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Comment un carnaval interdit s'est mué en émeute nocturne à Einsiedeln

Einsiedeln: comment un carnaval interdit s'est mué en émeute nocturne

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Bien que l'agitation de carnaval ait été plus ou moins contenue dans le village schwyzois mardi, les forces de police ont dû intervenir pendant la nuit. Les 5 questions à se poser sur cette journée.
17.02.2021, 20:5828.02.2021, 09:08
Salome Woerlen
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Comment ça a débuté?

Depuis le matin déjà planait un sentiment d’enthousiasme, porté par des centaines de personnes venues à Einsiedeln, dans le canton de Schwyz, pour participer au défilé de carnaval (Suhüdiumzug). Dans un premier temps, la police cantonale a laissé faire, car il ne s’agissait pas d’une manifestation, mais a dû ensuite intervenir pour faire respecter l’obligation du port du masque et les distanciations sociales.

À 13h22, les forces de l'ordre ont publié sur son leur compte Twitter un message pour appeler les gens à ne pas se rassembler et à s’abstenir de toute activité de carnaval.

Un message qui n'a pas eu trop de succès. En apprenant que le défilé avait lieu, de nombreux fêtards sont encore arrivés pour prendre part aux festivités. David Mynall, porte-parole de la police, a déclaré au Bote der Urschweiz que des foules avaient dû être dispersées tout au long de l’après-midi. Les policiers ont distribué environ 100 amendes.

Comment ça a évolué?

Malgré un début de soirée relativement calme, l’atmosphère s’est intensifiée à partir de 20 heures, explique le Bote der Urchweiz. Des groupes de plus de dix personnes se sont rassemblés à la gare. Ils hurlaient et buvaient tout en écoutant de la musique à fond à travers leurs haut-parleurs.

Puis, l’ambiance auparavant festive s’est muée, petit à petit, vers de l'agressivité, obligeant la police à demander des renforts. Ces derniers sont arrivés à 22 heures, en tenue anti-émeute et sont intervenus à 22h15.

Cette vidéo, postée par un internaute, illustre la nuit de carnaval à Einsiedeln.Vidéo: YouTube/Robert Wall

Plusieurs voitures de police ont été dépêchées sur place. Les policiers ont bouclé la zone et recommandé aux jeunes de rentrer chez eux, mais parfois sans succès. Un policier a maîtrisé un jeune homme dans la rue. La situation s’est enfin calmée vers 23h30.

Que dit la police?

Selon les forces de l'ordre, plus de 1000 personnes ont participé au défilé d’Einsiedeln, selon un communiqué paru lundi. Après avoir vainement essayé de prévenir les fêtards, les policiers ont commencé à sanctionner les manifestants.

Dans un second communiqué de presse, mardi, la police revient sur l’opération menée durant la soirée. Aux alentours de 20 heures, une cinquantaine de personnes, pour la plupart des jeunes, s’étaient rassemblées au centre du village:

«Une grande partie de ces personnes était en fort état d’ébriété et ne respectait pas les mesures mises en place pour lutter contre le coronavirus. Ils ont refusé de s’en aller et ont commencé à jeter des bouteilles et des pétards sur les forces d’intervention. Celle-ci ont donc dispersé la foule.»
Communiqué de la police schwyzoise

Au total, les forces de l’ordre ont dispersé 40 personnes et placé deux autres en cellule de dégrisement. L’une de ces dernières avait commis des dommages matériels.

Que faut-il encore retenir?

Comme si l’agitation de carnaval ne suffisait pas, une personne, en particulier, a fait s'échauffer les esprits. Il s’agit d’Alois Gmür, conseiller national du Centre. Le politicien, résidant à Einsiedeln, s’est fait une joie de participer au défilé. Selon ses propos, recueillis par nos collègues du 20 Minuten, il est important que carnaval existe:

«Carnaval est un virus qui touche aussi les gens. Il faut fêter carnaval, avec ou sans la pandémie du coronavirus Un virus lutte contre un autre, le virus de carnaval contre le coronavirus. J’espère que celui de carnaval triomphera.»
Alois Gmür, conseiller national du Centre

Le parti d’Alois Gmür ne vit pas très bien son comportement de son élu. Dans une interview avec le Tagesanzeiger, Gerhard Pfister, président du Centre, a pris ses distances par rapport à l’attitude de son collègue: «C’est une décision personnelle qui ne reflète en rien la position du parti.»

Andrea Gmür, la cheffe du groupe parlementaire du Centre ne soutient pas non plus le comportement d’Alois Gmür, mais fait preuve d’un peu plus de compréhension: «Le carnaval d’Einsiedeln montre que les gens ont de plus en plus de mal à accepter les restrictions mises en place pour lutter contre la pandémie». Selon elle, il serait nécessaire que le gouvernement mette en place une stratégie publique afin de redonner aux Suisses une nouvelle perspective.

Comment les gens ont-ils réagi?

Les carnavaliers ont aussi fait réagir sur Internet, en divisant les esprits : ils ont été célébrés par certains et critiqués par d’autres.

Ce qui revient le plus souvent, c’est l’incompréhension face à l’irresponsabilité des fêtards:

Traduit de l’allemand par Justine Pedroni, source: watson.ch

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