Elle défend les patrons suisses qui ont gâté Trump
La secrétaire d'Etat à l'économie, Helene Budliger Artieda, a remercié les entrepreneurs suisses pour leur rencontre avec le président américain Donald Trump. Selon elle, le secrétariat d'Etat à l'économie avait été informé des cadeaux apportés à cette occasion.
Le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) n'a «délibérément pas participé au choix et à l'achat, car il s'agissait d'une initiative privée», a déclaré Budliger Artieda au sujet des cadeaux offerts à Trump, dans une interview accordée à la Neue Zürcher Zeitung (NZZ).
Les présents – une Rolex et un lingot d'or – offerts par la délégation d'entrepreneurs suisses à Trump lors d'une rencontre début novembre ont fait l'objet de critiques. Le Ministère public de la Confédération a reçu trois plaintes pénales contre inconnus en lien avec cette rencontre.
Dans l'émission TV de la SRF Gredig direkt, l'entrepreneur Alfred Gantner s'était défendu la semaine dernière contre l'accusation selon laquelle les cadeaux étaient des pots-de-vin. De tels présents seraient conformes aux usages diplomatiques, selon lui.
En raison des clarifications juridiques en cours, Budliger Artienda n'a pas pu s'exprimer sur les dénonciations pénales. «Mais personnellement, je suis très contente qu'il y ait dans ce pays un entrepreneuriat qui est prêt à aider quand le pays en a besoin, qui prend aussi des risques», a-t-elle déclaré à la NZZ.
Les entrepreneurs «n'ont pas négocié»
La visite des entrepreneurs à Washington a été décisive: «ils ont pu établir le lien avec la réalité comme personne d'autre», a déclaré la directrice du Seco. Les entrepreneurs ont montré de manière crédible à Trump comment réduire le déficit de la balance commerciale, grâce aux investissements proposés, a ajouté la secrétaire d'Etat. L'économie suisse entend investir 200 milliards de francs aux Etats-Unis au cours des cinq prochaines années.
L'offre de la Confédération aux Etats-Unis n'a pas été vue par les entrepreneurs, a déclaré Budliger Artieda avant d'ajouter: «ils n'ont pas non plus négocié». La directrice du Seco a ainsi confirmé ce qu'avait déjà dit Gantner. Le cofondateur du Partners Group avait participé à la rencontre avec Trump – tout comme, par exemple, le patron de Rolex Jean-Frédéric Dufour et le président du conseil d'administration de Richemont Johann Rupert.
A la mi-novembre, la Suisse et les Etats-Unis sont parvenus à un accord sur les droits de douane. Les deux parties ont signé une déclaration d'intention visant à réduire de 39 à 15 pour cent les droits de douane américains à l'importation de nombreux produits en provenance de Suisse. «Selon notre compréhension, les nouveaux droits de douane seront appliqués dans la première moitié de décembre», a déclaré Budliger Artieda.
Pas de retour en arrière
Le Seco ne ressent que peu d'intérêt de la part des Etats-Unis pour un accord de libre-échange, mais le représentant américain au commerce, Jamieson Greer, souhaite consolider la déclaration d'intention obtenue en novembre dans un accord juridiquement contraignant. Une fois les négociations terminées, le Parlement en décidera, a déclaré la secrétaire d'Etat à l'économie.
Budliger Artieda juge peu réaliste que les droits de douane américains reviennent un jour au niveau qui était le leur avant l'entrée en vigueur de la politique douanière de Trump: «je crains que nous n'en arrivions plus là, même si un jour les démocrates devaient de nouveau être aux commandes aux États-Unis» (jzs/ats)
