. Mais ce n'était pas l'objectif des élus.
La majorité du Conseil des Etats s'intéressait de toute façon à autre chose: le statut de fonctionnaire, généreusement aménagé. Celui-ci est depuis longtemps une épine dans le pied de la droite. Par le passé, c'est surtout l'UDC qui s'est attaquée aux employés de l'administration fédérale. Sans succès jusqu'à présent.
Cette fois, c'est la mauvaise situation financière de la Confédération qui a sans doute fait pencher la balance. Depuis la pandémie, les années de vaches grasses et d'excédents sont terminées.
Il s'attend maintenant à ce que le personnel de la Confédération apporte lui aussi sa contribution pour rétablir l'équilibre des finances.
Hansjörg Knecht (UDC/AG) a lui aussi déclaré qu'il voulait donner un signal pour les prochaines négociations salariales. A l'avenir, la Confédération devra faire preuve d'une «extrême retenue» en matière d'augmentation de salaire. Ceux qui travaillent, aujourd'hui, dans le secteur privé sont de toute façon désavantagés. Knecht estime que la raison principale est que les salaires dans l'administration sont supérieurs à la moyenne. Selon une étude de l'Université de Lucerne, les fonctionnaires fédéraux gagnent entre 6,5% et 16,8% de plus que les employés de même qualification dans le secteur privé. Selon les chiffres de la Confédération, le salaire brut moyen s'élevait à 126 554 francs par an.
La conseillère aux Etats du centre Jolanda Spiess-Hegglin a ajouté que les salaires ne sont pas les seuls à être supérieurs à la moyenne. En effet, les presque 39 000 fonctionnaires fédéraux sont privilégiés dans de nombreux domaines. Ils bénéficient ainsi d'une prévoyance professionnelle qui va au-delà des prestations minimales légales, reçoivent des aides financières pour la garde des enfants ou ont droit à une réduction de 20% de leur taux d'occupation après la naissance d'un enfant.
Pour les forces bourgeoises, cela conduit à un avantage concurrentiel injuste lors du recrutement de personnel. Pour Hegglin, cela favorise également les «pantouflards». En raison de la baisse de salaire attendue, les fonctionnaires fédéraux ne pourraient même plus passer dans le secteur privé.
Le Conseil des Etats a dû se prononcer quelques heures plus tard sur une compensation du renchérissement pour lui-même. Le bureau du Conseil a proposé d'adapter les revenus, les indemnités et les contributions des parlementaires au renchérissement pour la première fois depuis 2012. Il s'agissait d'appliquer la même compensation de 2,5% que pour les employés de la Confédération.
Une situation désagréable que de devoir décider de sa propre rémunération, a reconnu Stefan Engler (centre/GR). Le travail parlementaire a une valeur qui justifie une compensation du renchérissement. De plus, les coûts supplémentaires annuels de 1,3 million de francs sont «gérables».
Werner Salzmann (UDC/BE) n'y croyait guère. Une majorité a refusé le crédit pour la compensation supplémentaire du renchérissement pour l'administration. Le Parlement a également une fonction d'exemple. «J'en appelle à son bon sens.» Le Conseil des Etats a finalement refusé d'entrer en matière sur le projet par 29 voix contre 11. La compensation du renchérissement n'est donc plus d'actualité. (aargauerzeitung.ch)
Traduit et adapté par Noëline Flippe