La promesse de Janssen, le nouveau vaccin de Johnson & Johnson tout juste disponible en Suisse? Offrir une alternative aux personnes qui ne veulent (ou ne peuvent) pas se faire vacciner avec l'ARN messager.
La semaine dernière, la Confédération annonçait l'achat d'environ 150 000 doses du vaccin vectoriel du fabricant Johnson & Johnson (J&J). Les doses ont été distribuées aux cantons selon la taille de leur population. Il a été administré pour la première fois en Suisse mercredi.
Selon les chiffres récoltés par Keystone-ATS, la majorité d'entre elles n'ont pas encore été attribuées.
Le vaccin Janssen se destine d'abord aux personnes qui, pour raison médicale, ne peuvent pas recevoir un vaccin à ARNm tels que ceux de Moderna et Pfizer/Biontech utilisés en Suisse.
Il se peut par exemple que ces personnes soient allergiques à l'un des ingrédients de ces vaccins. Toutefois, ce groupe est passablement restreint: dans le canton de Berne, qui compte plus d'un million d'habitants, le Département de la santé estime qu'il n'y a que quelques dizaines de personnes concernées.
Ce vaccin se destine, dans un second temps, à un groupe nettement plus important: les personnes qui rejettent la vaccination avec des vaccins à ARNm pour d'autres raisons.
Au début du mois de juillet, une étude d'opinion de l'institut Sotomo, mandatée par la SSR, s'est demandé pourquoi les personnes refusaient de se faire vacciner.
Dans l'écrasante majorité des cas (72%), les sondés qui n'étaient pas vaccinés citaient l'ARNm comme principale raison de leur réticence à la vaccination: selon eux, les ARNm n'avaient pas été suffisamment testés.
Pourtant, le vaccin nouvellement disponible de J&J et sa technologie «classique» n'a pas suscité un intérêt écrasant en Suisse romande.
Le canton de Vaud a enregistré quelque 400 inscriptions dans les premières 24 heures.
A Genève, qui a reçu 7200 doses, 287 personnes se sont inscrites, dont deux tiers se font vacciner jeudi et un tiers mardi. S'y ajoutent quinze personnes allergiques au vaccin à l'ARN messager. Selon Laurent Paoliello, porte-parole du Département de la santé, c'est la moitié qu'escomptait le canton et «ça n'est pas une déferlante».
A Neuchâtel, 200 demandes ont été enregistrées, pour 3000 doses disponibles. Sur les 1250 doses disponibles dans le Jura, 50 étaient réservées jeudi matin.
En Valais, seules 360 doses, sur 6000, ont trouvé preneur. Au vu du nombre d'inscriptions comptabilisées jusqu'à présent pour le vaccin Janssen, «il semble que toutes les personnes qui souhaiteraient ce vaccin y auront facilement accès», précise le canton.
Ce nouveau vaccin ne suffira donc probablement pas à «garantir une augmentation significative du taux de vaccination», estime Michael Hermann de l'institut Sotomo, co-auteur de l'enquête SSR.
«Même l'extension de l'obligation de certificat a montré combien il est difficile, depuis le sondage (de cet été), de convaincre la population encore non-vaccinées des avantages de la vaccination.»
Bien que les «vaccino-sceptiques» aient souvent cité dans les enquêtes le nouveau vaccin à ARNm comme une raison d'éviter la piqûre, Michael Hermann doute que beaucoup d'entre eux se laissent convaincre par l'alternative de J&J.
Un avis partagé par Blaise Genton, responsable de la campagne de vaccination dans le canton de Vaud. «Il n'y a pas d'objectif à atteindre avec cette nouvelle offre de vaccination», a-t-il ajouté. Quoi qu'il en soit, pour l'instant, Janssen fait un flop.