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Drogue

Une femme agressée à Yverdon: colère contre les dealers

Les deux ruelles où une partie de l'agression a eu lieu. Yverdon, 22 août 2024.
Les deux ruelles où une partie de l'agression a eu lieu. Yverdon, 22 août 2024.image: watson

Une femme agressée à Yverdon: les habitants en colère contre les dealers

Aux prises avec le trafic de drogue, la ville d'Yverdon, dans le Nord-Vaudois, a connu une agression contre une femme dans la nuit de mardi à mercredi. watson a recueilli des témoignages.
22.08.2024, 18:4723.08.2024, 13:14
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Une agression contre une femme a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi à Yverdon-les-Bains, dans le Nord-Vaudois. Les faits se sont produits entre 1h et 2h du matin, rue du Lac, à proximité de la gare, selon des témoins contactés par watson. C’est le conseiller communal UDC d’Yverdon, Ruben Ramchurn, qui a signalé l’agression mercredi sur ses réseaux, affirmant que les auteurs sont «quatre dealers».

L’élu yverdonnois alerte depuis plus d’un an sur le phénomène du deal de rue dans sa ville et les désagréments que cela engendre. Les personnes impliquées dans le trafic de drogue sont pour beaucoup originaires du Nigeria.

Dans la nuit de mardi à mercredi, les choses auraient pu se terminer beaucoup plus mal pour la victime. Sur des images qu’a pu visionner watson, on voit quatre individus, supposément des dealers selon Ruben Ramchurn, l’un équipé d’une trottinette, s'en prendre à une femme. On distingue clairement deux d’entre eux lui donner des coups. On entend la femme parler en français à ses agresseurs, les supplier, crier «arrête», appeler «à l’aide», leur dire «non», «pas le pantalon», «t’es qu’un salaud».

L’agression a eu lieu en partie dans deux ruelles perpendiculaires à la rue du Lac, une artère commerçante fréquentée en journée. Des témoins évoquent une possible tentative de viol. «L’un des agresseurs avait commencé à baisser son pantalon», rapporte l’un d’eux. Sur les images, on voit les agresseurs se séparer de la victime, la laissant dans l'une des ruelles, eux reculant vers la rue du Lac.

Dispositif contre le «harcèlement de rue»

Prévenue de l’agression, la police du Nord-Vaudois a envoyé une patrouille. Le temps d'arriver sur place, les agresseurs et la victime n’étaient plus là. Joint par watson, le commandant de la police du Nord-Vaudois, Marc Dumartheray, qui a vu les images, affirme qu’«elles ne permettent pas de dire avec certitude que les agresseurs sont des dealers», comme «elles ne permettent pas d'identifier la victime». Des témoins la décrivent comme blanche, ce qui n’apparaît pas clairement sur les images.

Le commandant de police invite la femme agressée à déposer plainte.

«Si elle craint d’approcher la police, elle peut s’adresser au dispositif "harcèlement de rue/violence: stop au silence" via le formulaire mis en place par la Ville d’Yverdon, qui lui viendra en aide.»
Marc Dumartheray, commandant de la police du Nord-Vaudois

«Il faudra mieux voter la prochaine fois»

Des habitants de la rue du Lac se plaignent d’un climat nocturne insupportable, qu’ils attribuent aux dealers. L'un d'eux rapporte:

«Depuis juillet, c’est l’horreur, des cris en permanence, des bagarres, je n’arrive plus à dormir»
Un habitant de la rue du Lac

L'habitant poursuit son récit:

«J’ai appelé une vingtaine de fois la police pour qu’elle vienne mettre de l’ordre, mais rien ne se passe. Une fois, une policière au bout du fil m’a dit: "On ne peut rien faire, il faudra mieux voter la prochaine fois". Elle voulait peut-être dire par-là qu’il faudrait voter plus à droite à la prochaine élection municipale. Sauf que moi, ce qui me fait agir, ce ne sont pas des idées politiques, mais mon souhait d’avoir des nuits tranquilles dans l’appartement que je loue 1600 francs par mois.»

Notre interlocuteur a déjà approché des dealers pour leur demander de partir. Ils n'ont pas apprécié, rapporte-t-il ci-après:

«Un matin, j’en ai trouvé plusieurs en bas de mon domicile, armés de couteaux et de barres de fer. Ils voulaient m’intimider. Je l’ai signalé à la police»

Toujours dans la rue du Lac, des habitants d'un même immeuble ont rédigé un projet de lettre destinée à la police et au municipal en charge de la sécurité. Extraits:

«Les petits dealers de rue sont plus nombreux depuis début juillet et leurs discussions jusque tard dans la nuit (3h-4h) sont maintenant quotidiennes et beaucoup plus sonores. Certains d’entre nous ont aussi été témoins d’actes plus violents, comme des altercations (entre eux et avec d’autres personnes) et des empoignades. Aussi, quelques-uns de leurs "clients" ont été vus récemment consommer dans la ruelle.»
Extrait de la lettre des habitants

«Notre sécurité s'en trouve diminuée»

«Si jusqu’à un passé récent, une sorte de statu quo pacifique prévalait, il semble que celui-ci soit en train de voler en éclat et notre bien-être et notre sécurité (déjà précaires par le seul fait de la présence de ces activités commerciales sous nos fenêtres) s’en trouvent diminués.»
Extrait de la lettre des habitants

Un commerçant de la rue du Lac souhaitant garder l’anonymat estime que «l’image que renvoie Yverdon est désastreuse». Ses doléances?

«On attend des autorités qu’elles soient plus présentes et éloignent les dealers du centre-ville»
Un commerçant de la rue du Lac

Ce jeudi après-midi, dans le parc situé face à la gare, des toxicomanes, parmi eux des femmes, certains étant peut-être aussi des dealers, errent ou dorment allongés dans l’herbe, comme perdus dans une autre dimension. Yverdon semble démunie face à ce phénomène. La police du Nord-Vaudois dispose d'une unité spéciale, patrouille, procède régulièrement à des interpellations, mais tout paraît être pour elle un éternel recommencement.

Prise d'otages à Yverdon
Video: watson
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