Une offensive de subventionnement se prépare dans le domaine de la garde d'enfants. La Confédération devrait débourser chaque année 710 millions de francs pour réduire jusqu'à 20% les tarifs des crèches pour les parents. Soixante millions supplémentaires devraient être consacrés au développement de l'offre.
Au cours de la première semaine de la session, le Conseil national se prononcera sur le projet élaboré par la commission de l'éducation. Celle-ci espère augmenter le taux d'activité des parents, surtout des femmes, afin de lutter contre la pénurie de personnel qualifié qui s'aggrave.
La commission de l'éducation se réfère à une étude de l'institut BAK Economics, selon laquelle le volume de travail des parents augmente de 46% par place de crèche supplémentaire. Mais une nouvelle étude scientifique du professeur d'économie zurichois Josef Zweimüller suggère que les tarifs réduits des crèches n'augmentent guère le taux d'activité des femmes. Cinq points expliquent la situation.
Josef Zweimüller a étudié l'impact de la naissance du premier enfant sur le salaire de la mère dans différents pays, comme l'a rapporté la NZZ am Sonntag. En Suisse, dix ans après la naissance, les femmes gagnent 60% de moins que si elles étaient restées sans enfant. Elles réduisent davantage leur taux d'activité que dans d'autres pays — avec des conséquences négatives sur leur salaire et leur carrière.
L'économiste s'est penché, avec une équipe de recherche, sur la question de l'effet des tarifs réduits des crèches, appelée child penalty (pénalité pour enfant). En Suisse, il a analysé les données des communes et est arrivé à la conclusion que les subventions pour les crèches ne réduisent la child penalty que d'environ 5%.
En Autriche, où les injections financières de l'État sont bien plus généreuses qu'en Suisse, le tableau est le même.
«Il y avait de grands espoirs que l'on puisse stimuler l'emploi des femmes avec des fonds publics pour les crèches», poursuit Josef Zweimüller. Mais celui-ci ne s'est malheureusement pas confirmé. Il existait déjà auparavant des indications selon lesquelles les parents n'augmentaient pas automatiquement leur taux d'occupation en raison de la baisse des coûts des crèches.
Dans un travail de master en psychologie économique à la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse, Monika Stampfli est arrivée à la conclusion que les trois quarts des 479 parents de crèches interrogés n'augmenteraient pas leur temps de travail, même s'il existait davantage de structures d'accueil moins chères. L'enquête n'était toutefois pas représentative, car ce sont surtout des parents hautement qualifiés avec des salaires supérieurs à la moyenne qui y ont participé.
Dans les pays scandinaves, la «pénalité pour enfants» infligée aux mères est nettement plus faible qu'en Suisse. Au Danemark, par exemple, elle est de 20%. La politique tente d'atteindre une plus grande égalité entre les sexes par le biais d'une série de mesures.
En Suisse, il est par exemple question des subventions prévues pour les crèches, du congé parental ou de l'imposition individuelle, afin que la progression ne réduise pas à néant le deuxième salaire.
Si le fait que les pères s'occupent des enfants et du ménage à parts égales avec les mères devient la norme, alors l'inégalité des sexes disparaîtra sur le marché du travail.
En effet: selon l'Enquête suisse sur la population active, seuls 12,8% des pères ne travaillent pas à temps plein, c'est même moins que les hommes sans enfants (13,4%). Et le Centre de recherches conjoncturelles de l'EPF de Zurich a démontré dans une étude que les hommes sont désavantagés par les recruteurs lorsqu'ils cherchent un emploi à temps partiel.
Le modèle le plus répandu est le suivant: le père travaille à temps plein, la mère à temps partiel ou pas du tout. Le modèle égalitaire — père et mère à temps partiel — est l'exception. Entre-temps, le taux d'activité des mères a nettement augmenté au cours des 30 dernières années, passant d'environ 60 à 80%. Mais l'enquête sur les forces de travail montre aussi qu'une mère sur cinq travaillant à temps partiel augmenterait son temps de travail si elle le pouvait.
Les conclusions de Josef Zweimüller suscitent les réactions attendues de la part des politiques: les opposants au subventionnement des crèches (surtout l'UDC) se voient confortés, les partisans répliquent par des études qui renforcent leur position.
L'Union patronale suisse est favorable au subventionnement des crèches, mais dans une version allégée. L'économiste en chef Simon Wey déclare qu'il ne fait aucun doute que les normes en matière de genre doivent également être modifiées. Et de conclure: