Lundi 31 mai. Le télétravail n'est plus obligatoire en Suisse, à condition que les entreprises proposent des dépistages. Alors regardons dans le rétro. Qu'est-ce que la pandémie aura apporté au monde du travail? Le home office a chamboulé les organisations, mais a-t-il amené du positif? Stéphane Haefliger, membre de direction du cabinet Vicario Consulting et ancien directeur des ressources humaines (DRH), a sa petite idée. Interview.
Stéphane Haefliger, qu’est-ce que les télétravailleurs ont particulièrement apprécié durant ces mois à la maison?
Le Covid-19 a exaucé trois vœux chez les collaborateurs. Tout d'abord, le bonheur de pouvoir «bachoter» depuis la maison. Ils ont gagné un peu de cette liberté (d'ailleurs désirée depuis plus de 30 ans). Ensuite, ils ont pu ou pourront expérimenter la joie de revenir au bureau. Ils se sont rendu compte de l’importance de vivre avec un temps, un lieu et des actions définies.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile à vivre pour eux?
J'ai pu observer quatre éléments. Un manque de relations sociales que l’on ne peut pas suppléer en organisant des apéros virtuels. Un esprit d’équipe qui s’est dissout dans des tâches déshumanisées. Une relation au chef qui a pu se tendre, ce dernier ayant la tentation d’organiser des séances numériques à répétition. Ce cumul a pu donner l’impression que le manager «police» et surveille les collaborateurs. Enfin, le manque d’infrastructures informatiques mises à disposition. Figurez-vous que certaines institutions n’ont pas encore autorisé l’usage de la visio-conférence!
Qu'est-ce que le home office a changé dans l’organisation du travail?
Il a amené des réflexions sur l’invention d’autres modèles de travail, l’expérimentation d’autres outils digitaux. Il s’agit aujourd’hui de gagner en agilité, de faire monter les équipes en puissance dans une forme d’«autonomie dirigée».
En gros, la crise a exacerbé les forces et les faiblesses de tout le monde?
Oui, exactement. Le Covid-19 a été un «stress test» total. Il a interrogé les organisations dans leur structure. Il a questionné les qualités managériales de la chefferie et leur modernité. Il a éprouvé la proactivité des collaborateurs et leur compréhension des enjeux. Ça a été un véritable tsunami salvateur.