Suisse
Drogue

La sérotonine est un frein pour l'addiction à la cocaïne

Pourquoi vous ne serez (sûrement) jamais addict à la cocaïne

Si les humains sont les principaux concernés, les rongeurs ne sont pas en reste. Vous découvrirez pourquoi ci-dessous.
Si les humains sont les principaux concernés, les rongeurs ne sont pas en reste. Vous découvrirez pourquoi ci-dessous.
La légende veut que la cocaïne soit une substance addictive en puissance dès la première prise. Des scientifiques ont découvert qu'elle ne l'était pas tant que ça grâce à une hormone bien utile, la sérotonine.
10.09.2021, 10:4126.12.2022, 15:09
Plus de «Suisse»

Contrairement à une croyance populaire, la cocaïne ne déclenche une addiction que chez une minorité des personnes consommatrices. C'est ce que soutient une nouvelle étude de l'Université de Genève (Unige). Les neuroscientifiques ont découvert pourquoi: un mécanisme bien utile de notre cerveau qui agit comme un frein à l'addiction, la sécrétion de sérotonine.

Sérotoquoi ?

Outre le titre d'un bouquin bien connu de Michel Houellebecq, la sérotonine est une hormone présente dans le système nerveux, qui joue notamment un rôle dans la régulation des émotions.

Et elle est pratique: c'est elle qui nous empêche de devenir accro à la cocaïne.

En effet, la cocaïne a pour particularité de déclencher une augmentation massive de sérotonine lors d'une prise de cette drogue. La sérotonine va permettre de ralentir l'effet de récompense provoquée par l'augmentation de dopamine, commune à toutes les prises de drogues (mais aussi à des activités plus saines comme la course à pied). Donc, en gros, en atténuant la sensation de récompense, elle nous empêche de basculer dans l'addiction.

Lorsque l'on consomme de la cocaïne, deux forces s'opposent dans le cerveau:

  • La dopamine, qui pousse vers la compulsion.
  • La sérotonine, qui agit comme un frein à la compulsion et qui garde le système de récompense sous contrôle.

L'addiction apparaît lorsqu'un déséquilibre se crée entre les deux et que la dopamine supplante la sérotonine.

Au fait, c'est quoi une addiction?

Il faut bien distinguer «addiction» et «dépendance», qui ne sont pas la même chose.

  • L'addiction est la recherche compulsive d'une substance malgré les conséquences négatives qu'elle peut avoir.
  • La dépendance se caractérise par le symptôme de sevrage à l'arrêt brutal d'une consommation.

La dépendance touche beaucoup de monde, contrairement à l'addiction qui n'affecte qu'une minorité de gens, même après une exposition prolongée. On estime par exemple que le taux d'addicts à la cocaïne s'élève à 20% des consommateurs.

Selon le directeur de l'étude, Christian Lüscher, professeur au département des neurosciences fondamentales à l'Unige, le même principe s'applique pour tous les produits potentiellement addictifs:

«En Suisse, quasiment tous les adultes consomment de temps à autre de l'alcool, qui est un fort stimulateur du système de récompense. Or, seule une petite partie d'entre eux deviendra alcoolique»

Des souris cocaïnomanes

Pour leurs expériences, les scientifiques ont eu un problème: comment observer un phénomène aléatoire, qui ne se déclenche qu'une fois sur cinq? Avec des souris, pardi!

L'équipe de recherche a appris à un large groupe de souris à s'administrer de la cocaïne de manière volontaire. Une partie de plaisir? Pas vraiment. Une partie d'entre elles recevaient un léger stimulus désagréable après chaque prise. Deux groupes ont alors émergé:

  • 80% d’entre elles ont cessé leur consommation.
  • 20% ont continué, en dépit du désagrément causé.

Décidément, les rongeurs sont de gros consommateurs...

«Ce comportement compulsif est précisément ce qui définit l’addiction qui affecte 20% des individus, chez les souris comme chez les êtres humains», souligne Vincent Pascoli, collaborateur scientifique dans le groupe genevois et co-auteur de cette étude.

Chez d'autres souris, on a coupé le transporteur de sérotonine lors des prises de cocaïne. Il n'y a donc qu'une augmentation de la dopamine, l'hormone du plaisir et de la récompense.

Dans ce cas, 60% des animaux développent une addiction. La cocaïne dispose donc bien d'une sorte de frein naturel, efficace quatre fois sur cinq. (mbr)

D'ailleurs, les chiens aussi ont le nez pour ça.

Copin comme cochon: «J'aime pas les chiens»
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
La voiture électrique peut bousculer le vote sur l'autoroute
L'extension des autoroutes augmente-t-elle la pollution au CO2 en Suisse? Opposants et partisans du projet du Conseil fédéral ne sont pas d'accord. L'influence des voitures électriques y est pour beaucoup.

C'est l'un des principaux arguments des opposants à l'extension des autoroutes proposée par le Conseil fédéral. Pour eux, ce projet, qui se chiffre en milliards de francs et sur lequel les Suisses voteront le 24 novembre, est en contradiction flagrante avec la protection de la nature. Son acceptation entraînerait une augmentation du trafic et donc des émissions de CO2.

L’article