Les critiques ont fusé. La Weltwoche a consacré deux gros titres en première page aux candidats du parti. Le journal de droite s'est penché sur les 16 mandats de Rösti en plus de son mandat au Conseil national.
D'ailleurs, son collègue de parti, Roger Köppel, conseiller national et rédacteur en chef du journal en question, a déclaré haut et fort dans ses colonnes:
La question est de savoir ce que ces critiques ont provoqué au sein du groupe UDC. C'est à lui qu'incombe la tâche de présenter, ce vendredi, son ticket pour la succession de Ueli Maurer le Conseil fédéral. Sur celui-ci, deux noms doivent figurer.
Les recherches montrent que quelques membres isolés du groupe parlementaire estiment que les articles critiques ont laissé des traces. La grande majorité, en revanche, soutient Albert Rösti.
Les reproches ne font pas débat au sein du groupe parlementaire. «C'est juste de remettre en question les mandats de Rösti», estime le conseiller national Benjamin Giezendanner. «Mais les attaques ne font pas mouche. Personne ne les prend vraiment au sérieux. Nous connaissons tous Albert Rösti». Conséquence logique pour l'élu: Rösti figurera en tête de liste sur le ticket:
La grande majorité du groupe UDC partage cet avis. La conseillère nationale Monika Rüegger est particulièrement claire. Selon elle, Rösti est le seul représentant de l'UDC prédestiné au Département de l'énergie (Detec), laissé vacant par Simonetta Sommaruga.
En cette période de crise, il faut la «meilleure personne». Rösti est un spécialiste, souligne Rüegger, membre de la commission de l'environnement. «Il serait plus capable que tous les conseillers fédéraux en place de reprendre le Detec.»
D'autres membres du groupe, comme Mike Egger, Christian Imark, Hannes Germann, Andreas Aebi et Barbara Steinemann, considèrent également Rösti comme le grand favori.
Une seule personne peut menacer les ambitions d'Albert Rösti au Conseil fédéral: le Zurichois Hans-Ueli Vogt, professeur de droit économique et conseiller national de 2015 à 2021. C'est celui qui a les meilleures chances de figurer en seconde position sur le ticket. Hans-Ueli Vogt est le seul à pouvoir mettre Albert Rösti en sérieuse difficulté au Parlement.
Il serait le premier candidat ouvertement homosexuel à briguer officiellement un siège au gouvernement fédéral. Il a des chances de devenir le premier conseiller fédéral homosexuel. Pour la communauté LGBTQI+, cette perspective envoie un signal fort.
Hans-Ueli Vogt est considéré comme «brillant», selon le conseiller national Roland Büchel, et comme «très apprécié au-delà des frontières des partis et incroyablement fort dans son domaine de prédilection», décrit Monika Rüegger.
Les plus proches partisans d'Albert Rösti ont compris le danger. En coulisses, ils travaillent à empêcher Hans-Ueli Vogt de s'exprimer. Plusieurs sources le confirment. Ils veulent hisser le directeur des Finances zougois Heinz Tännler à la deuxième place de la liste.
Leur calcul est le suivant: si Heinz Tännler se présente contre Albert Rösti au Parlement, ce dernier deviendra certainement conseiller fédéral. Le Zougois, qui n'est pas assez connu, n'a aucune chance face au favori.
«Si Albert Rösti et Heinz Tännler figurent ensemble sur la liste, l'élection du Conseil fédéral sera réglée dès le premier tour», déclare un poids lourd du groupe parlementaire:
Il n'est, toutefois, pas certain qu'Heinz Tännler parvienne à se hisser sur le ticket. La réputation du directeur des Finances zougois au sein du groupe parlementaire UDC a ses limites. Il est considéré comme un déserteur politique: de 1994 à 2002, il a siégé au Grand Conseil zougois pour le PLR, avant de passer à l'UDC. En outre, il s'est engagé, en 2014, en faveur du péage urbain.
Le Zougois est considéré comme sûr de lui et capable de s'imposer. De plus, il vient d'un canton donateur en matière de péréquation financière (la redistribution de l'argent entre région au niveau fédéral).
Pour certains, le conseiller aux Etats bernois, Werner Salzmann, n'a aucune chance. Principalement parce qu'il est Bernois, comme Albert Rösti. Et cela pose un problème, notamment au vu du statut de ce canton. En effet, dans le cadre de la péréquation financière Berne fait partie de ceux qui reçoivent. «Or, il est très important qu'un candidat ou une candidate vienne d'un canton donateur», explique Monika Rüegger. Et Zurich en est un.
Le conseiller national bernois Andreas Aebi ne s'en offusque pas. «Du point de vue des compétences et de l'attachement au groupe parlementaire et au Parlement, (réd: Albert Rösti et Werner Salzmann) sont les deux meilleurs candidats. Si l'on roule avec eux, on roule bien. Le hasard veut que les deux soient bernois». Et les Bernois tentent de faire passer Albert Rösti et Werner Salzmann en duo grâce à une alliance avec les Romands.
La conseillère d'Etat nidwaldienne Michèle Blöchliger n'a que peu de chances d'apparaître sur la liste. Elle a caché sa nationalité britannique, ce qui a provoqué un tollé. La double nationalité est un sujet sensible à l'UDC.
Un ticket à deux ou à trois, telle est la question. «Je souhaite un ticket à trois pour que nous puissions présenter Albert Rösti, Werner Salzmann et Hans-Ueli Vogt à l'élection», déclare la conseillère nationale Barbara Steinemann.
«Ce sont trois bons candidats, tous méritent leur place». Il n'est toutefois pas certain qu'une telle demande aboutisse. (aargauerzeitung.ch)