Suisse
Covid-19

Lever le masque dans les transports publics est «dangereux»

Viele Angestellt und Studenten benutzen am Freitag, 18. Dezember 2020, im Zentrum von Bellinzona einen Bus der Postauto-Betriebe. (KEYSTONE/Ti-Press/Alessandro Crinari)
Le masque est devenu un symbole de la pandémie. Va-t-il bientôt disparaître de notre quotidien?image: keystone

Lever le masque dans les transports publics: «c'est dangereux»

La fin des mesures sanitaires se profile en Suisse, mais cela ne fait pas que des heureux. Abandonner le port du masque dans les transports publics met les personnes vulnérables en danger, explique un expert en aérosols.
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05.02.2022, 08:3407.02.2022, 12:31
Bruno Knellwolf, Maja Briner, Kari Kälin / ch media
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Dans deux semaines, le Conseil fédéral pourrait lever toutes les mesures visant à endiguer le virus. Le certificat et les masques obligatoires seraient de l'histoire ancienne. Alors que le président de la Confédération Ignazio Cassis parle d'une «lumière au bout du tunnel», les perspectives s'assombrissent pour d'autres personnes.

Il y a quelques jours, l’organisation «IG Risikogruppe Schweiz» a vu le jour. Eveline Siegenthaler explique que la fin de toutes les mesures signifierait que les personnes particulièrement vulnérables seraient contraintes de se retirer volontairement de la société.

L’organisation attend du Conseil fédéral un plan de protection et des offres spéciales pour les personnes à risque qui permettraient par exemple de se rendre dans les magasins ou à la piscine aux heures creuses.

Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables. Pro Senectute salue les étapes d'ouverture proposées. Cela notamment parce que les seniors ont ainsi à nouveau accès à davantage d'activités, comme l'explique son porte-parole Peter Burri Follath. «La situation pour les groupes à risque est plus détendue qu'au début de la pandémie.»

Il plaide néanmoins pour une approche par étapes: «L'obligation de porter un masque dans les transports publics et dans les magasins proposant des articles de consommation courante devrait être maintenue plus longtemps.» Cela permettrait de réduire de manière raisonnable le risque de contamination dans l'espace public pour les personnes vulnérables.

Le virus peut également être dangereux pour certaines personnes atteintes de cancer qui, en raison d'une immunosuppression, réagissent moins bien au vaccin et ne développent pas une protection suffisante. «Elles doivent donc s'assurer que leur entourage est vacciné et que des mesures comme le port du masque et le maintien de la distance continuent d'être respectées», explique Stefanie de Borba, porte-parole de la Ligue suisse contre le cancer.

Elle conseille aux personnes concernées d'être prudentes et d'éviter autant que possible une infection au Covid. Elle reconnaît toutefois que cela n'est pas toujours facile à mettre en œuvre.

Il est particulièrement difficile d'éviter le virus pour les personnes travaillant dans les transports publics. L'association du personnel du service public Transfair est donc réticente face à la proposition du Conseil fédéral: elle rejette la levée de l'obligation de porter un masque dans les transports publics dès le 17 février, car elle s'inquiète pour la santé des collaborateurs en contact avec la clientèle.

«Afin de ne pas risquer à court terme de nombreuses autres pertes de personnel dans les transports publics, nous estimons qu'il est prématuré de renoncer d'un coup à l'obligation de porter le masque», déclare le directeur de Transfair Bruno Zeller.

Les utilisateurs des transports publics eux-mêmes ne veulent pas se brûler les doigts sur la question de savoir quand l'obligation de porter un masque doit être levée, pas plus que les détaillants. CarPostal et les CFF affirment mettre en œuvre les mesures prescrites par la Confédération. Il faut peser le pour et le contre, explique une porte-parole des CFF. «Si la situation épidémiologique le permet, la levée de l'obligation du port du masque est judicieuse. Elle augmente le confort des voyageurs». A l'inverse, il est important pour les CFF de protéger ses collaborateurs face au virus.

Le directeur de l'Union des transports publics, Ueli Stückelberger, a une exigence claire: il insiste pour que l'obligation de porter un masque dans les transports publics soit supprimée en même temps que dans le commerce de détail. «Les transports en commun doivent être traités de la même manière que les magasins», dit-il. Le secteur a un mauvais souvenir de la manière dont l'obligation de porter un masque a été introduite en été 2020, d'abord uniquement dans les transports publics, mais pas dans les magasins ou les théâtres.

La situation peut devenir «critique»

Le spécialiste des aérosols Michael Riediker explique à quel point cela pourrait être dangereux de ne pas porter de masque dans les trains et autres espaces fermés. Actuellement, 5 à 10% de la population sont toujours infectés. «Parmi eux, un très grand nombre libérera une quantité élevée de virus».

En présence d'une personne contaminée, la situation peut devenir critique dans presque tous les espaces intérieurs, en fonction de l'activité et de la durée de séjour, et si personne porte un masque ou non. Cela se fait aussi bien par les aérosols que par la transmission de gouttelettes. En l'absence de mesures, chacun doit s'attendre à recevoir une dose infectieuse s'il se trouve dans la même pièce que d'autres personnes contaminées pendant une période prolongée.

Michael Riediker
Michael Riedikerimage: zvg

«Dans de petits espaces comme une télécabine, les aérosols peuvent s'accumuler très rapidement jusqu'à atteindre des concentrations critiques», explique le directeur du Centre suisse de santé au travail et de l'environnement (SCOEH). Et cela beaucoup plus rapidement que dans les magasins et les théâtres. Dans les trains et les avions, il y a certes une filtration performante de l'air en circulation. «Mais là aussi, la situation peut devenir critique lors de longs voyages sans le port d’un masque», explique Michael Riediker.

«Sans masque, la dose critique d’aérosols dans le compartiment d'un train est atteinte après environ 40 minutes»
Michael Riediker, directeur du Centre suisse de santé au travail et de l'environnement (SCOEH)

Mais si une personne infectée est assise dans le même compartiment, ce temps est plus court. La situation devient très critique lorsqu'une personne infectée parle beaucoup, chante ou crie. «Je recommanderais alors de changer de wagon», explique l'expert en aérosols.

Michael Riediker lors de mesures d'aérosols au Centre de la culture et des congrès de Lucerne.
Michael Riediker lors de mesures d'aérosols au Centre de la culture et des congrès de Lucerne.image: eveline beerkircher

Même si l'obligation de porter un masque est supprimée, chacun est libre de porter un masque de protection. Les personnes qui portent un masque FFP2 bien adapté limitent le risque de contagion, explique Michael Riediker. Un masque hygiénique normal laisse passer environ 25% des aérosols. Si la personne en face porte également un masque, seuls environ 6,25% des particules passent encore. «C'est presque aussi bien qu'un masque FFP2», explique l’expert. Toutefois, les masques seront abandonnés après la fin des mesures. Les personnes vulnérables devraient alors au moins porter un masque FFP2 à l'intérieur.

Un dixième de la population non protégée

L'épidémiologiste Marcel Tanner confirme qu'Omicron est hautement transmissible, mais qu'il est généralement moins pathogène. Pour les personnes à risque avec des maladies préexistantes, surtout celles avec une immunocompétence réduite, il faut rester prudent et veiller à les protéger avec un vaccin et un rappel. Les personnes vaccinées et guéries sont beaucoup mieux protégées contre les formes graves d’Omicron.

Etant donné qu'environ 90% de la population est désormais immunisée, il reste encore un dixième non protégé. Éviter une infection sera encore plus difficile dans les semaines à venir. Les personnes vulnérables non protégées ont plus de risque de développer une forme grave de la maladie et de se retrouver à l'hôpital. Mais si la vague se calme comme prévu à partir de la mi-février, la situation se détendra quelque peu pour ces personnes également. Encore plus lorsque le printemps arrivera et que les infections saisonnières diminueront.

Compte tenu de l’augmentation actuelle de l’activité virale, outre le risque d’hospitalisation, il est essentiel de continuer la recherche sur le risque de Covid long, de diabète et d’autres séquelles secondaires, dit Michael Riediker. D’ici là, il recommande «d’être prudent jusqu’à ce que l’on en sache plus.»

Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz

Et si on devait porter le masque à vie? Décryptage en vidéo.
Video: watson
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