Lorsqu'il était petit, Sergio Ermotti s'imaginait professeur de sport. C'est à l'âge de 15 ans qu'il découvre sa vocation et entame une carrière dans la banque avec un apprentissage chez Cornèr à Lugano. Les premiers pas d'une longue série qui allaient le menant à la Citibank, Merrill Lynch et UniCredit, jusqu'à la direction d'UBS. Dès le 5 avril, il reprendra à nouveau la tête de la plus grande banque de Suisse.
En novembre 2011, le Tessinois est nommé nouveau CEO d'UBS par le président du conseil d'administration de l'époque. Son ascension à la tête de la banque est soudaine. Son prédécesseur, Oswald Grübel, avait démissionné de son poste de CEO après une perte importante dans le secteur de la banque d'investissement.
Face à cette situation, le conseil d'administration d'UBS – dirigée à l'époque par l'ancien conseiller fédéral Kaspar Villiger – confie alors le destin de la banque à Sergio Ermotti, d'abord par intérim, puis deux mois plus tard sans ce complément. A l'époque, cette nomination a été une réelle surprise, notamment à cause du fait qu'il n'avait été engagé que 6 mois auparavant. Avant cela, il travaillait au sein de la banque italienne UniCredit.
Avec Axel Weber, alors président d'UBS, Sergio Ermotti réussit à faire adopter à la grande banque un nouveau modèle d'affaires après la crise financière. Il entame une restructuration deux ans après son entrée en fonction. L'objectif: s'éloigner de la banque d'investissement et se concentrer davantage sur les activités de gestion de fortune.
De nombreux secteurs de la banque d'investissement, qui permettaient auparavant à UBS de réaliser des bénéfices élevés, mais aussi parfois d'énormes pertes, sont supprimés ou vendus. La restructuration porte ses fruits. En l'espace de quelques années, UBS devient un gestionnaire de fortune de premier plan.
Sergio Ermotti s'est rapidement séparé de l'activité obligataire, qui avait bien failli mettre en danger la banque lors de la crise financière. La banque d'investissement n'a plus été définie comme une partie indépendante de la banque, mais plutôt comme un fournisseur de l'activité principale de gestion de fortune. Parallèlement au démantèlement de la banque d'investissement, UBS a renforcé sa force de capital, si bien qu'elle est aujourd'hui bien positionnée et fait partie des banques les mieux capitalisées – et donc les plus sûres – du monde.
A l'automne 2019, les médias spéculaient sur le fait que le Tessinois souhaitait rester à la tête d'UBS au moins jusqu'à l'assemblée générale de 2021. Mais Sergio Ermotti avait d'autres plans. En février 2020, il annonce sa démission. Il souhaitait «refermer le chapitre UBS», selon les communiqués de presse de l'époque.
Mais Sergio Ermotti n'a jamais réellement quitté UBS des yeux. Et après presque trois ans, il revient à sa tête. L'actuel CEO Ralph Hamers aurait accepté de se retirer dans l'intérêt de l'entreprise combinée, du secteur financier suisse et du pays, d'après ce qu'annonçait UBS mercredi dernier.
Les premiers analystes sont positifs: la banque Vontobel salue la nomination de Sergio Ermotti, selon l'agence économique AWP.
Le retour du banquier tessinois à ce poste est à moitié surprenant. Avec l'Irlandais Colm Kelleher à la présidence et le Néerlandais Ralph Hamers à la tête du groupe, la nouvelle mouture d'UBS aurait été dirigée par deux non-Suisses. Les personnes concernées ont visiblement compris que ce n'était pas une bonne idée pour une banque bénéficiant de garanties publiques à hauteur de plusieurs milliards.
Le nom de Sergio Ermotti avait d'ailleurs déjà été évoqué par certains lorsque la reprise était en cours de négociation. Mais il a manifestement fallu encore quelques jours pour organiser sa démission du poste de président du réassureur Swiss Re avant qu'il ne soit finalement présenté comme le nouveau CEO.
«Sergio Ermotti a déjà réduit l'empreinte de la banque d'investissement et a provoqué un changement de culture en son sein», écrit UBS. Deux priorités qui seront poursuivies lors de l'intégration de Credit Suisse
Le Tessinois est également très au fait de la politique suisse, écrit la NZZ. Un grand avantage dans la situation actuelle, car la reprise du Credit Suisse par UBS était (et sera toujours) dans le radar de la politique en raison de son importance systémique. Elle est désormais plus que jamais too big to fail. De plus, la Confédération et la Banque nationale soutiennent le sauvetage du Credit Suisse avec des garanties de crédit pour lesquelles le Conseil fédéral a dû recourir au droit d'urgence.
L'homme de 63 ans n'est pas seulement banquier: il est aussi mari et père de deux fils. Ce fils d'immigrés italiens aime le football et le sport et voulait d'ailleurs devenir professeur de sport. Il souhaitait faire sa formation à Macolin, mais pour cela il avait besoin d'un diplôme. L'apprentissage dans une banque devait simplement être une étape intermédiaire.
(oee)