Suisse
Economie

Trump: la cheffe du Seco «tente de sauver ce qui peut l'être»

Raphaël Mahaim critique la gestion de l'affaire des patrons suisses chez Trump.
Le conseiller national Raphaël Mahaim estime que les autorités suisses ne sont pas à la hauteur face à Trump.keystone (montage)

Face à Trump, la cheffe du Seco «tente de sauver ce qui peut l'être»

Les droits de douane fixés par Donald Trump sont-ils descendus à 15% grâce à la visite des patrons suisses? C'est ce que pense la cheffe du Seco, alors même qu'une dénonciation pour corruption a été déposée par le conseiller national Raphaël Mahaim. Il réagit.
02.12.2025, 16:5302.12.2025, 17:50

Une petite horloge Rolex. Un lingot d'or. C'est avec ces cadeaux princiers d'une valeur d'environ 100 000 francs qu'un groupe de patrons suisses, dont plusieurs Romands, ont visité Donald Trump, le 4 novembre. Dix jours plus tard, Guy Parmelin revenait de Washington avec des droits de douane abaissés de 39% à 15%.

Les réactions politiques n'ont pas tardé. Les conseillers nationaux verts Raphaël Mahaim (VD) et Greta Gysin (TI) ont annoncé la semaine dernière avoir déposé une dénonciation pénale auprès du Ministère public de la Confédération pour corruption.

Le cas a donc été formellement signalé à la justice fédérale, qui a confirmé à watson que trois dénonciations pénales contre inconnu ont été déposées, sans pouvoir nous en dire plus sur la suite de la procédure pour le moment.

Des patrons «prêts à agir» loués par le Seco

L'histoire ne s'arrête pas là. Mardi dans la NZZ, la patronne du Secrétariat pour l'économie (Seco), Helene Budliger Artieda, a réagi à l'affaire. Selon elle, non seulement les patrons suisses avaient averti le Seco des cadeaux qu'ils allaient offrir au président américain, mais ils ont bien fait d'agir de la sorte.

«Je suis vraiment ravie que notre pays compte des entrepreneurs prêts à agir, à prendre des initiatives et des risques quand le pays a besoin d'eux»
Helene Budliger Artieda, directrice du Seco

Elle indique qu'il s'agissait d'une initiative privée et que les hommes n'ont pas négocié avec le président américain à proprement parler. Elle estime qu'ils ont «réussi à établir un lien concret» avec Donald Trump, «comme peu d'autres ont su le faire» et n'hésite pas à parler d'une «visite cruciale» à Washington.

«En tant que citoyenne et en tant que directrice du Seco, je leur dis: merci»
Helene Budliger Artieda, directrice du Seco

La diplomatie, «pas à n'importe quel prix»

Contacté, Raphaël Mahaim, à l'origine de la plainte, n'est pas vraiment surpris de ce soutien aux patrons suisses de la part de la Confédération, mais n'en demeure pas moins critique:

«Elle est dans son rôle en tentant de sauver ce qui peut l'être»
Raphaël Mahaim, conseiller national (Verts/VD)
Nationalrat Raphael Mahaim, GP-VD, stellt eine Frage zu Nationalrat Olivier Feller, FDP-VD, bei der Debatte "24.096 Bundesgesetz ueber die Allgemeinverbindlicherklaerung von Gesamtarbeitsvertraeg ...
Raphaël Mahaim (Verts/VD).Keystone

Il ajoute: «Mais cela va bientôt s'apparenter à de l'acharnement thérapeutique». Car pour le Vaudois, l'épisode des patrons suisses dans le Bureau ovale a déjà écorné l'image de la Suisse. «Je ne conteste pas la nécessité d'une diplomatie économique», tempère-t-il. Il précise:

«Mais pas à n'importe quel prix et avec n'importes quelle méthode»
Raphaël Mahaim, conseiller national (Verts/VD)

Des cadeaux cédés au gouvernement américain?

Il n'empêche, la dénonciation portée avec sa collègue tessinoise n'était-elle pas juste une occasion de marquer un coup politique? «Non», corrige l'avocat de formation, qui cite un rapport du Congrès américain de 2023 indiquant que, durant son premier mandat présidentiel, Donald Trump n'a tout simplement pas enregistré une bonne partie des cadeaux reçus dans le cadre de visites diplomatiques.

Selon ABC News, on comptabiliserait une centaine de cadeaux non enregistrés pour un total de 300 000 dollars, parmi lesquels un club de golf en or, offert par le Premier ministre japonais. Selon la loi américaine, le président ne peut garder pour lui-même des cadeaux à valeur de plus de 415 dollars et doit céder les présents supplémentaires à la Bibliothèque présidentielle. «A notre connaissance, il n'y a pas encore enregistré la Rolex et le lingot d'or», indique Raphaël Mahaim.

«Le fera-t-il tout court? S'il "oublie" de déclarer ces deux cadeaux, notre dénonciation prendra tout son sens»
Raphaël Mahaim, conseiller national (Verts/VD)

«Les conditions de l'infraction pourraient alors être remplies sur le plan pénal. Une instruction du procureur général de la Confédération se justifie dans tous les cas», estime l'avocat.

Par ailleurs, nous sommes désormais une semaine au-delà des dix jours au sein desquels le deal entre Guy Parmelin et le représentant américain du commerce, Jamieson Greer, aurait dû être signés. Le Vert déplore donc le résultat de ces négociations.

«Nous nous sommes couchés et avons baissé notre pantalon devant Trump»
Raphaël Mahaim, conseiller national (Verts/VD)
Trump semble visiblement perdu lors de sa visite au Japon
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
Armée suisse: «La situation est très grave. Il y a un besoin urgent d’agir»
La Suisse est en train d'accepter le fait que sa sécurité est mise à mal. La perspective d'augmenter le budget de l'armée va-t-elle finir par s'imposer? C'est en tous cas ce que souhaitent plusieurs élus, tout comme le conseiller fédéral Martin Pfister.
La séance à huis clos du Conseil fédéral sur la situation sécuritaire a débuté mercredi dernier à 8h, et s’est prolongée durant plusieurs heures. Le ministre de la Défense, Martin Pfister, avait soigneusement préparé le terrain.
L’article