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«BA.2.86»: un nouveau variant Covid est en Suisse

«BA.2.86»: un nouveau variant Covid est en Suisse
Le BA.2.86 est rare et n'a pour l'instant pas d'autres dénomination.Image: getty images

Ce variant Covid détecté en Suisse met les experts «en alerte»

On le nomme «BA.2.86» et il se trouve désormais en Suisse. Ce nouveau variant de coronavirus se distingue fortement des autres et présente de nombreuses modifications au niveau de sa composition. Les experts mettent en garde.
29.08.2023, 18:5030.08.2023, 07:37
Bruno Knellwolf / ch media
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Le variant Omicron EG.5 dit «Eris» se propage rapidement et continue de rendre de nombreuses personnes malades:

«L'EG.5 représente environ 30% des cas dans le monde et continue de progresser. Mais il existe un certain nombre d'autres variants Omicron, les XBB, aux propriétés similaires.»
Richard Neher, analyste viral du biocentre de l'université de Bâle

Mais en marge de cette montée en puissance, un nouveau variant met les virologues du monde entier «en état d'alerte», selon la revue Nature. Ce variant, le BA.2.86 comme on le désigne, présente quelques particularités. Il est rare et n'a pour l'instant pas d'autres dénominations. Mais il a déjà été détecté en Suisse.

Le Computational Biology Group de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETH) a découvert le nouveau variant dans des échantillons prélevés les 5 et 6 août dans les eaux usées de la station d'épuration de Laupen (BE), comme l'a annoncé l'ETH jeudi 24 août.

Dans le magazine Der Spiegel, Isabella Eckerle, virologue aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), alerte contre ce variant:

«Ce qui est étonnant, c'est le nombre de mutations du BA.2.86. Il se distingue génétiquement d'Omicron autant qu'Omicron des variants précédents»
Isabella Eckerle, virologue aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG)

De son côté, Richard Neher ajoute que «le nouveau variant présente un nombre remarquablement élevé de mutations de la protéine spike».

Plus d'hôtes potentiels

L'expert continue: «Il est tout à fait possible que le taux de propagation soit plus élevé que celui de l'EG.5 en raison de l'évasion immunitaire», c'est-à-dire le développement de variants résistants aux vaccins. Mais la vitesse à laquelle un variant se propage dépend de deux facteurs: la transmissibilité du virus et le nombre d'hôtes potentiels. Certes, la transmissibilité du virus BA.2.86 n'est probablement pas aussi élevée que celle de l'EG.5, mais le nombre d'hôtes potentiels est en revanche bien plus important.

«Le virus est fortement modifié et donc moins bien reconnu par les anticorps des hôtes»
Richard Neher, analyste viral du biocentre de l'université de Bâle

Ces suppositions n'ont pas encore pu être confirmées scientifiquement. «Mais les virus fortement modifiés qui apparaissent dans les infections chroniques sont en fait souvent moins transmissibles. Or, dans le cas présent, le nouveau variant a déjà été observé dans cinq pays. Et ce, bien que l'on séquence beaucoup moins qu'auparavant», explique l'analyste viral bâlois. Il est clair que le variant se transmet assez facilement d'une personne à l'autre. Malgré cela, le BA.2.86 n'est probablement pas aussi contagieux que l'EG.5.

Lien avec le Covid

Avant d'être découvert en Suisse, le variant avait été associé à six cas dans quatre pays: trois au Danemark et un en Israël, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère actuellement le BA.2.86 comme un «variant à surveiller». Les 34 mutations de la protéine Spike par rapport au variant souche BA.2 intriguent également les experts, car un grand nombre de mutations Spike ont été observées chez des personnes atteintes d'un Covid long.

Il est probable que le BA.2.86 soit issu de cette infection chronique, explique Jesse Bloom, biologiste de l'évolution au Fred Hutchinson Cancer Center de Seattle, dans l'article de Nature. Après l'apparition d'Omicron, l'évolution des variants suivants était quelque peu prévisible. Mais le BA.2.86 se distingue désormais beaucoup plus des variants largement répandus et rappelle ceux d'Omicron et des variants antérieurs comme Alpha et Delta.

En phase endémique

Richard Neher constate que, par rapport à la semaine dernière, les observations du variant n'ont pas augmenté cette semaine.

«Cela peut être interprété comme un signe de fin d'alerte. Mais il y a jusqu'à présent trop peu de données pour tirer des conclusions fermes»
Richard Neher, analyste viral du biocentre de l'université de Bâle

Il n'y a aucune raison de paniquer, selon Carsten Watzl, secrétaire général de la Société allemande d'immunologie. Isabella Eckerle, des HUG, met toutefois en garde contre la minimisation: le Sars-CoV-2 n'est pas aussi inoffensif que le rhume ou la grippe. Selon elle, la portée du Covid long ou des maladies vasculaires et neurologiques causées par le Covid n'est pas encore suffisamment comprise.

Le BA.2.86 montre que le virus Sars-CoV-2 n'a pas dit son dernier mot. Mais le virologue Jesse Bloom déclare dans Nature que même si le nouveau variant évite habilement les anticorps neutralisants, d'autres formes d'immunité vont probablement empêcher de nombreuses personnes de tomber gravement malades.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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